ticle,, & du sens spécifique indéfini & qualificatif, qui n’est jamais précédé de l’article.
Les éclaircissemens que l’on vient de donner pourront servir à résoudre les principales difficultés que l’on pourroit avoir au sujet des articles : cependant on croit devoir encore ajoûter ici des exemples qui ne seront point inutiles dans les cas pareils.
Noms construits sans prénom ni préposition à la suite d’un verbe, dont ils sont le complément. Souvent un nom est mis sans prénom ni préposition après un verbe qu’il détermine, ce qui arrive en deux occasions. 1°. Parce que le nom est pris alors dans un sens indéfini, comme quand on dit, il aime à faire plaisir, à rendre service ; car il ne s’agit pas alors d’un tel plaisir ni d’un tel service particulier ; en ce cas on diroit faites-moi ce ou le plaisir, rendez-moi ce service, ou le service, ou un service, qui, &c. 2°. Cela se fait aussi souvent pour abréger, par ellipse, ou dans des façons de parler familieres & proverbiales ; ou enfin parce que les deux mots ne font qu’une sorte de mot composé, ce qui sera facile à démêler dans les exemples suivans.
Chercher fortune, malheur.
Courir fortune, risque.
Demander raison, vengeance,
L’amour en courroux
Demande vengeance. Quinault.
grace, pardon, justice.
Dire vrai, faux, matines, vêpres, &c.
Entendre raison, raillerie, malice, vêpres, &c.
Gagner pays, gros.
Mettre ordre, fin.
Parler vrai, raison, bon sens, latin, françois, &c.
Porter envie, témoignage, coup, bonheur, malheur, compassion.
Savoir lire, vivre, chanter.
Les noms d’especes qui sont pris selon leur simple signification spécifique, se construisent avec une préposition sans article.
Changez ces pierres en pains ; l’éducation que le pere d’Horace donna à son fils est digne d’être prise pour modele ; à Rome, à Athenes, à bras ouverts ; il est arrivé à bon port, à minuit ; il est à jeun ; à Dimanche, à vêpres ; & tout ce que l’Espagne a nourri de vaillans ; vivre sans pain, une livre de pain ; il n’a pas de pain ; un peu de pain ; beaucoup de pain, une grande quantité de pain.
J’ai un coquin de frere, c’est-à-dire, qui est de l’espece
de frere, comme on dit, quelle espece d’homme êtes-vous ? Térence a dit : quid hominis ? Eun. III. iv. viij. & ix. & encore, act. V. sc. . v. 17. Quid monstri ? Ter. Eun. IV. sc. iij. x. & xiv.
Remarquez que dans ces exemples le qui ne se rapporte point au nom spécifique, mais au nom individuel qui précede : c’est un bon homme de pere qui ; le qui se rapporte au bon-homme.
Se conduire par sentiment ; parler avec esprit, avec grace, avec facilité ; agir par dépit, par colere, par amour, par foiblesse.
En fait de Physique, on donne souvent des mots pour des choses : Physique est pris dans un sens spécifique qualificatif de fait.
A l’égard de on donne des mots, c’est le sens individuel partitif, il y a ellipse ; le régime ou complément immédiat du verbe donner est ici sous-entendu, ce que l’on entendra mieux par les exemples suivans.
Noms construits avec l’article ou prénom sans préposition. Ce que j’aime le mieux c’est le pain, (individu spécifique) apportez le pain ; voilà le pain, qui est le complément immédiat ou régime naturel du verbe : ce qui fait voir que quand on dit apportez ou donnez-moi du pain, alors il y a ellipse ; donnez-moi une portion, quelque chose du pain, c’est le sens individuel partitif.
Tous les pains du marché, ou collectivement, tout le pain du marché ne suffiroit pas pour, &c.
Donnez-moi un pain ; emportons quelques pains pour le voyage.
Noms construits avec la préposition & l’article. Donnez-moi du pain, c’est-à-dire de le pain : encore un coup il y a ellipse dans les phrases pareilles ; car la chose donnée se joint au verbe donner sans le secours d’une préposition ; ainsi donnez-moi du pain, c’est donnez moi quelque chose de le pain, de ce tout spécifique individuel qu’on appelle pain ; le nombre des pains que vous avez apportés n’est pas suffisant.
Voilà bien des pains, de les pains, individuellement ; c’est-à-dire, considérés comme faisant chacun un être à part.
Remarques sur l’usage de l’article, quand l’adjectif précede le substantif, ou quand il est après le substantif. Si un nom substantif est employé dans le discours avec un adjectif, il arrive ou que l’adjectif précede le substantif, ou qu’il le suit.
L’adjectif n’est séparé de son substantif que lorsque le substantif est le sujet de la proposition, & que l’adjectif en est affirmé dans l’attribut. Dieu est tout-puissant ; Dieu est le sujet : tout-puissant, qui est dans l’attribut, en est séparé par le verbe est, qui selon notre maniere d’expliquer la proposition, fait partie de l’attribut ; car ce n’est pas seulement tout-puissant que je juge de Dieu, j’en juge qu’il est, qu’il existe tel.
Lorsqu’une phrase commence par un adjectif seul, par exemple, savant en l’art de régner, ce Prince se fit aimer de ses sujets & craindre de ses voisins ; il est évident qu’alors on sous-entend, ce Prince qui étoit savant, &c. ainsi savant en l’art de régner, est une proposition incidente, implicite, je veux dire, dont tous les mots ne sont pas exprimés ; en réduisant ces propositions à la construction simple, on voit qu’il n’y a rien contre les regles ; & que si dans la construction usuelle on préfere la façon de parler elliptique. c’est que l’expression en est plus serrée & plus vive.
Quand le substantif & l’adjectif font ensemble le sujet de la proposition, ils forment un tout inséparable, alors les prépositifs se mettent avant celui des deux qui commence la phrase : ainsi on dit.
1°. Dans les propositions universelles, tout homme, chaque homme, tous les hommes, nul homme, aucun homme.
2°. Dans les propositions indéfinies, les Turcs,