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On trouve dans les priapées de Scioppins, des lettres de Marc-Antoine à Q. Soranus ; & de celui-ci à Marc-Antoine, de Cléopatre au même Soranus, & de Soranus à Cléopatre. Dans ces lettres l’on demande & l’on donne des remedes contre l’incontinence. Ce sont des pieces visiblement supposées.

Symmachus fleurissoit sous le regne de Galba : il falloit qu’il eût une réputation éclatante, de la maniere dont Martial son contemporain le représente, suivi d’un grand nombre d’étudians en médecine, qu’il menoit avec lui chez les malades. L’épigramme du poëte à ce sujet est fort bonne ; c’est la 9. du l. V.

Languebam : sed tu comitatus protinùs ad me
Venisti, centum, Symmache, discipulis ;
Centum me tetigere manus aquilone gelatæ ;
Non habui febrem, Symmache, nunc habeo.

Thémison de Laodicée fut disciple d’Asclépiade, & vécut peu de tems avant Celle, c’est-à-dire sous le regne d’Auguste. Il est célebre dans l’histoire de la médecine, pour avoir fondé la secte méthodique ; quoiqu’en fait de pratique il ne se soit pas écarté des regles de son maître. Il appliqua le premier l’usage des sang-sues dans les maladies, pour relâcher de plus en plus. Galien nous apprend aussi, qu’il donna le premier la description du diacode, remede composé du suc & de la décoction des têtes de pavot & de miel. Il avoit encore inventé une composition purgative appellée hiera. Enfin il avoit écrit sur les propriétés du plantain, dont il s’attribuoit la découverte. Dioscorius prétend qu’il fut un jour mordu par un chien enragé, & qu’il n’en guerit qu’après de grandes souffrances. Pline en fait un éloge pompeux ; car il le nomme summus auctor, un très-grand auteur. Le Thémison, à qui Juvenal reproche le nombre des malades qu’il avoit tués dans un automne, quoit Themison ægros auturino occiderit uno, ne paroit pas être celui dont il s’agit ici. Il est vraissemblable que le poëte satyrique a eu en vûe quelque médecin methodique de son tems, qu’il appelle Thémison, pour cacher son véritable nom.

Théophile, surnommé Protaspatharius, médecin grec, qui vécut, selon Fabrierus, sous l empereur Héraclius, & selon Ferimd, seulement au commencement du iv siecle. Il étoit certainement chrétien, & est fort connu des Anatomistes par ses quatre livres de la structure du corps humain, dans lesquels on dit qu’il a fait un excellent abrégé de l’ouvrage de Galien sur l’usage des parties. Ce n’est pas ici le lieu d’en parler ; il suffit de dire que les ouvrages anatomiques de Théophile ont été publiés à Paris en grec & en latin en 1556. in-8°. Nous avons son petit livre de urinis & excrementis, publié pour la premiere fois d’après des manuscrits de la bibliotheque d’Oxfort, Lugd. Batav. 1703. in-8o. p. 271. græcè & latinè.

Thessalus, disciple de Thémison, vivoit sons Néron, environ 50. ans après la mort de son maître.

Il étoit de Tralé en Lydie, & fils d’un cardeur de laine, chez lequel il fut élevé parmi des femmes, si l’on en croit Galien. La bassesse de sa naissance, & le peu de soin qu’on avoit pris de son éducation ne firent que retarder ses progrès dans le chemin de la fortune. Il trouva le moyen de s’introduire chez les grands : il fut adroitement profiter du goût qu’il leur connut pour la flatterie : il obtint leur confiance & leurs faveurs par les viles complaisances auxquelles il ne rougit point de s’abaisser ; enfin il joua à la cour un personnage fort bas : ce n’est pas ainsi, dit Galien, que se conduisirent ces descendans d’Esculape, qui commandoient à leurs malades comme

un prince à ses sujets. Thessalus obéit aux siens, comme un esclave à ses maîtres. Un malade vouloit-il se baigner, il le baignoit ; avoit-il envie de boire frais, il lui faisoit donner de la glace & de la neige. A ces réflexions, Galien ajoute que Thessalus n’avoit qu’un trop grand nombre d’imitateurs ; d’où nous devons conclure qu’on distinguoit alors aussi bien qu’aujourd’hui, la fin de l’art, & la fin de l’ouvrier.

