(Tandis qu’ils lisent.) Mais elle ne rougit point, elle ne pâlit point, ils ne se déconcertent pas.
Rassurez-vous, maman : c’est une calomnie, c’est une insigne calomnie.
Vous ne m’en imposez point ?
Non, maman.
Et toute cette trame serait l’ouvrage d’Hardouin ?
Je crois qu’il aurait pu mettre un peu plus de délicatesse dans les moyens de m’obliger ; mais il est mon ami, mais il voyait ma peine…
Où est le scélérat ? Où est-il ? Quelque part qu’il soit, il faut que je le trouve. Il a beau fuir, je le suivrai partout ; rien ne me contiendra : en présence de toute la terre je parlerai ; j’exposerai son indignité ; toutes les portes lui seront fermées, je le déshonorerai… Et cela vous paraît plaisant à vous, monsieur de Crancey ?… Allez, ma fille, avec un peu de pudeur, vous rougiriez jusque dans le blanc des yeux.
Quel bruit ! qu’est-ce qu’il y a ? Votre fille baisse la vue, M. de Crancey ne demanderait pas mieux que d’éclater, la fureur vous transporte. Que vous est-il donc arrivé depuis un moment ?
Où est Hardouin ?
Que sais-je ? Chez moi peut-être : j’ai une femme de chambre qui n’est pas mal…
Et à qui il fait quelque chose de pis ou de mieux que de supposer un enfant.