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l’exercice de sa profession, que lorsqu’on parloit de quelqu’un qui avoit échoué dans une entreprise, on disoit communément en proverbe, Ἀκεσίας ἰάσατο, Acésias s’en est mêlé. Il en est parlé dans les proverbes d’Aristophane.

Athénée fait mention d’un Acésias que l’on met au nombre des auteurs qui ont traité de la maniere de faire des conserves, lequel, à ce que prétend Fabricius, est différent de celui dont il s’agit ici.

Acion, naquit à Agrigente, & fut contemporain d’Empedocle ; il exerça la Médecine quelque tems avant Hippocrate ; il passe pour avoir pratiqué cette science avec beaucoup de succès, & l’empirisme le revendique comme un de ses sectateurs. Plutarque dit qu’Acron se trouva à Athènes lors de la grande peste qui ravagea ce pays au commencement de la guerre du Péloponnese, & qu’il conseilla aux Athéniens d’allumer dans les rues de grands feux, dans le dessein de purifier l’air. On raconte le même fait d’Hippocrate ; c’est quelquefois la coutume des anciens d’attribuer à plusieurs grands médecins les cures remarquables & les actions singulieres d’un seul. Les modernes ont donné dans une erreur assez semblable au sujet de découvertes qui avoient été faites, ou de choses qui avoient été dites plusieurs siecles avant qu’ils existassent.

Actuarius. Ce n’est point le véritable nom de Jean, fils de Zacarias, écrivain grec des derniers siecles. Tous les médecins de la cour de Constantinople porterent ce titre, qui par une distinction dont nous ne connoissons point la cause, & dont nous ne pouvons rendre raison, demeura si particulierement attaché à l’écrivain dont il s’agit ici, qu’à peine le connoît on sous un autre nom que sous celui d’Actuarius.

La seule circonstance de sa vie qui soit parvenue jusqu’à nous, c’est qu’il fut honoré de ce titre ; & ses ouvrages sont des preuves suffisantes qu’il le méritoit ; qu’en l’élevant à cette dignité on rendit justice à son habileté, & qu’elle seule l’en rendit digne.

Les six livres de Thérapeutique qu’il écrivit pour l’usage du grand chambellan qui fut envoyé en ambassade dans le Nord, quoique composés comme il nous l’apprend en fort peu de tems, & destinés à l’utilité particuliere de l’ambassadeur, contiennent, au jugement du docteur Freind, une compilation judicieuse des écrivains qui l’ont précédé, & quelques observations qu’on n’avoit point faites avant lui, comme on peut voir dans la section de la palpitation du cœur. Il en distingue de deux sortes ; l’une provient de la plénitude ou de la chaleur du sang, c’est la plus commune. Les vapeurs sont la cause de l’autre. Il indique la maniere de les distinguer, en remarquant que celle qui naît de plénitude est toûjours accompagnée d’inégalité dans le pouls, ce qui n’arrive point dans celle qui provient de vapeurs. Il conseille dans cette maladie la purgation & la saignée ; & cette pratique a été suivie par les plus grands médecins de ces derniers siecles.

Fabricius le place au tems d’Andronic Paléologue, aux environs de l’an 1300, ou, selon d’autres, de l’an 1100 ; mais aucun écrivain de ces siecles n’en ayant parlé, il est difficile de fixer le tems auquel il a vécu. Nous n’avons d’autres connoissances de son éducation, de ses sentimens & de ses études, que celles que nous pouvons tirer de ses ouvrages.

Il a exposé fort au long la doctrine des urines dans sept traités, & il finit son discours par une sortie fort vive contre ceux qui exerçant sur les connoissances & la vérité une espece de monopole, ne peuvent souffrir qu’on en fasse part au public, & ne voyent que d’un œil chagrin les hommes se familiariser avec des lumieres qui leur sont utiles.

Actuarius aimoit les systèmes & les raisonnemens

théoriques ; il a composé les ouvrages suivans.

