Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VIII.djvu/184

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

duquel on doit opérer, cela est dans la règle. Je soussigné, Issachar…

Monsieur Hardouin.

Est-ce que j’ai jamais suivi de règles ?

Monsieur des Renardeaux.

Vous n’en avez pas été plus sage. La règle, mon ami ; la règle, c’est la reine du monde. Au reste, que j’obtienne seulement le remboursement de mes frais qu’elle fera régler, avec de quoi meubler décemment ce petit corps de logis qui donne sur la rivière et sur la forêt, qui doit vous inspirer les plus beaux vers ; que depuis dix ans vous devez venir occuper et que vous n’occuperez jamais ; et je tiens quitte de tout madame Servin pour moi, pour ma femme, pour mes enfants et leurs ayants cause. À propos, j’ai vu dans sa cour une chaise à porteurs, le seul effet mobilier qui reste de feu madame Desforges ma parente, qui cessa de marcher longtemps avant que de mourir ; stipulez en sus la chaise à porteurs. Ma femme commence à manquer par les jambes, et ce serait un cadeau à lui faire. N’oubliez pas la chaise à porteurs.

Monsieur Hardouin.

Je ne l’oublierai pas.

Monsieur des Renardeaux.

Vous êtes distrait.

Monsieur Hardouin.

Mon ami, je suis excédé de ce maudit pays-ci. La vie s’y évapore ; on n’y fait quoi que ce soit de bien, et je suis résolu d’aller vivre et mourir à Gisors.

Monsieur des Renardeaux.

Vous viendrez vivre à Gisors ?

Monsieur Hardouin.

À Gisors. C’est là que la gloire, le repos et le bonheur m’attendent.

Monsieur des Renardeaux.

Vous viendrez mourir à Gisors ?

Monsieur Hardouin.

À Gisors.

Monsieur des Renardeaux.

Et moi, je vous dis que les têtes comme la vôtre ne savent