Pline parle de ce médecin, comme d’un homme fier, insolent, & qui étoit dit-il, si plein de la bonne opinion de son mérite, qu’il prit le titre de vainqueur des Medecins, titre qu’il fit graver sur son tableau qui est sur la voie appienne. Jamais bateleur, continue l’historien, n’a paru en public avec une suite plus nombreuse. Liv. XXIX. ch. j.

C’est dommage que Thessalus ait fait voir tant de défauts, car on ne peut douter qu’il n’eût de l’esprit & des lumieres. Il composa plusieurs ouvrages, introduisit l’abstinence de trois jours pour la cure des maladies, fut l’inventeur de la métasyncrise, qui paroît être une doctrine judicieuse ; & pour tout dire, défendit, amplifia, & rectifia si considérablement les principes de Thémison, qu’il en fut surnommé l’instaurateur de la méthode.

Thograi, médecin arabe, philosophe, rhéteur, alchimiste, poëte & historien. Il nâquit à Hispahan en Perse. Ses talens l’éleverent à la dignité de premier ministre du prince Maschud, frere du soudan d’Asie. Il amassa dans ce poste des richesses immenses : mais son maître s’étant révolté contre son frere, il fut pris ; & Thograi son ministre dépouillé de tout ce qu’il possédoit, fut attaché à un arbre, & percé à coups de flêches, l’an de l’hégire 515, & de J. C. 1112. Outre ses œuvres historiques & poétiques, il a laissé un ouvrage intitulé, le rapt de la nature ; il y traite de l’alchimie.

C. Valgius fut le premier des médecins romains après Pomperus Lenæus & Caton, qui écrivit de l’usage des plantes dans la médecine ; cependant Pline, qui a fait cette remarque, ajoute que cet ouvrage étoit très-médiocre, quoique l’auteur passât pour être savant.

Vectius Valens, médecin méthodique, qui eut avec Messaline, femme de l’empereur Claude, la même familiarité qu’Eudeme avoit eue avec Livie, est cité par Pline comme auteur d’une nouvelle secte. Il y a néanmoins de l’apparence que sa doctrine n’étoit autre chose que celle de Thémison, déguisée par quelques changemens, qu’il fit à l’exemple des autres méthodiques, & dans le même dessein, je veux dire, de s’ériger en fondateur de secte. Pline ajoute que Valens étoit éloquent, & qu’il acquit une grande réputation dans son art. Il est vraisemblable que ce Valens est le même que celui que Cælius Aurelianus appelle Valens le physicien.

Vindiciamus, médecin grec de la secte des méthodiques, vivoit vers l’an 370. de J. C. & devint premier médecin de l’empereur Valentinien. Nous n’avons de lui qu’une seule lettre sur la médecine, epistola de medecina : elle est imprimée à Venise, cum antiquis medicis, chez Alde 1547. in-fol. p. 86.

Xénophon, médecin de Claude, fut si avant dans la saveur, que cet empereur obligea le sénat à faire un édit, par lequel on exemptoit, à la considération du médecin, les habitans de l’île de Cos de tous impôts pour toujours. Cette île étoit la patrie de Xénophon, qui se disoit de la race des Asclépiades, ou des descendans d’Esculape. Mais ce bienfait n’empêcha pas ce méchant homme, qui avoit été gagné par Agrippine, de hâter la mort de son prince, en lui mettant dans le gosier pour le faire vomir, une plume enduite d’un poison très-prompt. Il faut bien distinguer le Xénophon dont on vient