deleine ; l’autre S. Jean écrivant son Evangile. Elles sont telles que quand on les regarde directement, on ne voit qu’une espece de paysage, & que quand on les regarde d’un certain point de vûe, elles représentent des figures humaines très-distinctes. Ces deux figures sont l’ouvrage du Pere Niceron Minime, qui a fait sur ce même sujet un traité Latin, intitulé, Thaumaturgus opticus, Optique miraculeuse, dans lequel il traite de plusieurs phénomenes curieux d’optique, & donne fort au long les méthodes de tracer ces sortes d’anamorphoses sur des surfaces quelconques. Le Pere Emmanuel Maignan Minime, a aussi traité cette même matiere dans un ouvrage Latin, intitulé, Perspectiva horaria, imprimé à Rome en 1648. Voyez la proposition 77 de la Catoptrique horaire de ce dernier ouvrage, pag. 438.
Comme les miroirs cylindriques, coniques & pyramidaux ont la propriété de rendre difformes les objets qu’on leur expose, & que par conséquent ils peuvent faire paroître naturels des objets difformes, on donne aussi dans l’Optique des moyens de tracer sur le papier des objets difformes, qui étant vûs par ces sortes de miroirs, paroissent de leur figure naturelle.
Par exemple, si on veut tracer une image difforme, qui paroisse de sa figure naturelle, étant vûe dans un miroir cylindrique, on commencera (fig. 14. persp.) par décrire un cercle HBC égal à la base du cylindre ; ensuite supposant que O soit le point où tombe la perpendiculaire menée de l’œil, on tirera les tangentes OC & OB. On joindra les points d’attouchement C & B par la droite CB, on divisera cette ligne CB en tant de parties égales qu’on voudra ; & par les points de division on tirera des lignes au point O : on supposera que les rayons OH, OI se réfléchissent en F & en G ; ensuite (fig. 15. persp.) sur une droite indéfinie MQ, on élevera la perpendiculaire MP égale à la hauteur de l’œil ; on fera MQ égale à OH de la fig. 14, & au point Q on élevera la perpendiculaire QR égale à CB & divisée en autant de parties que CB ; par les points de division on tirera des lignes au point P, qui étant prolongées jusqu’à la ligne MN, donneront les points I, II, III, &c. & les distances Q I, III, IIIII, &c. qu’il faudra transporter dans la figure 14 de en I, de I en II, de II en III, &c. de cette maniere les points F, G, de la fig. 14. répondront au point N ou IV de la fig. 15. Par ces points F, G, & par le point K tel que K H=I G, on tracera un arc de cercle jusqu’en S, & en T, c’est-à-dire jusqu’à la rencontre des tangentes OS, OT, & on fera de même pour les points III, II &c. ensuite on dessinera une figure quelconque dans un quarré dont les côtés soient égaux à CB ou QR & soient divisés en autant de parties qu’on a divisé ces lignes, ensorte que le quarré dont il s’agit soit partagé lui-même en autant de petits quarrés. On dessinera après cela dans la figure SFGT une image difforme, dont les parties soient situées dans les parties de cette figure, correspondantes aux parties du quarré. Cette image étant approchée d’un miroir cylindrique dont HBC soit la base, & l’œil étant élevé au-dessus du point O à une hauteur égale à MP, on verra dans le miroir cylindrique la figure naturelle que avoit été tracée dans le petit quarré.
On a aussi des méthodes assez semblables à la précédente pour tracer des images difformes, qui soient rétablies dans leur figure naturelle, par des miroirs coniques ou pyramidaux. On peut voir une idée de ces méthodes dans la Catoptrique de M. Wolf. Nous nous bornerons ici à ce qui regarde les miroirs cylindriques, comme étant les plus communs. On trouve dans les actes de Leipsic de 1712, la description d’une machine anamorphotique de M. Jacques Léo-
& assez exactement des images difformes qui soient rétablies dans leur état naturel par des miroirs cylindriques ou coniques.
On fait aussi dans la Dioptrique des anamorphoses. Elles consistent en des figures difformes, qui sont tracées sur un papier & qui paroissent dans leur état naturel lorsqu’on les regarde à travers un verre polyhedre, c’est-à-dire à plusieurs faces. Et voici de quelle maniere elles se font.
Sur une table horisontale ABCD, on éleve à angles droits (fig. 22. persp.) une planche AFED ; on pratique dans chacune de ces deux planches ou tables deux coulisses, telles que l’appui BHC puisse se mouvoir entre les coulisses de la table horisontale, & qu’on puisse faire couler un papier entre les coulisses de la planche verticale ; on adapte à l’appui BHC un tuyau IK garni en I d’un verre polyhedre, plan convexe, composé de 24 plans triangulaires disposés à peu près suivant la courbure d’une parabole. Le tuyau est percé en K, d’un petit trou qui doit être un peu au-delà du foyer du verre ; on éloigne l’appui BHC de la planche verticale, & on l’en éloigne d’autant plus que l’image difforme doit être plus grande.
On met au-devant du trou K une lampe ; on marque avec du crayon les aréoles ou points lumineux que sa lumiere forme sur la planche ADEF ; & pour ne se point tromper en les marquant, il faut avoir soin de regarder par le trou si en effet ces aréoles ne forment qu’une seule image.
On tracera ensuite dans chacune de ces aréoles des parties d’un objet, qui étant vûes par le trou K ne paroîtront former qu’un seul tout ; & on aura soin de regarder par le trou K en faisant cette opération, pour voir si toutes ces parties forment en effet une seule image. A l’égard des espaces intermédiaires, on les remplira de tout ce qu’on voudra ; & pour rendre le phénomene plus curieux, on aura soin même d’y tracer des choses toutes différentes de celle qu’on doit voir par le trou ; alors regardant par le trou K, on ne verra qu’une image distincte, fort différente de celle qui paroissoit sur le papier à la vûe simple.
On voit à Paris dans la Bibliotheque des Minimes de la Place-royale, deux anamorphoses de cette espece ; elles sont l’ouvrage du P. Niceron, dont nous avons déja parlé ; & on trouve aussi dans le tom. 4. des Mémoires de l’Académie Impériale de Petersbourg, la description d’une anamorphose semblable, faite par M. Leutman, membre de cette Académie, en l’honneur de Pierre II, Empereur de Russie ; cet auteur expose la méthode qu’il a suivie pour cela, & fait des remarques utiles sur cette matiere. Voyez sur cet article la Catoptrique & la Dioptrique de M. Wolf, déja citées. (O)
* ANAN ou ANNAND (Géog. mod.) fleuve d’Écosse, dans sa partie méridionale, province d’Anandal ; il prend sa source près du Cluid & se décharge dans un golfe de la mer d’Irande, appellé Solvaifrith. Baudrand.
ANANAS, (Hist. nat.) genre de plante observé par le P. Plumier : sa fleur est monopétale, faite en forme d’entonnoir, divisée en trois parties, & posée sur les tubercules d’un embryon ; qui devient dans la suite un fruit charnu, plein de suc, & fait comme une pomme de pin. Voyez Planche XXVIII. fig. 5. il renferme de petites semences faites en forme de rein, & couvertes d’une coëffe. Tournefort, Inst. rei herb. app. Voyez Plante. (I)
* On en distingue six especes, selon Miller, où l’on peut voir leurs descriptions. La premiere qu’il appelle ananas aculeatus, fructu ovato, carne albidâ, est, selon lui, la plus commune en Europe : mais il