Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, X.djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


4. le repas donné par assuérus aux grands de son royaume[1]


C’est une autre composition de 16 pieds 6 pouces de large sur 9 pieds de haut.

Ce n’est pas un repas, le peintre a mal dit : c’est un grand couvert qui attend des convives. On n’aperçoit à droite et à gauche que quelques subalternes occupés à servir. La table cache les personnages importants ; on aperçoit seulement vers le fond quelques sommets de têtes.

Si dans un tableau ce qui occupe le plus d’espace remplit le milieu, arrête l’œil et se montre uniquement en est le sujet principal, la table a ici tous ces caractères.

Du reste, même faiblesse de couleur. La forme bizarre du tableau peut avoir forcé la composition, ou bien le peintre a été fort sage de cacher des figures qu’il n’était plus en état de peindre.


5. l’évanouissement d’esther.


Tableau de 7 pieds 7 pouces de haut sur 9 pieds de large.

Il faut être bien hardi pour tenter ce sujet après le Poussin. Dans le tableau du Poussin, que j’ai sous les yeux, Assuérus à gauche est assis sur son trône ; il a l’air d’un Jupiter Olympien, tant il est simple et majestueux ; son front est couvert d’une bandelette. Il faut voir comme il est coiffé et drapé ; comme sa main est naturellement posée sur sa baguette ; comme il regarde la douleur d’Esther, comme il en est pénétré. Il est entouré de quelques-uns de ses ministres qui ont à la vérité l’air rustique ; ce caractère déplaît fort à nos artistes modernes, dont l’imagination, captivée par des idées de dignité du xviiie siècle, ne remonta jamais dans l’antiquité ; mais cela me plaît à moi. Quel groupe que celui d’Esther et de ces femmes qui la secourent ! L’une, placée derrière elle, la soutient sous les bras ; une autre l’appuie de côté ; une troisième raffermit ses genoux. Comme ces figures sont agencées ! C’est certainement une des plus belles choses que je connaisse. La belle douleur que

  1. Destiné, ainsi que le suivant, pour l’église des Feuillants de la rue Saint-Honoré.