Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, X.djvu/235

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CHALLE.


Il y a une Vierge[1] de Challe qui est noble et vraie ; mais elle a des lèvres plates, des joues plates, en un mot, ce que nous appelons un visage plat, qui est autre chose qu’un plat visage.

Il y a à côté de ces morceaux de sculpture un grand nombre de bustes ; mais je ne me résoudrai jamais à vous entretenir de ces hommes de boue qui se sont fait représenter en marbre. J’en excepte le Buste du Roi[2], celui du prince de Condé[3], celui de Mme la comtesse de Brionne[4], ceux de La Tour[5], le peintre, et du poëte Piron[6]. Celui-ci est placé vis-à-vis du mauvais tableau de Pierre sur lequel vous jugeriez, à son air moqueur et au coin de sa lèvre relevé, qu’il fait une épigramme ; il est ressemblant, mais il a une perruque énorme.

De tous les ouvrages de gravure il n’y a que ceux de Wille qui se soient fait remarquer. Cet artiste, Hessois de nation, est le premier graveur de l’Académie[7].




TAPISSERIE.


Finissons par le Portrait du Roi[8] exécuté en tapisserie à la manufacture des Gobelins, sur le tableau de Michel Van Loo. Quelques centaines de spectateurs sont sortis du Salon convaincus qu’ils avaient vu un morceau de peinture.

Mon ami, il n’est guère moins difficile de faire prendre des laines pour de la couleur que de la couleur pour des chairs, et

  1. Appartenant à M. Duphiet, chanoine de Notre-Dame.
  2. Par Le Moyne.
  3. Par Caffieri.
  4. Par Le Moyne.
  5. Par Le Moyne.
  6. Par Caffieri.
  7. Il avait exposé la Liseuse, d’après Gérard Dow, et le Jeune Joueur d’instrument, d’après Schalken.
  8. Voyez la note sur ce portrait, Salon de 1761, p. 91.