Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XIX.djvu/353

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sont un peu sous la remise, où ils se trouvent mal et avec raison, la plus grande influence dans les affaires du gouvernement. À leur air grave, à leur ton sentencieux et sévère, en vérité il me semblait que j’étais entre les Fabius et les Régulus ; rien ne rappelle les vieux Romains comme ces deux respectables personnages-là : ce sont les deux Bentink, l’un Charles Bentink, et l’autre Bentink, comte de Rhoone.

J’ai fait deux ou trois petits ouvrages assez gais[1]. Je ne sors guère ; et quand je sors, je vais toujours sur le bord de la mer, que je n’ai encore vue ni calme ni agitée ; la vaste uniformité accompagnée d’un certain murmure incline à rêver ; c’est là que je rêve bien.

J’ai cherché des livres très-inutilement ; les étrangers ont enlevé tous ceux dont j’espérais me pourvoir.

Je commence à sentir la mauvaise pièce de mon sac ; c’est, comme vous savez, mon estomac ; pendant le premier mois je me suis cru guéri.

Je vous salue et vous embrasse de tout mon cœur. Je présente mes compliments et mon respect à M. et Mme Bouchard, à M. et Mme Digeon, à M. Duval, à qui je dois de la reconnaissance pour l’intérêt qu’il prend à vos affaires et celui qu’il a bien voulu prendre aux miennes. Ne me laissez pas oublier par M. Gaschon, lorsqu’il vous apparaîtra. Je vous souhaite une prompte et heureuse fin d’affaires domestiques. Je vous suis attaché pour tant que je vivrai ; et en quelque lieu que le ciel me promène, je vous y porterai dans mon cœur.


CXXXV


La Haye, ce 13 août 1773.
Mesdames et bonnes amies,

Est-ce que vous avez résolu de me désespérer ? Il y a un

  1. Jacques le Fataliste, le Neveu de Rameau et la Réfutation d’Helvétius ont été écrits ou revus à cette époque.