Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, X.djvu/170

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voir devenir consul. Après la perte de la liberté, plus d’orateurs ni dans Athènes ni dans Rome ; les déclamateurs parurent en même temps que les tyrans.

Après avoir payé ce léger tribut à celui qui institua le Salon, venons à la description que vous m’en demandez.

Pour décrire un Salon à mon gré et au vôtre, savez-vous, mon ami, ce qu’il faudrait avoir ? Toutes les sortes de goût, un cœur sensible à tous les charmes, une âme susceptible d’une infinité d’enthousiasmes différents, une variété de style qui répondît à la variété des pinceaux ; pouvoir être grand ou voluptueux avec Deshays, simple et vrai avec Chardin, délicat avec Vien, pathétique avec Greuze, produire toutes les illusions possibles avec Vernet ; et dites-moi où est ce Vertumne-là ? Il faudrait aller jusque sur le bord du lac Léman pour le trouver peut-être.

Encore si l’on avait devant soi le tableau dont on écrit ; mais il est loin, et tandis que la tête appuyée sur les mains ou les yeux égarés en l’air on en recherche la composition, l’esprit se fatigue, et l’on ne trace plus que des lignes insipides et froides. Mais j’en serai quitte pour faire de mon mieux et vous redire ma vieille chanson :


                   Si quid novisti rectius istis,
Candidus imperti : si non, his utere mecum.

Horat

Je vous parlerai des tableaux exposés cette année à mesure que le livret, qu’on distribue à la porte du Salon, me les offrira. Peut-être y aurait-il quelque ordre sous lequel on pourrait les ranger ; mais je ne vois pas nettement ce travail compensé par ses avantages.


PEINTURE.
CARLE VAN LOO

Il y a deux tableaux de ce maître : on voit, dans l’un, les Grâces enchaînées par l’Amour ; dans l’autre, l’Aîné des