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connaître la turpitude de son père et qui la révèle, me choque plus fortement encore que sa vile morale.

J’ai une foule de choses intéressantes à vous envoyer, la suite des papiers sur les Calas, l’Éloge de Crébillon, etc., etc. ; combien je vous prépare de plaisirs et de peines ! N’oubliez pas de me demander, après que vous aurez lu l’histoire du père, quelle était cette réflexion qui me causait une douleur mortelle ; mais peut-être la ferez-vous comme moi.

Nous allâmes hier, Damilaville et moi, à la Briche. J’y étais appelé par Mme d’Épinay.

À une autre fois le sujet de ce petit voyage et la description de la maison qui est charmante ; c’est là qu’il faut aller s’établir, et non dans le sublime et ennuyeux palais de la Chevrette.

Nous ramenâmes Grimm. Son amie vient le prendre mardi à Paris, et le mercredi ils partent ensemble pour Étampes, où ils passeront une quinzaine chez Mlle de Valory.

Adieu, mon amie, je baise votre front, vos yeux, et votre menotte sèche qui me plaît autant qu’une potelée. C’est bien de cela qu’il s’agit à quarante-cinq ans !

Il y a près d’un mois que je n’ai paru chez le Baron. Il faut porter cette lettre sur le quai Saint-Bernard, aller de là à la butte Saint-Roch et peut-être revenir de la butte Saint-Roch sur le quai, car il n’est pas sûr que le Baron soit à Paris. Adieu, celle que j’aimerai tant qu’elle sera, tant que je serai.

Le jour de Notre-Dame, la fête de ma petite.


LXXIII


Paris, le 10 août 1762.


Combien j’aurais de choses intéressantes à vous dire, si j’en avais le temps ! mais la matinée s’est passée tout entière à lire un ouvrage sur l’institution publique : c’eût été la chose la plus utile et la plus praticable pour un royaume tel que le Portugal, qui se renouvelle ; pour nous, c’est autre chose. Les mauvais usages,