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point de contact, qu’à une petite distance de ce point ; au contraire, lorsque l’attraction décroît plus qu’en raison inverse du quarré de la distance, par exemple en raison inverse du cube, ou d’une autre puissance plus grande que le quarré ; alors, selon les démonstrations de M. Newton, l’attraction est infinie au point de contact, & finie à une très-petite distance de ce point. Ainsi l’attraction au point de contact est beaucoup plus grande, qu’elle n’est à une très-petite distance de ce même point. Or il est certain par toutes les expériences, que l’attraction qui est très-grande au point de contact, devient presque insensible à une très-petite distance de ce point. D’où il s’ensuit que l’attraction dont il s’agit, décroît en raison inverse d’une puissance plus grande que le quarré de la distance : mais l’expérience ne nous a point encore appris, si la diminution de cette force suit la raison inverse du cube, ou d’une autre puissance plus élevée.

II. La quantité de l’attraction dans tous les corps très-petits, est proportionnelle, toutes choses d’ailleurs égales, à la quantité de matiere du corps attirant, parce qu’elle est en effet, ou du moins à très peu près, la somme ou le résultat des attractions de toutes les parties dont le corps est composé ; ou, ce qui revient au même, l’attraction dans tous les corps fort petits, est comme leurs solidités, toutes choses d’ailleurs égales.

Donc 1°. à distances égales, les attractions de deux corps très-petits seront comme leurs masses, quelque différence qu’il y ait d’ailleurs entre leur figure & leur volume.

2°. A quelque distance que ce soit, l’attraction d’un corps très-petit est comme sa masse divisée par le quarré de la distance.

Il faut observer que cette loi prise rigoureusement, n’a lieu qu’à l’égard des atomes, ou des plus petites parties composantes des corps, que quelques-uns appellent particules de la derniere composition, & non pas à l’égard des corpuscules faits de ces atomes.

Car lorsqu’un corps est d’une grandeur finie, l’attraction qu’il exerce sur un point placé à une certaine distance, n’est autre chose que le résultat des attractions, que toutes les parties du corps attirant exercent sur ce point, & qui en se combinant toutes ensemble, produisent sur ce point une force ou une tendance unique dans une certaine direction. Or comme toutes les particules dont le corps attirant est composé, sont différemment situées par rapport au point qu’elles attirent ; toutes les forces que ces particules exercent, ont chacune une valeur & une direction différente ; & ce n’est que par le calcul qu’on peut savoir si la force unique qui en résulte est comme la masse totale du corps attirant divisée par le quarré de la distance. Aussi cette propriété n’a-t-elle lieu que dans un très-petit nombre de corps ; par exemple dans les spheres, de quelque grandeur qu’elles puissent être. M. Newton a démontré que l’attraction qu’elles exercent sur un point placé à une distance quelconque, est la même que si toute la matiere étoit concentrée & réunie au centre de la sphere ; d’où il s’ensuit que l’attraction d’une sphere est en général comme sa masse divisée par le quarré de la distance qu’il y a du point attiré au centre de la sphere. Lorsque le corps attirant est fort petit, toutes ses parties sont censées être à la même distance du point attiré, & sont censées agir à peu près dans le même sens : c’est pour cela que dans les petits corps l’attraction est censée proportionnelle à la masse divisée par le quarré de la distance.

Au reste c’est toûjours à la masse, & non à la grosseur ou au volume, que l’attraction est proportionnelle ; car l’attraction totale est la somme des attractions particulieres des atomes dont un corps est com-

posé. Or ces atomes peuvent être tellement unis ensemble,

que les corpuscules les plus solides, forment les particules les plus légeres ; c’est-à-dire, que leurs surfaces n’étant point propres pour se toucher intimement, elles seront séparées par de si grands interstices, que la grosseur ne sera point proportionnelle à la quantité de matiere.

III. Si un corps est composé de particules, dont chacune ait une force attractive décroissante en raison triplée ou plus que triplée des distances, la force avec laquelle une particule de matiere sera attirée par ce corps au point de contact, sera infiniment plus grande, que si cette particule étoit placée à une distance donnée du corps. M. Newton a démontré cette proposition dans ses principes, comme nous l’avons déjà remarqué. Voyez Princ. math. sect. xiij. liv. I. proposition premiere.

IV. Dans la même supposition, si la force attractive qui agit à une distance assignable, a un rapport fini avec la gravité, la force attractive au point de contact, ou infiniment près de ce point, sera infiniment plus grande que la force de la gravité.

V. Mais si dans le point de contact la force attractive a un rapport fini à la gravité, la force à une distance assignable sera infiniment moindre que la force de la gravité, & par conséquent sera nulle.

VI. La force attractive de chaque particule de matiere au point de contact, surpasse presque infiniment la force de la gravité, mais cependant n’est pas infiniment plus grande. De ce théorème & du précédent, il s’ensuit que la force attractive qui agit à une distance donnée quelconque, sera presque égale à zéro.

Par conséquent cette force attractive des corps terrestres ne s’étend que dans un espace extrèmement petit, & s’évanoüit à une grande distance. C’est ce qui fait qu’elle ne peut rien déranger dans le mouvement des corps célestes qui en sont fort éloignés, & que toutes les planetes continuent sensiblement leur cours, comme s’il n’y avoit point de force attractive dans les corps terrestres.

Où la force attractive cesse, la force répulsive commence, selon M. Newton, ou plûtôt la force attractive se change en force répulsive. Voyez Répulsion.

VII. Supposons un corpuscule qui touche un corps : la force par laquelle le corpuscule est poussé, c’est-à-dire, la force avec laquelle il est adhérent au corps qu’il touche, sera proportionnelle à la quantité du contact ; car les parties un peu éloignées du point de contact ne contribuent en rien à la cohésion.

Il y a donc différens degrés de cohésion, selon la différence qui peut se trouver dans le contact des particules : la force de la cohésion est la plus grande qu’il est possible, lorsque la surface touchante est plane : en ce cas, toutes choses d’ailleurs égales, la force par laquelle le corpuscule est adhérent, sera comme les parties des surfaces touchantes.

C’est pour cette raison que deux marbres parfaitement polis, qui se touchent par leurs surfaces planes, sont si difficiles à séparer, & ne peuvent l’être que par un poids fort supérieur à celui de l’air qui les presse.

VIII. La force de l’attraction croît dans les petites particules, à mesure que le poids & la grosseur de ces particules diminue ; ou pour s’expliquer plus clairement, la force de l’attraction décroît moins à proportion que la masse, toutes choses d’ailleurs égales.

Car comme la force attractive n’agit qu’au point de contact, ou fort près de ce point, le moment de cette force doit être comme la quantité de contact, c’est-à-dire, comme la densité des parties, & la grandeur de leurs surfaces : or les surfaces des corps croissent ou décroissent comme les quarrés des diametres, & les solidités comme les cubes de ces mêmes dia-