Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XX.djvu/42

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la longueur de la page ne me semblent pas mieux fondées. Je n’entends rien aux engagements qu’on vous suppose avec le public. Que m’importaient à moi ces engagements ? J’ai demandé le caractère qui me convenait. J’ai fixé ma page à ma volonté. J’ai voulu que mon édition fût à ma fantaisie. Il n’est point d’auteur qui n’ait cette sorte d’autorité, et qui ne consulte sur le caractère et la page son goût particulier, la nature de son ouvrage, et l’espèce de lecteurs qu’il se promet. M. Luneau, qui a fait imprimer, et qui s’est promis des lecteurs, ne l’ignore pas.

Que vous vous fussiez décidés obscurément ou nettement pour le petit romain, je veux le cicéro. Si M. Luneau n’exerce pas ce despotisme-là, c’est son affaire ; mais je vois qu’il vous suppose une importance avec moi qu’assurément son libraire ne prend pas avec lui.

Prétendre que le prospectus n’est pas en cicéro, c’est une chose à dire aux Quinze-Vingts. La partie du prospectus que j’ai voulu qu’on prît pour modèle de l’ouvrage est en cicéro : et M. Luneau était le seul homme qui pût s’y méprendre de bonne foi.

Que vous ayez pris ou non pris aux compas la longueur de la ligne, et que votre page dût être de soixante-quatorze ou de soixante-dix-sept lignes, le fait est qu’à la révision de la première épreuve, j’ai dit : Ma page est bien ; je ne la veux ni plus longue ni plus courte, et qu’en renvoyant la feuille, j’ai écrit au bas : Corrigez et tirez ; comme c’est l’usage.

Voici bien une autre vision. Quoi ! messieurs, parce qu’à l’origine de l’entreprise je ne prévoyais ni ne pouvais prévoir que l’ouvrage dût aller au delà de dix volumes, il ne vous était pas libre d’en exécuter davantage ? mais tous les jours un ouvrage fournit plus ou moins de volumes que l’auteur n’en avait annoncés au public, sans qu’on se soit encore avisé de s’en prendre au libraire. C’est bien assez du risque de garder l’ouvrage en piles, si le public est mécontent. Nous faisons imprimer, M. Luneau ou moi ; c’est moi, si vous voulez, qui fournis la copie. Le libraire trouve que mon bavardage chasse beaucoup et s’en plaint. Qu’en arrive-t-il ? Je l’écoute ou je ne l’écoute pas, selon qu’il m’en prend envie. Il insiste ; je lui propose de laisser l’ouvrage. Il revient à la charge et m’importune ; je le