Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, X.djvu/113

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Diane[1], à ce que je crois, par Mignot… La nymphe ne me paraît pas inférieure à la Dormeuse qui rassemblait tout le monde autour d’elle au dernier Salon. Elle est couchée nonchalamment, elle tient une coquille d’une main, elle est accoudée sur son autre bras. La tête a de la jeunesse, des grâces, de la vérité, de la noblesse, il y a partout une grande mollesse de chair, et par-ci par-là des vérités de détail qui font croire que cet artiste ne s’épargne pas les modèles. Mais comment fait-il pour en trouver de beaux ? le beau buste que celui de Le Moyne ! il vit, il pense, il regarde, il voit, il entend, il va parler. C’est encore une belle chose que ce buste de Diane ; on croirait que c’est un morceau réchappé des ruines d’Athènes ou de Rome. Quel visage ; comme cela est coiffé ! comme cette draperie de tête est jetée ! et ces cheveux, et cette plante qui court autour !…


Nous avons beaucoup d’artistes, peu de bons, pas un excellent, ils choisissent de beaux sujets, mais la force leur manque. Ils n’ont ni esprit, ni élévation, ni chaleur, ni imagination. Presque tous pèchent par le coloris. Beaucoup de dessin, point d’idée.

  1. Petite figure de 2 pieds de hauteur.