Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XX.djvu/76

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j’aimerais mieux l’avoir commis dix fois que d’être noyé une seule.

Eh bien ! monsieur le général, nous encyclopédiserons donc, et je puis prendre mes mesures en conséquence de vos ordres. Cela sera fait. Je vous croyais bien convaincu de la gloire qui en résulterait pour Sa Majesté Impériale, mais pas assez de l’avantage qui en reviendrait à vos établissements, et j’étais incertain sur le dernier parti que vous prendriez.

Je ne vous dissimulerai pas qu’il m’est doux de penser que ceux qui ont tout mis en œuvre pour m’empêcher de faire une grande et belle chose en auront pourtant le démenti ; que ces barbares qui s’appellent policés par excellence grinceront les dents lorsque je pourrai vous livrer le plus beau manuscrit qui ait jamais existé et qui existera jamais ; que la Russie leur enlèvera l’honneur de l’avoir produit et qu’il ne leur restera que la honte de leurs anciennes persécutions.

Ô madame (c’est à Sa Majesté Impériale que je m’adresse), ô monsieur le général, la belle et digne vengeance que vous me faites entrevoir !

Je travaillerai pour vos propres enfants, dont je n’ai pas eu l’esprit d’accroître le nombre d’un seul, comme s’ils m’appartenaient tous ; et vous pouvez compter que je ne gaspillerai pas une obole de leur patrimoine.

Je recevrai avec satisfaction le diplôme de leur maison, et je m’en tiendrai toujours honoré.

Les assurances de votre estime me sont infiniment chères.

Je présente mon respect à toute l’aimable et honnête société qui a la bonté de se ressouvenir de moi.

Que Dieu garde Mlle  Anastasia de l’ennui et du Napolitain.

Je présente mes très-humbles civilités a toutes ces demoiselles et à leurs dignes maîtresses.

En quelque coin du monde que je sois, j’y révère M. le vice-chancelier et M. le comte de Munich.

Si M. le général avait quelque pitié d’une bonne sexagénaire, il me ferait toucher les fonds qu’il m’annonce au commencement de septembre et soulagerait la bonne femme des embarras d’un déménagement à faire dans la mauvaise saison ; cependant il est le maître de négliger cette petite considération qui n’est que d’un bon mari.