Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XIX.djvu/444

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M. de Buffon m’avait déjà parlé de votre Histoire des terres australes[1]. Je voudrais bien que vous eussiez été à portée d’entendre ce qu’il m’en disait. Le suffrage et les éloges d’un homme tel que lui font la récompense la plus réelle des travaux d’un homme de lettres. Lorsque vos occupations vous permettront de mettre la dernière main à votre morceau sur l’étymologie, je serais très-flatté d’en être l’éditeur, si vous m’estimez toujours assez pour me conserver ce titre ; mais en attendant que vous puissiez le publier séparément, c’est un service dont je sens tout le prix que la liberté que vous nous accordez de le faire connaître. Je vous réponds au nom de tous ceux qui veulent bien coopérer à la perfection de notre Dictionnaire. Il n’y en a aucun qui ne doive craindre de voir votre travail à côté du sien, mais il n’y en a aucun qui ne doive s’en tenir honoré. Je suis avec un profond respect, monsieur, etc.


X

À PIGALLE.
Paris, 1756.

Comme je suis très-sensible aux belles choses, depuis, monsieur, que j’ai vu votre Mort, votre Hercule, votre France, et vos Animaux, j’en suis obsédé[2]. J’ai beaucoup pensé aux critiques qu’on vous a faites, et je me crois obligé en conscience de vous avertir que celles qui tombent sur votre Amour ne marquent pas une véritable idée du sublime dans les personnes à qui elles se sont présentées ; que ces critiques passeront, et que ce casque dont vous aurez couvert la tête de votre enfant restera et détruira en partie ce contraste du doux et du terrible que quelques artistes anciens ont si bien connu, et qui produit toujours le frémissement dans ceux qui sont faits pour admirer

  1. Histoire des navigations aux terres australes. Paris, Durand, 1756, 2 vol. in-4.
  2. Il s’agit du mausolée du maréchal de Saxe, à Strasbourg.