Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, X.djvu/52

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Le beau n’est pas toujours l’ouvrage d’une cause intelligente : le mouvement établit souvent, soit dans un être considéré solitairement, soit entre plusieurs êtres comparés entre eux, une multitude prodigieuse de rapports surprenants. Les cabinets d’histoire naturelle en offrent un grand nombre d’exemples. Les rapports sont alors des résultats de combinaisons fortuites, du moins par rapport à nous. La nature imite, en se jouant, dans cent occasions les productions de l’art : et l’on pourrait demander, je ne dis pas si ce philosophe qui fut jeté par une tempête sur les bords d’une île inconnue avait raison de s’écrier, à la vue de quelques figures de géométrie : Courage, mes amis, voici des pas d’hommes ; mais combien il faudrait remarquer de rapports dans un être pour avoir une certitude complète qu’il est l’ouvrage d’un artiste ; en quelle occasion un seul défaut de symétrie prouverait plus que toute somme donnée de rapports ; comment sont entre eux le temps de l’action de la cause fortuite, et les rapports observés dans les effets produits ; et si, à l’exception des œuvres du Tout-Puissant, il y a des cas où le nombre des rapports ne puisse jamais être compensé par celui des jets[1].

  1. Voyez dans l’Encyclopédie méthodique, Dictionnaire de la Philosophie ancienne et moderne, l’article Ordre de l’univers. (N.) — Cet article est de Naigeon lui-même. Il le termine en disant qu’il n’aurait point entrepris ce travail pénible, s’il avait relu auparavant ce que Diderot a dit sur ce sujet important.