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museum etruscum de M. Gori, tome I. tab. 196. 197 ; dans les antiquités d’Ilorta de M. Fontanini, diss. d’ell acad. etrusq. tome II. table 1. 2 ; & à la suite des dissertations de l’académie étrusque de Cortone, antiquit. Hort. liv. I. pag. 126. 140. (D. J.)

Médailles gothiques, (Art. numism.) On nomme ainsi des médailles de quelques rois goths qui ont passé jusqu’à nous, & qui sont communément en bronze ; mais on nomme specialement médailles gothiques de certaines médailles frappées dans des siecles de barbarie, & dont les têtes ont à peine la forme humaine, sans porter aucune inscription, ou si elles en ont, c’est dans des caracteres méconnus aux Antiquaires, aussi bien que ceux des médailles qu’on appelle puniques. (D. J.)

Médailles hébraïques, (Art numismatiq.) Divers savans ont cherché à expliquer les anciennes médailles hébraïques qui se sont conservées jusqu’à nos jours ; de ce nombre sont Villalpand, Kircher, le P. Morin, Conringius, Vaserus, Bouteroue, Hottinger, Valton, & plus récemment le P. Hardouin & le P. Etienne Souciet. Ce dernier, dans une dissertation très-étendue & très-savante, soutient, 1°. que la langue & les caracteres qu’on voit sur ces médailles sont l’ancienne langue & les anciens caracteres des Hébreux, c’est-à-dire ceux dont ils usoient avant la captivité de Babylone ; 2°. que les caracteres dont les Juifs se sont servis depuis leur retour de la captivité, sont les caracteres assyriens qu’ils rapporterent en revenant dans leur pays ; 3°. enfin que ces médailles ont été frappées par les Juifs mêmes, & non par les Samaritains.

Le P. Hardouin, dans sa chronologie de l’ancien Testament & dans les notes de la seconde édition de Pline, a essayé de prouver que ces médailles, sans aucune exception, sont du tems de Simon, frere de Judas Machabée, & de Jonathas, grand-prêtre des Juifs ; qu’elles ont été frappées dans la Samarie, dont quelques villes avoient été cédées aux Juifs par Démétrius, roi de Syrie ; que les caracteres des légendes sont samaritains ou assyriens, c’est-à-dire que les légendes sont gravées dans les caracteres des Cuthéens que Salmanasar envoya dans la Samarie après en avoir enlevé les dix tribus d’Israël. On peut voir dans les ouvrages des deux savans jésuites, les raisons dont chacun d’eux se sert pour appuyer son sentiment. On trouvera dans les mêmes ouvrages un catalogue complet des médailles hébraïques connues jusqu’à présent, avec les descriptions des types qui y sont représentés. Voyez Morel, specimen R. nummar. tom. I. p. 230 & seq. (D. J.)

Médailles phéniciennes ou puniques, (Art numismat.) On nomme ainsi celles dont les légendes sont en caracteres phéniciens ou puniques. Quoique la plûpart de ces sortes de médailles aient été trouvées en Espagne, elles différent des anciennes médailles espagnoles & par la nature des types, & par celle des caracteres, comme nous l’avons observé plus au long au mot Médailles espagnoles. (D. J.)

Médailles samaritaines, (Art numismat.) On appelle ainsi les médailles qui sont empreintes sur un des côtés de caracteres samaritains. On trouve même assez communément des médailles qui présentent de chaque côté des lettres samaritaines ; & selon les apparences, elles ont été frappées du tems de Simon Macchabée, en mémoire de la liberté que les Juifs recouvrerent alors. Mais les médailles sur lesquelles est jointe une inscription grecque à une légende samaritaine, sont fort rares ; & peut-être celles d’Antigonus roi de Judée, sont les seules qui soient venues jusqu’à nous. Le célebre Reland, qui avoit tenté de les éclaircir, les regarde comme une énigme. Voyez la cinquieme dissertation de nummis samaritanis. Voyez aussi l’histoire de l’acad. des Belles-Lettres, tome XXIV. (D. J.)

Médailles latines, voyez Médailles romaines.

Médailles d’Athènes, (Art. numismatiq.) Nous avons un assez grand nombre de médailles d’Athènes, mais nous n’en voyons point de frappées au coin des empereurs de Rome ; & il faut croire ou que l’amour de la liberté a empêché les Athéniens de reconnoître l’autorité romaine dans leurs monnoies, ou que leur religion ne leur a pas permis d’y graver autre chose que les images de leurs divinités.

Le plus grand nombre des médailles d’Athènes qui sont au cabinet du Roi, consiste en médaillons d’argent presque uniformes, tous avec le buste de Minerve d’un côté, & au revers une couronne d’olivier, au milieu de laquelle est une chouette sur un vase renversé, & marqué d’une lettre grecque : différens noms-de magistrats y sont joints à l’inscription Ἀθηναιων ; & c’est, avec de petits symboles ajoûtés dans le champ, tout ce qui distingue ces médaillons, dont on ne sauroit d’ailleurs fixer précisément l’époque.

On sait quel a été le culte de Minerve dans Athènes, & ce que l’antiquité en a publié. Les muses grecques & latines ont célébré à l’envi les unes des autres la dévotion des Athéniens pour leur déesse ; mais rien n’en marque mieux l’étendue & la durée que leurs monnoies, sur lesquelles on voit toujours d’un côté la tête de Minerve, & de l’autre une chouette dans une couronne d’olivier, ses symboles ordinaires.

L’olivier lui appartenoit à bon titre, sur-tout depuis sa victoire ; & hors Jupiter qui en a quelquefois été couronné aux jeux olympiques, aucune autre divinité n’a osé le disputer à Minerve. A l’égard de la chouette, on la lui avoit donné comme un symbole de prudence, la pénétration de cet oiseau dans l’avenir ayant été établie par les anciens ; ce qui est encore certain, c’est que le nom de chouette avoit été donné aux monnoies de l’Attique. L’esclave d’un riche lacédémonien disoit plaisamment dans ce sens-là, qu’une multitude de chouettes nichoient sous le toît de son maître.

Une chose qui mérite encore quelqu’attention dans les médailles d’argent de la ville d’Athènes, ce sont les différens noms par lesquels on les distingue aussi les unes des autres. Il n’y a point à douter que ce ne soit autant de noms de magistrats athéniens ; mais la question est de savoir si ces magistrats sont archontes ordinaires d’Athènes, ou d’autres officiers préposés à la fabrication de ces monnoies. L’examen & la comparaison de leurs noms & surnoms, pourront servir à la décision d’une difficulté sur laquelle personne n’a encore osé prononcer.

Le culte de Minerve ne regne pas moins dans ce que nous avons de médailles de bronze d’Athènes, que dans celles d’argent ; hors une seule tête de Jupiter, on n’y voit par tout que le buste de cette déesse toujours casquée, & quelquefois avec le casque & l’égide ; mais les revers sont plus variés que dans les médailles d’argent.

Enfin dans presque toutes les médailles d’Athènes, soit d’argent, soit de bronze, il n’est question que de Minerve. Les Athéniens ne pouvoient pas faire trop d’honneur à la déesse de la sagesse, qu’ils croyoient présider à leurs conseils, veiller sur leurs magistrats, animer leurs guerriers, inspirer leurs poëtes, former leurs orateurs, & soutenir leurs philosophes. Mais il seroit à souhaiter que cette même déesse, les intérêts à part, eût un peu mieux instruit leurs monétaires. Les autres peuples du-moins nous ont appris par leurs monnoies quelque chose de leur gouvernement, de leurs privileges, de leurs