Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XIV.djvu/132

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122 CHINOIS. sans une description très-étendue et très-rigoureuse d'un objet, tout ce qu'on en dit d'ailleurs, se trouvant attaché à la signifi- cation d'un mot, si cette signification s'obscurcit, le reste se perd en même temps. En effet, à quoi sert ce que Celse, Acé- tius et les autres racontent du cliersydre^ et prescrivent sur sa morsure, si tout ce qu'on sait de cet animal, c'est que c'est un serpent amphibie, semblable à un petit aspic terrestre, à l'excep- tion qu'il a le cou moins gros? CHINOIS (Philosophie des) s. m. pi. Ces peuples, qui sont, d'un consentement unanime, supérieurs à toutes les nations de l'Asie, par leur ancienneté, leur esprit, leurs progrès dans les arts, leur sagesse, leur politique, leur goût pour la philosophie, le disputent même dans tous ces points , au jugement de quelques auteurs, aux contrées de l'Europe les plus éclairées. Si l'on en croit ces auteurs, les Chinois ont eu des sages dès les premiers âges du monde. Ils avaient des cités érudites; des philosophes leur avaient prescrit des plans sublimes de philosophie morale, dans un temps où la terre n'était pas encore bien essuyée des eaux du déluge : témoin Isaac Vossius, Spi- zelius, et cette multitude innombrable de missionnaires de la compagnie de Jésus, que le désir d'étendre les lumières de notre sainte religion a fait passer dans ces grandes et riches contrées. Il est vrai que Budée, Thomasius, Gundling, Heumann et d'autres écrivains dont les lumières sont de quelque poids, ne nous peignent pas les Chiiiois en beau ; que les autres mission- naires ne sont pas d'accord sur la grande sagesse de ces peuples avec les missionnaires de la compagnie de Jésus, et que ces derniers ne les ont pas même regardés tous d'un œil également favorable. Au milieu de tant de témoignages opposés, il semblerait que le seul moyen qu'on eût de découvrir la vérité, ce serait de juger du mérite des Chinois par celui de leurs productions les plus vantées. Nous en avons plusieurs collections; mais malheu- reusement on est peu d'accord sur l'authenticité des livres qui composent ces collections : on dispute sur l'exactitude des tra- ductions qu'on en a faites, et l'on ne rencontre que des ténèbres encore fort épaisses , du côté même où l'on était en droit d'attendre quelques traits de lumière. La collection publiée à Paris en 1687 par les PP. Intorcetta,