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périence & sur la réflexion, & qui en peu de mots comprennent beaucoup de sens.

* APHOSIATIN, (Géog. mod.) port de Romelie, dans la Turquie en Europe, sur la côte de la mer Noire, proche Constantinople, vers le nord.

* APHRACTES, s. m. pl. navires des Anciens à un seul rang de rames ; on les appelloit aphractes, parce qu’ils n’étoient point couverts & n’avoient point de pont ; on les distinguoit ainsi des cataphractes qui en avoient. Les aphractes avoient seulement vers la proue & vers la poupe de petits planchers, sur lesquels on se tenoit pour combattre : mais cette construction n’étoit pas générale. Il y avoit, à ce qu’il paroît, des aphractes qui étoient couverts & avoient un pont, avec une de ces avances à leur proue, qu’on appelloit rostra. Tite-Live dit d’Octave, qu’étant parti de Sicile avec deux cens vaisseaux de charge & trente vaisseaux longs, sa navigation ne fut pas constamment heureuse ; que quand il fut arrivé presqu’à la vûe de l’Afrique, poussé toûjours par un bon vent, d’abord il fut surpris d’une bonasse, & que le vent ayant ensuite changé, sa navigation fut troublée, & ses navires dispersés d’un & d’autre côté ; & qu’avec ses navires armés d’éperons, il eut bien de la peine à force de rame, à se défendre contre les flots & la tempête. Il appelle ici vaisseaux armés d’éperons, les mêmes vaisseaux qu’il avoit auparavant appellés vaisseaux longs. Il dit ailleurs qu’il y avoit des vaisseaux ouverts, c’est-à-dire sans ponts, & qui avoient des éperons ; d’où il s’ensuit que la différence des aphractes & des cataphractes consistoit seulement en ce que ces derniers avoient un pont, & que les premiers n’en avoient point ; car pour le rostrum & le couvert, il paroît que les aphractes les avoient quelquefois ainsi que les cataphractes.

* APHRODISÉE, aujourd’hui APIDISIA, (Géog. anc. & mod.) ville de Carie, maintenant sous l’empire du Turc, & presque ruinée.

* Aphrodisée, ou Cap de Creuz, (Géog. anc. & mod.) cap de la mer Méditerranée, près de Rose en Catalogne ; quelques-uns le confondent avec le port de Vendres, ou le portus Veneris des Anciens. Voyez Cadaguer.

* APHRODISIENNES, fêtes instituées en l’honneur de Venus Aphrodite. Voyez Aphrodite. Elles se célébroient dans l’île de Chypre & ailleurs. Pour y être invité, on donnoit une piece d’argent à Venus, comme à une fille de mauvaise vie, & on en recevoit du sel & un phalle.

* APHRODITE, s. f. (Myth.) surnom de Venus, composé de ἀφρὸς, écume ; parce que, selon les Poëtes, Venus naquit de l’écume de la mer.

APHROGEDA, est du lait battu tout-à-fait en écume ; c’étoit une médecine de l’ordonnance de Galien. Je crois que c’est plûtôt aphrogala, mot Grec, composé de ἀφρὸς, écume, & γάλα, lait, écume de lait, préparation inconnue ; peut-être est-ce la crême, peut-être est-ce l’oxygala des Romains, qu’ils regardoient comme un remede excellent contre les chaleurs excessives d’estomac, & un très-bon aliment. Ils y mêloient de la neige à ce que dit Galien : je crois que nous pourrions donner ce nom à nos crêmes ou fromages glacés, que les Anciens ne savoient peut-être pas faire aussi parfaitement que nous les faisons à présent : ils cherchoient avec le secours de la neige à donner un degré de fraîcheur plus sensuel à leurs laitages ou à leurs boissons. (N)

APHTHES, s. m. pl. (Medecine.) petits ulceres ronds & superficiels, qui occupent l’intérieur de la bouche : le siége principal de cet accident est l’extrémité des vaisseaux excrétoires des glandes salivaires, & de toutes les glandes qui fournissent une humeur semblable à la salive ; ce qui fait que non-seu-

lement les levres, les gencives, le palais, la langue,

le gosier, la luette, mais même l’estomac, les intestins grêles, & quelquefois les gros, se trouvent attaqués de cette maladie.

La cause de ces accidens est un suc visqueux & acre qui s’attache aux parois de toutes les parties ci-dessus, & y occasionne par son séjour ces especes d’ulceres.

Ce suc visqueux & acre tire ordinairement son origine des nourritures salines, & de tout ce qui peut produire dans les humeurs une acrimonie alkaline ; ce qui fait que les gens qui habitent les pays chauds & les endroits marécageux, sont très-sujets aux aphthes.

On juge de la malignité des aphthes par leur couleur & leur profondeur : ceux qui sont superficiels, transparens, blancs, minces, séparés les uns des autres, mous, & qui se détachent facilement sans être remplacés par de nouveaux, sont de l’espece la moins dangereuse ; ceux au contraire qui sont blancs & opaques, jaunes, bruns, ou noirs, qui se tiennent ensemble, & ont peine à se détacher, & auxquels il en succede d’autres, sont d’une espece maligne.

Les enfans & les vieillards sont sujets aux aphthes, parce que dans les uns & les autres les forces vitales sont languissantes, & les humeurs sujettes à devenir visqueuses.

Les aphthes qui attaquent les adultes, sont ordinairement précédés de fievre continue, accompagnés de diarrhée & de dyssenterie, de nausées, de la perte de l’appétit, de foiblesse, de stupeur, & d’assoupissement.

Ettmuller prétend que les aphthes des adultes sont souvent la suite des fievres violentes.

Les remedes appropriés pour la cure de cette maladie, doivent être humectans & capables d’amollir & d’échauffer légerement, afin d’entretenir les forces du malade, & lui occasionner une moiteur continuelle.

Les gargarismes détersifs & un peu animés d’esprit-de-vin camphré, sont d’un grand secours dans ce cas.

Lorsque l’on est venu à bout de faire tomber les aphthes, on rend ces gargarismes un peu plus émolliens & adoucissans.

Enfin l’on termine le traitement par un purgatif fortifiant, dans lequel Boerrhaave recommande la rhubarbe par préférence à tout autre purgatif. (N)

APHYE, s. f. (Hist. nat. Zoolog.) aphya, apua, petits poissons de mer que les Anciens ont ainsi nommés, parce qu’on croyoit qu’ils n’étoient pas engendrés comme les autres poissons, mais qu’ils étoient produits par une terre limoneuse. Rondelet distingue plusieurs sortes d’aphyes.

L’aphye vraie, ἀφρὸς, ainsi nommée, parce qu’on a prétendu qu’elle naissoit de l’écume de la mer, ou parce qu’elle est blanche : on la nomme nonnata sur la côte de Gènes. Ces poissons n’ont pas la longueur du petit doigt ; la plûpart sont blancs ; il y en a de rougeâtres ; ils ont les yeux noirs ; ils se trouvent dans l’écume de la mer, & ils se rassemblent en très grande quantité & s’entrelacent si bien les uns avec les autres, qu’il est difficile de les séparer.

L’aphye de goujon, cobites, aussi appellée loche de mer. Voyez Loche.

L’anchois a été mis aussi au nombre des aphyes. Voyez Anchois.

L’aphye phalérique, aussi appellée nadelle ou melette. Voyez Nadelle.

L’aphye des muges, des mendales, des surmulets, sont de petits poissons semblables à ceux dont ils portent le nom ; on a crû qu’ils naissoient du limon de la terre, dans les étangs desséchés qui étoient re-