Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XX.djvu/88

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qu’on peut m’objecter et d’envoyer ensuite ma copie à Falconet, à la condition que mes lettres du moins resteront telles que je les aurai faites ; et je suis bien résolu à tenir parole. Mais quand me mettrai-je à ce travail et quand en sortirai-je ? Je ne saurais faire aucune réponse précise là-dessus. Certainement je ne laisserai pas sur le métier une besogne importante dont je suis maintenant occupé, pour entreprendre celle-là.

On n’écrit pas comme on fait des ourlets et des idées ne se reprennent pas quand elles sont coupées, comme on renoue des bouts de fil. Je serais bien aise que nous paraissions tous deux avec quelque décence. Voilà mon avis, que je vous supplie de faire passer à Falconet, en lui envoyant cette lettre, dans laquelle, avec un peu de justice, il ne trouvera rien, je crois, qui puisse lui déplaire. Il aurait à se plaindre de moi, si je publiais cette correspondance sans sa participation, j’aurais à me plaindre de lui si elle devenait publique sans la mienne. Il fait imprimer ses œuvres en Suisse, à la bonne heure ; mais cet œuvre-ci n’est ni le sien ni le mien. Si nous n’existions plus ni l’un ni l’autre, celui qui en deviendrait possesseur en userait comme il lui plairait. D’ailleurs, cet ouvrage, après que nous y aurons mis la main tous les deux, peut également paraître à Paris et à Lausanne ; il n’y a rien qui puisse effaroucher un censeur.

Je suis avec respect, mon prince, etc.


LXXII

À MADAME NECKER[1].
À Paris, ce 1er mars 1781.
Madame,

Je ne sais si c’est à vous ou à M. Thomas que je dois la nouvelle édition de l’Hospice ; mais, pour ne manquer ni à l’un ni à l’autre, permettez que je vous remercie tous les deux.

  1. Inédite. Communiquée par M. le duc Albert de Broglie.