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de son expression. Si c’est moi qui l’ai fait triste, ce sera, si vous le voulez, ma troisième sottise.


« Mon Pausanias dit qu’il est accablé de tristesse, ainsi point de sottise. Mais une petite inattention seulement. »


Les noms de chaque personnage écrits. C’était, ce me semble, un usage du temps. Cochin voulait désigner ses figures par des lettres au frontispice de notre ouvrage[1]. Pour savoir si c’est une sottise, j’en appelle à lui, j’en appelle à Falconet qui, au Salon et ailleurs, par ignorance des sujets et des personnages, s’est trompé plus d’une fois. D’ailleurs, l’immense composition de Polygnote occupait tout un porche. C’était pour le peuple qu’il l’avait faite. Huitième inadvertance de Falconet.


« Quoi ! Diderot confond de petites lettres imperceptibles mises à des figures allégoriques avec des inscriptions placées auprès de chaque figure d’un tableau d’histoire. Ce tableau était fait pour le peuple : il était fait pour tous les Grecs. Ceux qui étaient instruits du sujet en instruisaient les autres. A-t-on jamais fait un grand tableau héroïque pour le peuple exclusivement ? Si c’était un usage du temps, il me semble que c’était un sot usage. »


Ce qui en était un assurément, c’est le mélange que nous faisions de Vénus et de M. Saint-Jean. Ce sont les Travaux d’Hercule et les quatre évangélistes sculptés en bas-relief sur une porte de la cathédrale de Cambrai. Sottise assez indifférente au temps que Sannazar faisait prédire l’incarnation par Protée, que Pétrarque comparait sa belle Laure à Jésus-Christ, que le Camoëns faisait rencontrer Bacchus avec la sainte Vierge.


« Pourquoi quelques sculpteurs ou quelques marguilliers ineptes n’auraient-ils pas fait trouver ensemble Hercule et les quatre évangélistes ? Dans Paris même, où le bon goût est établi, une église fut longtemps décorée de l’histoire d’Hercule en tapisserie. Ce n’est que depuis quinze ou vingt ans que cette tenture scandaleuse n’est plus dans la nef de Saint-Eustache. Les noms de chaque personnage étaient écrits sur sa robe ou à côté comme au tableau de Polygnote.

« J’ai vu pis à Valenciennes, et j’y ai été sensible. J’ai vu la statue d’un monarque dont la modération et la clémence font le caractère dis-

  1. L’Encyclopédie.