Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XIX.djvu/452

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ignorer que chacun a sa langue qu’il faut interpréter par le caractère.

Si le hasard vous jetait dans quelque embarras, notre conduite vous permet-elle de penser qu’on vous y laisserait ? Vous demandez donc à D.... ce qu’on ne refuse à personne, et vous marquez toujours à vos amis de la défiance ; eh mordieu ! allez droit votre chemin, et soyez sûr de ceux que vous n’avez point encore vu broncher.

J’avais envie de vous suivre jusqu’au bout, mais je n’en ai pas le temps, et grâce à votre lettre qui ne finit point, voici un bavardage éternel. Cependant combien d’injures, de soupçons, de mots aussi ridiculement que malignement jetés, j’aurais à reprendre encore ! mais je vous ferai bien rougir de toutes ces sottises, si vous revenez jamais de votre délire..... Vous voudriez ne me rien devoir..... j’ai occasionné en partie votre mauvaise situation..... je veux vous perdre.... qu’est-ce que cela signifie ? et pour Dieu, laissez là toutes ces f...... phrases, et surtout, considérez qu’à la fin on se rassasie d’invectives. En vérité, je ne conçois pas comment vous osez vous plaindre du ton de D.... et en prendre avec moi un aussi déplacé.

Je ferai ce que vous me demandez dans votre lettre. Adieu, portez-vous bien, et tenez-vous-en sur le compte de vos amis au témoignage de votre conscience. Ce n’est pas elle, c’est votre mauvais jugement qui ne cesse de les accuser. Adieu, encore une fois adieu.

Du jour de la Saint-Pierre.


XII

À J. J. ROUSSEAU


Vous voyez bien, mon cher, qu’il n’est pas possible de vous aller trouver par le temps qu’il fait, quelque envie, quelque besoin même que j’en aie. Auparavant tout le monde était malade chez moi ; moi d’abord qui ai été tourmenté de colique et de dévoiement pour avoir pris de mauvais lait ; ensuite l’enfant,