sure le prix que sur l’utilité, ne préfere en médailles, que celles qui servent à découvrir quelque fait nouveau, ou à éclaircir quelque point obscur de l’histoire. Une médaille qui porte une date intéressante, ou qui fixe une époque de quelque conséquence, est plus précieuse pour lui que les Cornelia supera, les Tranquillines, & les Pescennius.
Ce n’est pas que nous voulions condamner les gens qui n’épargnent rien pour recueillir toutes les têtes des personnages illustres de l’antiquité ; nous avouons que les médailles ne seroient pas dépouillées de tout prix, quand même elles ne serviroient qu’à nous conserver les portraits des grands hommes ; mais ce n’est point là ce qui doit les faire principalement rechercher par un homme de lettres. Si une médaille de Pescennius ne porte aucune date particuliere ; si elle n’apprend aucun fait d’histoire, & qu’elle ne nous présente qu’un portrait, il est indifférent à celui qui veut devenir savant, que cette piece rare soit entre ses mains, ou entre celles d’un autre. Tout le monde convient de l’existence de Pescennius. Le curieux qui possede la médaille, n’en est pas plus assuré qu’un autre. L’homme de lettres voudroit fixer précisément le tems où ce prince a vécu ; il voudroit apprendre quelque circonstance particuliere de sa vie : si la médaille ne peut l’instruire de ce qu’il cherche, il est presque inutile qu’il l’ait vue.
Voilà la vraie maniere dont on doit envisager les médailles, sans les estimer ni chacune en particulier ni toutes en général, au-delà de l’utilité dont elles sont réellement. Gardons-nous sur-tout, d’imaginer que leur étude puisse se séparer de celle des inscriptions, & de la lecture des auteurs anciens. Elles éclaircissent des passages ; elles suppléent des dates ou des noms, & redressent même quelquefois des erreurs ; mais, pour un service qu’elles rendent à l’histoire, elles en reçoivent mille des historiens, & tous d’une si grande conséquence, qu’avec les livres sans médailles, on peut savoir beaucoup & savoir bien ; & qu’avec les médailles sans les livres, on saura peu & l’on saura mal. C’est par cette remarque qui n’est point d’un amateur anthousiaste, que je termine ce détail. Il ne me reste plus qu’à y joindre une courte explication de quelques mots fréquens dans la langue numismatique.
Termes d’usage dans l’art numismatique. Ame de la médaille. Les Antiquaires regardent la légende comme l’ame de la médaille, & les figures comme le corps ; tout-de-même que dans l’emblème où la devise tient lieu d’ame ; sans quoi l’on n’auroit aucune connoissance de ce que les figures qui en font le corps, nous doivent apprendre. Par exemple, nous voyons, dans une médaille d’Auguste, deux mains jointes qui serrent un caducée entre deux cornes d’Amalthée, voilà le corps ; le mot pax qui y est gravé, marque la paix que ce prince avoit rendue à l’état, en se réconciliant avec Marc Antoine, réconciliation qui ramena la félicité & l’abondance, voilà l’ame.
Buste. Il désigne, en matiere de médailles, comme dans les autres arts, un portrait à-demi-corps, qui ne présente que la tête, le col, les épaules, une partie de la poitrine, & quelquefois les deux bras. Les bustes qu’on voit sur les médailles, se trouvent accompagnés de symboles qui leur sont particuliers, sur-tout quand les deux bras paroissent, comme il est ordinaire dans les médaillons & dans les petites médailles du bas empire. Ces symboles sont le sceptre, la férule, l’acacia. Dans d’autres bustes qui vont jusqu’à-mi-corps, on y voit le casque, le bouclier, & un cheval qu’on tient par la bride, pour
marquer les victoires remportées ou dans les combats de la guerre, ou dans les jeux.
Champ. C’est le fond de la piece qui est vuide, & sur lequel il n’y a rien de gravé. On est parvenu à trouver l’explication de certaines lettres initiales qui se trouvent dans le champ des médailles du bas empire. En voici des exemples :
B. T. | Beata Tranquillitas. |
C. R. | Claritas Reipablicæ. |
C. S. | Claritas Sæculi. |
F. B. | Felicitas Beata. |
F. T. | Felicitas Temporum. |
P. A. | Pietas Augusta. |
S. A. | Securitas Augusti. |
S. P. | Securitas Publica ou Populi. |
T. F. | Temporum Felicitas. |
V. I. | Vota Imperii. |
V. P. | Vota Publica ou Populi. |
Coin. On sait que c’est la même chose que la matrice ou le carré d’une médaille. Chaque médaille n’a point eu un coin différent de toutes les autres qui lui sont semblables. M. Baudelot a combattu savamment l’opinion contraire, dans son livre de l’utilité des voyages.
Corps. On regarde toutes les figures comme le corps de la médailles.
Exergue. C’est un mot, une date, des lettres, des chiffres marqués dans les médailles au-dessous des têtes qui y sont représentées, soit sur le revers, ce qui est le plus ordinaire, soit sur la tête. Les lettres ou les chiffres des exergues de médailles signifient ordinairement, ou le nom de la ville dans laquelle elles avoient été frappées, ou le tems, ou la valeur de la piece de monnoie : & les lettres initiales ne marquent que cela.
Inscription. On appelle proprement inscription, les paroles qui tiennent lieu de revers, & qui chargent le champ de la médaille au lieu de figures.
Légende. Elle consiste dans les lettres qui sont autour de la médaille, & qui servent à expliquer les figures gravées dans le champ.
Module. Grandeur déterminée des médailles, d’après laquelle on compose les différentes suites.
Monogramme. Lettres, caracteres ou chiffres, composés de lettres entrelacées. Ils dénotent quelquefois le prix de la monnoie, d’autrefois une époque, quelquefois le nom de la ville, du prince, de la déité représentée sur la médaille.
Nimbe. Cercle rayonnant qu’on remarque sur certaines médailles, sur-tout sur celles du bas empire.
Ordre. C’est ainsi qu’on appelle une classe générale sous laquelle on distribue les suites : on forme ordinairement cinq ordres de médailles, l’un desquels contient la suite des rois, un second la suite des villes, un troisieme la suite des consulaires, un quatrieme la suite des impériales ; & sous un cinquieme on range toutes les divinités, les héros, les hommes célebres de l’antiquité. L’ordre dans les suites du moderne est absolument arbitraire.
Panthées. Ce sont des têtes ornées de symboles de plusieurs divinités.
Parazonium.. Sorte de poignard, de courte épée, de bâton, de sceptre tantôt attaché à la ceinture, tantôt appuyé par un bout sur le genou, & tantôt placé d’une autre maniere.
Quinaire. C’est une médaille du plus petit volume en tout métal.
Relief. Saillie des figures & des types empreints sur la tête ou sur le revers d’une médaille.
Revers. Côté de la médaille opposé à la tête.
Suite. C’est l’arrangement qu’on donne aux médailles dans un cabinet, soit d’après leur différente grandeur, soit d’après les têtes & les revers.
Symbole ou type. Terme générique qui désigne