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l’on veut employer & qui ont besoin de l’être, pour leur donner des couleurs qu’ils n’ont pas naturellement ; les uns en les brûlant leur donnent une couleur noirâtre qui imite les ombres ; les autres les mettent pour cet effet dans du sable extrèmement chauffé au feu ; d’autres se servent d’eau-de-chaux & de sublimé ; d’autres encore d’huile de soufre : cependant chaque ouvrier a sa maniere & les drogues particulieres pour la teinte de ses bois, dont il fait un grand mystere. Deuxiemement, à réduire en feuilles d’environ une ligne d’épaisseur tous les bois que l’on veut employer dans un placage. Troisiemement, ce qui est le plus difficile & qui demande le plus de patience & d’attention, à contourner ces feuilles avec la scie, fig. 75. suivant la partie du dessein qu’elles doivent occuper en les serrant dans différens étaux, fig. 65, 66, & 67, que l’on appelle aussi âne. Cela se fait en pratiquant d’abord sur l’ouvrage même un placage de bois de la couleur du fond du dessein. On y trace ensuite le dessein dont on supprime les parties qui doivent recevoir des bois d’une autre couleur que l’on ajuste alors à force, pour les faire joindre parfaitement. Quatriemement enfin, à les plaquer les unes contre les autres avec de la colle sorte, en se servant des marteaux à plaquer, fig. 78 & 79.

La seconde maniere avec compartimens d’étain, de cuivre, ou autres métaux, est de deux sortes : l’une A fig. 61, 62, & 63, est celle dont le bois forme les fleurs & autres ornemens auxquels l’étain ou le cuivre sert de fond. L’autre B, est au contraire celle dont le cuivre ou l’étain sont les fleurs & autres ornemens auxquels le bois, l’écaille ou l’ivoire sert de fond ; l’une & l’autre s’ajustent de la même maniere que celle en bois, mais ne se peut coller comme le bois avec de la colle forte, qui ne prend point sur les métaux, mais bien avec du mastic.

Des ouvrages de marqueterie. La marqueterie étoit fort en usage chez les anciens. La plus grande richesse de leurs appartemens ne consistoit qu’en meubles de cette espece ; ils ne se contentoient pas d’en faire des meubles, ils en faisoient des lambris, des parquets, des plafonds ; ils en revétissoient leurs pieces de curiosité ; ils en faisoient même des vases & des bijoux de toute espece, qu’ils considéroient comme autant d’ornemens agréables à la vûe. Mais depuis que les porcelaines & les émaux les plus précieux ont succédé à toutes ces choses, la marqueterie a beaucoup diminué de son luxe. Néanmoins on voit encore dans les appartemens des châteaux de Saint-Cloud & de Meudon, des cabinets de curiosité, & dans beaucoup de maisons d’importance, quantité de meubles & bijoux revêtus de ces sortes d’ouvrages.

De tous les meubles faits de marqueterie, ceux dont on fait le plus d’usage sont les commodes, fig. 1. 2. 3. 4. 5. & 6. d’une infinité de formes & grandeurs. Ce meuble se place ordinairement dans les grandes pieces entre deux croisées, adossé aux trumeaux, & est composé de plusieurs tiroirs A, fig. 1. 3. & 5, plus grands ou plus petits les uns que les autres, selon l’usage que l’on en veut faire, divisés extérieurement de cadres & de panneaux de bois de placage de différentes couleurs : ces commodes sont surmontées de tables de marqueterie, fig. 2. 4. & 6, subdivisées par compartimens de différens desseins, & plus ordinairement de tables de marbre, beaucoup moins sujettes aux taches.

Après les commodes sont les armoires, fig. 7, à l’usage des lingeries, ou bas d’armoires, fig. 8. & 9, à l’usage des anti chambres, salles à manger, &c. on les fait, comme tous les autres meubles, en noyer simplement, fig. 7, avec portes A quarrées ou cein-

trées par le haut, & pilastres B, subdivisés de panneaux

A & B, & de cadres C, ou par compartimens de placage, fig. 8, avec portes A & pilastres B, ornés de bases & corniches. La fig. 9 est la table de ce même bas d’armoire, qui pour la même raison des commodes est aussi le plus souvent en marbre.

La fig. 10 est l’élévation d’un chassis d’écran, dont la fig. 11 est le plan, composé de deux traverses A, de deux montans B, appuyés sur deux piés C ; le tout quelquefois en bois de noyer orné de moulure, & quelquefois en bois couvert de marqueterie.

La fig. 12 est l’élévation, & la fig. 13 le plan d’une table dite table de nuit, que l’on place ordinairement près des lits pendant la nuit. Cette table est composée d’une tablette inférieure A, d’une supérieure B, souvent en marbre, pour placer une lumiere, un livre, & autres semblables commodités pendant la nuit, montées ensemble sur quatre piés C. Ce meuble est, comme les autres, quelquefois en noyer, & quelquefois en marqueterie.

La fig. 14 est l’élévation, & la fig. 15 le plan d’une petite table appellée chifoniere, dont se servent ordinairement les femmes pour le dépôt de leurs ouvrages ou chiffons, d’où elle tire son nom. Cette table, montée sur quatre piés A, est composée de plusieurs tiroirs B, divises de cadres & de panneaux, dont le supérieur B contient ordinairement une écritoire. Le dessus C de cette table, fig. 15, est quelquefois couvert d’un maroquin.

La fig. 16 est l’élévation extérieure d’une bibliotheque à l’usage des cabinets, avec portes de treillage A, base B, & corniches C, ornées de différens compartimens de marqueterie en bois.

La fig. 17 est aussi une bibliotheque servant aux mêmes usages que la précédente, mais différente, en ce qu’elle forme une espece de lambris de hauteur & d’appui, ornée de pilastres, ayant aussi des portes de treillage A, base B, & corniches C, couverte par compartimens de marqueterie en bois.

La fig. 18 est l’élévation, & la fig. 19 le plan d’un secrétaire meublé, assez commun dans les cabinets, composé de plusieurs tiroirs extérieurs A grands ou petits, de plusieurs autres intérieurs B, avec tablettes C en forme de serre-papier, & une espece de cave D servant de coffre sort ; les tiroirs B, tablettes C & coffre D, se trouvent enfermés surement par une table E, garnie intérieurement de maroquin, qui étant couverte, sert à écrire, dessiner, &c. L’extérieur & l’intérieur sont plaqués de marqueterie en bois, monté le tout ensemble sur quatre piés F.

La fig. 20 est un secrétaire en forme d’armoire, aussi à l’usage des cabinets, dont l’intérieur de la partie supérieure A est garni, comme le précédent, de petits tiroirs & tablettes en forme de serre-papier, enfermés par une table garnie intérieurement de maroquin, servant à écrire ; & la partie inférieure B s’ouvrant en deux parties, forme intérieurement une armoire contenant des tablettes, tiroirs & coffre fort. L’extérieur de ce meuble couronné d’une table de marqueterie ou de marbre, est décoré de cadres de différens compartimens de marqueterie en bois, & de panneaux représentant des fleurs & des fruits.

La fig. 21 est l’élévation, & la fig. 22 le plan d’une espece de table appellée bureau, aussi à l’usage des cabinets, composée de deux ou trois tiroirs A, surmontés d’une table B, ordinairement garnie de maroquin, le tout ensemble monté sur quatre piés C.

La fig. 23 est l’élévation, & la fig. 24 le plan d’un bureau beaucoup plus riche & plus commode que le précédent, décoré de chaque côté de pilastres A, avec cadres & panneaux de marqueterie, & entre-pilastres BC pour placer des tiroirs B & armoires