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douzième représentation, et la salle ne désemplit pas. Je vous apprends cela, afin que vous vous en réjouissez. J’ai reçu la lettre de change de Mlle Collot. Nous avions encore de l’argent à elle. Nous attendrons ses commissions et nous tâcherons de nous en acquitter à son gré. Nous vous embrassons tous les deux, et nous vous souhaitons de la santé, la seule chose qui ne soit au pouvoir de personne de vous offrir. Aimez-nous toujours bien. Le prince de Galitzin m’a promis un buste en bronze de l’impératrice. S’il n’a pas été indiscret dans sa promesse, faites l’en ressouvenir, sinon laissez-la lui oublier. Bonjour, bonjour. Travaillez bien, et continuez de faire de belles choses.

Le 7 septembre 1769. À la veille d’une séparation qui nous coûta beaucoup à tous les trois ; ah ! mademoiselle Collot, combien vous pleurâtes sur le rempart ! et que j’eus de peine à arrêter vos larmes ! Mais vous êtes aimée, estimée, honorée ; les raisons que je vous disais alors, et auxquelles vous aviez tant de peine à vous prêter, étaient donc bonnes.


XXVI


J’aurais occasion, mon ami, de vous écrire un mot et je la manquerais ? Cela ne se peut. J’apprends par le prince de Galitzin que vous avez fait une chose sublime, et je le crois parce que vous en êtes capable, parce que j’aime à le croire. Je vous en fais mon compliment et je vous embrasse, non pas avec le même transport que je le ferais au pied du monument, parce que là le sentiment de l’admiration se joindrait à celui de l’amitié pour m’enivrer ; mais je vous embrasse avec joie et de tout mon cœur.

Sa Majesté Impériale a donc assommé ces maudits décurtés[1] ! Regardez bien au fond de votre cœur, et vous y reconnaîtrez la joie que j’en éprouve. Si l’histoire parle d’elle avec dignité,

  1. Circoncis.