même cru devoir examiner la comédie de Diderot. Nous sommes certain que les lecteurs de la Revue rétrospective la vengeront de ce déni de justice. Puissent-ils, dans une de ces soirées où le désœuvrement peut pousser un honnête homme dans un théâtre pour voir jouer Artaxerce, rentrer chez eux et jouir du triple bonheur d’être au frais, de se sentir délivrés du guet-apens littéraire dans lequel ils pouvaient tomber, et de lire, tranquillement assis, une comédie comme on n’en fait plus depuis Beaumarchais. »
Ce jugement de M. Taschereau est resté celui du petit nombre des personnes qui ont lu la pièce de Diderot. Nous disons du petit nombre, parce qu’elle est demeurée rare, comme la Revue rétrospective elle-même et comme les exemplaires de la seconde édition de Paulin, qui ne se distingue de la première que par l’addition de cette comédie, composée en petit texte et placée après la table à la fin du quatrième volume.
Parmi ces quelques personnes, il en est qui ne se sont pas contentées d’une admiration platonique ; en tête se place M. Champfleury. Il a raconté, dans le numéro du 1er décembre 1856 de la Gazette de Champfleury, l’histoire des démarches qu’il fit à partir de 1851 pour obtenir de la Comédie-Française l’examen, et si cela était jugé possible, la représentation d’Est-il bon ? Est-il méchant ? Son récit, auquel il a donné la forme d’une lettre au ministre d’État, est destiné à faire connaître à la fois et la pièce et les obstacles qui empêchèrent le succès de ses démarches. Voici ce qui a rapport à ce dernier point.
M. Champfleury avait commencé sa campagne par trois articles publiés dans un grand journal politique, supposant, dit-il, que M. Arsène Houssaye, alors directeur du Théâtre-Français, ferait son profit de cet avertissement. Il n’en fut rien. « Plus tard, un an après, M. Arsène Houssaye, ajoute M. Champfleury, voulut bien me demander une comédie. « Il y aurait, dis-je au directeur de la Comédie-Française, un événement plus honorable pour votre direction si vous « mettiez en lumière la comédie posthume de Diderot. » M. Houssaye ne la connaissait pas et me pria de la lui confier.
« Cela se passait en 1852 ; j’allais de loin en loin savoir des nouvelles de cette comédie, persuadé de son importance, de son succès. On me répondait qu’elle passait par diverses mains, qu’on l’examinait… Deux ans après, rien n’était décidé ; les préoccupations de la direction étaient exclusivement tournées vers Mlle Hachel dont on annonçait le départ. Mlle Hachel partie, je reparus, mais on me rendit la brochure avec l’invitation de faire quelques coupures, la forme de quatre actes n’étant pas dans les habitudes du théâtre…
« J’allais me mettre à la besogne, lorsqu’un papier plié en quatre