Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XVIII.djvu/543

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C’est encore un homme bien précieux que le docteur Sanchez.

À propos, Mme Le Gendre se mettrait de temps en temps les doigts dans les oreilles ; car ils sont tous les deux un peu orduriers. Au demeurant, grands penseurs et jamais d’ordures vides de sens ; il y a toujours quelques petites perles dans ce fumier-là.

Nous ne causerons plus guère, l’Écossais et moi ; le moyen de sortir par le temps qu’il fait ?

Nos gens, hommes et femmes, allèrent dimanche au Piple[1], danser chez Mme de La Bourdonnaye, et ils en revinrent à dix heures du soir, crottés jusqu’aux fesses, et trempés jusqu’aux os. C’était un plaisir de voir Mlle Anselme dans cet équipage.

L’affaire du grimoire parti sans un mot de moi est précisément comme vous l’avez pensé. M. Gillet n’a rien à vous.

À propos de Chinois et de magot, quand un étranger débarque à Canton, on lui donne un maître de cérémonies, comme on donnerait ici un maître à danser, et ceux qui ont les dispositions les plus heureuses sont au moins trois mois à apprendre toutes les révérences d’usage.

Le père Hoop défendit hier avec beaucoup de vigueur les formalités chinoises. M. de Saint-Lambert fut de son avis. Le Baron n’y prit point de part, parce qu’il ne parle plus. Ils prétendirent l’un et l’autre que, puisqu’il est impossible de rendre les hommes bons, il fallait au moins les forcer à le paraître.

Je pensai, moi, que c’était anéantir la franchise et rendre une nation hypocrite.

Cette question vaut bien la peine d’être creusée, et n’est pas aussi facile qu’elle le paraît d’abord.

Le Baron m’appela hier à côté de lui : « Tenez, me dit-il, asseyez-vous là, et lisez ; voilà encore un exemple frappant de la sublime morale de la nature humaine. » Je m’assis, je pris le livre, et je lus : « Sha-Sesi Ier de Perse aimait beaucoup à s’entretenir avec une de ses parentes. C’était une femme d’esprit et d’une gaieté charmante. Sha-Abbas l’avait accordée pour épouse à un de ses officiers, en récompense des grands services qu’il en avait reçus. Un jour cette femme dit, en plaisantant, à Sesi : « Seigneur,

  1. Château situé près de Brie-Comte-Robert.