Sept livres sur les urines qui n’ont jamais été publiés en grec : Ambrosius Leo Nolanus les a traduits en latin, dont Goupylus a revu la traduction, & on les a imprimés in-8°. Ils se trouvent dans l’Artis medicæ principes de Henri Estienne.

Six livres de Thérapeutique qui n’ont jamais paru en grec : Ruellius a traduit en latin le cinquieme & le sixieme, & sa version a été imprimée à Paris. L’ouvrage entier a été traduit par Henricus Mathisius. On trouve sa version dans l’Artis medicæ principes.

Goupylus fit paroître en grec à Paris deux livres du même auteur, l’un des affections, & l’autre de la génération des esprits animaux, sous le titre commun, περὶ ἐνεργειῶν καὶ παθῶν τοῦ ψυκιχοῦ πνέυματος, καὶ της κατ’ ἀυτὸν διαίτης.

On trouve dans l’Artis medicæ principes une traduction latine de l’ouvrage précédent ; elle est de Julius Alexandrinus Tridentinus ; elle a été aussi imprimée séparément, Parisiis, apud Morellum, in-8o. & Lugduni, apud Joannem Tornesium, 1556, in-8o.

Ses traités de venæ sectione, de diætâ, ses regales & commentarii in Hippocratis aphorismos, sont demeurés en manuscrit.

Adrien. Depuis que les médecins ont lu dans Aurelius Victor, que cet empereur possédoit la medécine, ils ont trouvé leur profession trop honorée pour ne pas le mettre dans leur bibliographie médicinale. Ils l’ont fait inventeur d’un antidote qui porte son nom, & dont la préparation se trouve dans Ætius Tetrab. IV. serm. I. cap. 108. Cependant il tomba de bonne heure dans une hydropisie si fâcheuse, qu’il prit le parti de se donner la mort, ne voyant aucune espérance de guérison. Il reconnut dans ces derniers momens qu’il n’avoit consulté que trop de médecins. Hinc illa infælicis monumenti inscriptio, turbâ se medicorum periisse, dit Pline : paroles qui sont devenues une espece de proverbe, dont les hommes, & sur-tout les princes, ne profitent pas assez.

Ægimius. C’est le premier médecin qui ait écrit expressément sur le pouls, si nous en croyons Gallien. Il étoit de Vélie ; mais nous ne savons dans quel siecle il a vécu. Le Clerc croit qu’il a précédé Hippocrate, & son opinion est très-vraisemblable. Le traité d’Ægimius sur le pouls, étoit intitulé περὶ παλμων, des palpitations ; ce qui prouve que l’auteur de ce traité étoit très-ancien, puisqu’il existoit sans doute avant que les autres termes, dont les auteurs de medecine se sont ensuite servis pour exprimer la même chose, fussent inventés.

Ælius Promotus. Il paroît qu’il y a deux medecins de ce nom ; l’un fut disciple d’Ostanes roi de Perse, & accompagna Xerxès en Grece.

L’autre exerça la medecine à Alexandrie, & vécut du tems de Pompée. Il a écrit un traité περὶ ἰοϐόλων & δηλητηρίων φαρμάκων des poisons & des médicamens mortels. Gemer & Tiraqueau disent qu’on voit dans quelques bibliotheques italiennes, cet ouvrage en manuscrit : Mercurialis & Fabricius assurent qu’il est au Vatican.

Æmilius Macer. Poëte de Véronne, vécut sous le regne d’Auguste. Il est contemporain d’Ovide ; mais un peu plus âgé que lui, comme il paroît par ces vers d’Ovide :

Sæpe suas volucres legit mihi grandior œvo,
Quæque nocet serpens, quæ juvat herba, Macer
.

L’on sait de-là qu’il avoit écrit des oiseaux, des serpens & des plantes. Le Clerc prétend qu’il n’avoit parlé que des végétaux qui servoient d’antidote aux poisons qui faisoient la matiere de son poëme. Servius dit que le même auteur avoit écrit aussi des abeilles.

C’est par la matiere de son poëme qu’Æmilius