Manége de guerre, est le galop inégal, tantôt plus écouté, tantôt plus étendu, dans lequel le cheval change aisément de main dans les occasions où on en a besoin.
MANEQUIN, s. m. (Comm.) ancienne mesure dont on se servoit autrefois en Angleterre ; elle contenoit huit balles ou deux cuves, autres mesures angloises. Ces mesures étoient des especes de panniers d’osier : on ne sait pas leurs réductions aux mesures modernes. Dictionn. de commerce. (G)
Manequin ou Manne, (Jardinage.) est une espece de panier de gros osier, fait à claire voie ; ce peut être encore des paniers qui entourent les racines d’ifs, d’ormes, de tilleuls, & d’arbres à fruit, reservés pour regarnir les places vuides d’un jardin.
La Quintinie veut que les arbres destinés aux espaliers soient un peu cachés dans les manequins, afin qu’ils suivent l’inclination que l’on donne aux autres plantes en espalier, & qu’ils approchent plus facilement de la muraille. Quant aux arbres de haute tige ou en buisson, ils seront plantés droits dans les manequins.
Ils doivent être ronds, faits d’un osier très-verd, leur profondeur & grandeur seront proportionnés à la force des arbres.
Manequin, en Peinture, statue ou modele de cire ou de bois, dont les parties sont jointes de façon qu’on peut la mettre dans toutes les situations qu’on veut. Son principal usage est de jetter & ajuster des draperies : il y a des manequins de grandeur naturelle & au-dessous. Voyez dans nos Pl. de Dessein un manequin détaillé.
MANES, s. m. (Mythologie.) divinités domestiques des anciens payens, & dont il paroît par leur mythologie qu’ils n’avoient pas des idées bien fixes, ce qu’on peut en recueillir de plus constaté, c’est que souvent ils les prenoient pour les ames séparées des corps, d’autres fois pour les dieux infernaux, ou simplement comme les dieux ou les génies tutélaires des défunts.
Quelques anciens, au rapport de Servius, ont prétendu que les grands dieux célestes étoient les dieux des vivans ; mais que les dieux du second ordre, les manes en particulier, étoient les dieux des morts ; qu’ils n’exerçoient leur empire que dans les ténebres de la nuit, auxquelles ils présidoient, ce qui, suivant eux, a donné lieu d’appeller le matin mane.
Le mot de manes a aussi été pris quelquefois pour les enfers en général, c’est-à-dire pour les lieux souterreins, où se devoient rendre les ames des hommes après leur mort, & d’où les bonnes étoient envoyées aux champs Eliséens, & les méchantes au lieu des supplices appellé le Tartare.
C’est ainsi que Virgile dit :
Hæc manes veniet mihi fama sub imos.
On a donné au mot de manes diverses étymologies : les uns le font venir du mot latin manare, sortir, découler, parce, disent-ils, qu’ils occupent l’air qui est entre la terre & le cercle lunaire, d’où ils descendent pour venir tourmenter les hommes ; mais si ce mot vient de manare, ne seroit-ce point plutôt parce que les payens croyoient que c’étoit par le canal des manes que découlent particulierement les biens ou les maux de la vie privée : d’autres le tirent du vieux mot latin manus, qui signifie bon, & suivant cette idée ils ne les considerent que comme des divinités bienfaisantes qui s’intéressent au bonheur des humains, avec lesquels elles ont soutenu pendant leur vie des relations particulieres, comme leurs proches ou leurs amis. Un auteur allemand, prévenu en faveur de sa langue, tire manes du vieux mot mann, homme, qu’il prétend être un
mot des plus anciens, & qui vient de la langue étrusque. Or il dit que manes signifie des hommes par excellence, parce qu’il n’y a que les ames véritablement vertueuses qui puissent espérer de devenir, après la mort de leurs corps, des especes de divinités, capables de faire du bien aux amis de la vertu : mais la véritable étymologie du mot manes se trouve dans les langues orientales, & vient sans doute de l’ancienne racine moun, d’où se sont formés les mots chaldaïque & arabe, moan, man, hébreux, figura, similitudo, imago, phantasina, idea, species intelligibilis, forma imaginis cujusdam, dicitur enim de rebus, tam corporalibus quam spiritualibus, presertim de Deo. Vide Robert. Thes. ling. sanctæ. Ce sont là tout autant de significations analogues aux idées qu’on se formoit des manes, & aux diverses opérations qu’on leur attribuoit.
De tous les anciens, Apulée est celui qui, dans son livre de Deo Socratis, nous parle le plus clairement de la doctrine des manes. « L’esprit de l’homme, dit-il, après être sorti du corps, devient une espece de démons, que les anciens Latins appelloient lemures ; ceux d’entre les défunts qui étoient bons, & prenoient soin de leurs descens dans, s’appelloient lares familiares ; mais ceux qui étoient inquiets, turbulens & malfaisans, qui épouvantoient les hommes par des apparitions nocturnes, s’appelloient larvæ, & lorsqu’il étoit incertain ce qu’étoit devenue l’ame d’un défunt, si elle avoit été faite lar ou larva, on l’appelloit mane », & quoiqu’ils ne déïfiassent pas tous les morts, cependant ils établissoient que toutes les ames des honnêtes gens devenoient autant d’especes de dieux, c’est pourquoi on lisoit sur les tome beaux ces trois lettres capitales D. M. S. qui signifioient diis manibus sacrum. Je ne sais où les compilateurs du célebre dictionnaire de Trévoux ont pris qu’à Rome il étoit défendu d’invoquer les manes ; s’ils avoient consulté Festus, il leur auroit appris que les augures même du peuple romain étoient chargés du soin de les invoquer, parce qu’on les regardoit comme des êtres bienfaisans & les protecteurs des humains ; il paroît même que ceux qui avoient de la dévotion pour les manes, & qui vouloient soutenir avec eux quelque commerce particulier, s’endormoient auprès des tombeaux des morts, afin d’avoir des songes prophétiques & des révélations par l’entremise des manes, ou des ames des défunts.
C’est ainsi qu’Hérodote, dans Melpomene, dit que les Nasamons, peuples d’Afrique, « juroient par ceux qui avoient été justes & honnêtes gens, qu’ils devinoient en touchant leurs tombeaux, & qu’en s’approchant de leurs sépulcres, après avoir fait quelques prieres ils s’endormoient, & étoient instruits en songe de ce qu’ils vouloient savoir ».
Nous verrons dans l’article de l’ob des Hébreux, ce qui regarde l’évocation des morts & leur prétendue apparition.
Au reste, il paroît clairement par une multitude d’auteurs, que les payens attribuoient aux ames des défunts, des especes de corps très subtils de la nature de l’air, mais cependant organisés, & capables des diverses fonctions de la vie humaine, comme voir, parler, entendre, se communiquer, passer d’un lieu à un autre, &c. il semble même que sans cette supposition nous ayons de la peine à nous tires des grandes difficultés que l’on fait tous les jours contre les dogmes fondamentaux & consolans de l’immortalité de l’ame, & de la resurection des corps.
Chacun sait que l’idée de corps, ou du-moins de figures particulieres unies aux intelligences célestes, à la divinité même, a été adoptée par ceux des chrétiens qu’on appelloit Antropomorphytes, parce