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la bataille qui s’y donna entre l’empereur Henri IV. & Rodolphe duc de Suabe. (D. J.)

MELULE, (Géogr.) Mellulus, grande riviere d’Afrique au royaume de Fez. Elle sort du mont Atlas, & se rend dans le Mulnya qui est le flumen Malva des anciens, qui séparoit les deux Mauritanies, la Tingitane & la Césarienne ; de même le Mulnya sépare aujourd’hui les royaumes de Fez & d’Alger. (D. J.)

MELUN, (Géog.) ville de France dans le Hurepoix, aux confins du Gâtinois, sur la Seine, à dix lieues au-dessus de Paris, à quatre au-dessous de Fontainebleau, & à quatorze de Sens.

Cette ville est fort ancienne ; & si l’on en croit ses citoyens, elle a servi de modele pour bâtir celle de Paris. Ce qu’il y a de sûr, c’est que la figure & la situation de ces deux places sont parfaitement semblables. La riviere de Seine forme une île à Melun, & coupe la ville en trois parties : l’une du côté de la Brie qui est la ville, celle de l’île qui est la cité, & celle qui touche le Gâtinois.

L’ancien nom de Melun est Melodunum ; elle est nommée Metiosedum, dans les commentaires de César, dit le savant abbé de Longuerue ; mais cet habile homme auroit eu bien de la peine à le prouver, & pour n’en pas dire ici davantage, voyez Metiosedum. Melun étoit autrefois dans le territoire des Sénonois ; aussi est-elle encore du diocese de Sens.

On avoit cru voir dans cette ville les vestiges d’un temple consacré à Isis. Mais après avoir mieux regardé, il s’est trouvé, que ce qu’on y montre sous ce nom, sur le bord de l’île vers le Nord, à côté de l’église de Notre-Dame, n’est qu’un reste de salle des chanoines de ce lieu, & son antiquité ne paroît pas remonter plus haut que le regne du roi Robert. C’est un bâtiment de forme quarrée-longue, dont il n’y a plus que les quatre murs.

Melun a été assiégé & pris plusieurs fois par les Anglois & le duc de Bourgogne. Les habitans en chasserent les premiers, & y reçurent les troupes de Charles VII. Ce prince, par reconnoissance leur accorda de beaux privileges, dont il ne leur reste que les lettres patentes en date du dernier Février 1432. Le bailliage & le siege présidial de Melun se gouvernent par une coutume particuliere appellée la coutume de Melun, qui fut rédigée en 1560. Long. 20. 16. lat. 48. 33.

Cette ville a été le tombeau de deux de nos rois & la patrie d’un homme qui fut le précepteur de deux autres, après avoir commencé par l’être des enfans d’un particulier (de M. Bouchetel) secrétaire d’état. On sait que je veux parler de Jacques Amyot, qui de très-basse naissance, parvint aux plus éminentes dignités.

La traduction des amours de Théagene & de Chariclée qu’il mit au jour en 1549, en fut l’origine. Elle le fit connoître à la cour, & Henri II. lui donna pour lors l’abbaye de Bellozane en 1551, il fut nommé pour aller à Trente, & y prononça au nom du roi, cette protestation si hardie & si judicieuse, que l’on ne cesse de lire avec plaisir dans les actes de ce concile. Peu de tems après son retour d’Italie, il fut choisi par Henri II. pour être le précepteur de ses enfans. Ce fut à la reconnoissance de ses augustes éleves, qu’il dut sa fortune. Charles IX. le fit évêque d’Auxerre & grand aumônier. Henri III. lui donna le cordon bleu, qu’à sa considération il attacha pour toujours à la grande aumônerie. Enfin il mourut comblé de célébrité, de gloire & d’années en 1593, étant presqu’octogénaire.

Son principal ouvrage est sa traduction de toutes les œuvres de Plutarque, dont nous avons deux éditions très-belles par Vascosan, l’une in-fol. & l’autre in-8.

Les graces du style la firent réussir avec avidité, quoiqu’elle soit souvent infidele ; & malgré les changemens arrivés dans la langue, on la lit toujours avec plaisir. Les vies des hommes illustres ont été traduites plusieurs fois depuis Amyot, mais sa traduction est toujours restée seule entre les mains de tout le monde, & celle-même de M. Dacier, qui parut en 1722, ne l’a point fait oublier.

Disons un mot des rois Robert & Philippe, morts à Melun. Le premier y finit sa carriere le 20 Juin 1031, à soixante ans. On sait tout ce que ce prince éprouva de Grégoire V. au sujet de son mariage avec Berthe. Il fallut qu’il obéît ; & même ensuite combien de pélérinages ne se crut-il pas obligé de faire à Rome ?

Le roi Philippe termina ses jours à Melun, âgé de cinquante-sept ans, le 29 Juillet 1108. Son regne célebre par sa longueur, le fut sur-tout par plusieurs grands évenemens, où ce monarque ne prit point de part ; de sorte qu’il parut d’autant plus méprisable à ses sujets, que le siecle étoit plus fécond en héros. (D. J.)

MÉMARCHURE, s. f. (Maréchall.) on appelle ainsi l’effort qu’un cheval se donne au paturon, en posant son pié à faux. Voyez Paturon.

MEMBRANE, s. f. (Anat.) c’est une espece de peau mince, flexible, formée de diverses sortes de fibres entrelacées ensemble, & qui sert à couvrir ou à envelopper certaines parties du corps. Voyez Corps & Partie

Les membranes du corps sont de différentes sortes, & ont différens noms ; tels sont le perioste, la plevre, le péricarde, le péritoine, &c. Voyez-les chacun dans son article, &c. tels sont aussi la membrane adipeuse, la membrane charnue, la membrane appellée nictitans.

Les membranes des vaisseaux se nomment tuniques, & celles qui couvrent le cerveau, portent le nom particulier de meninges. V. Tunique & Meninges.

Les fibres des membranes leur donnent une élasticité, au moyen de laquelle elles peuvent se contracter, & embrasser étroitement les parties qu’elles enveloppent ; & ces fibres étant nerveuses, leur donnent un sentiment exquis, qui est la cause de leur contraction : ainsi elles ne peuvent guere souffrir les médicamens âcres, & se réunissent difficilement quand elles sont blessées. Elles sont garnies de quantité de petites glandes qui séparent une humeur propre à humecter les parties qu’elles renferment. L’épaisseur & la transparence des membranes sont cause qu’on y apperçoit mieux que dans aucune autre partie du corps, les ramifications des vaisseaux sanguins, dont les divisions infinies, les tours & les détours en mille manieres, les fréquentes anastomoses, non-seulement des veines avec les arteres, mais aussi des veines avec les veines, & des arteres avec les arteres, forment un réseau très-délicat qui couvre toute la membrane, & qui est très-agréable à voir. Voyez Vaisseau, &c.

L’usage des membranes est de couvrir & envelopper les parties, & de les fortifier, de les garantir des injures extérieures, de conserver la chaleur naturelle, de joindre une partie à l’autre, de soutenir les petits vaisseaux & les nerfs qui s’étendent dans leurs duplicatures, d’empêcher les humeurs de retourner dans leurs vaisseaux, comme les valvules empêchent le sang de retourner au cœur & dans les veines, d’empêcher le chyle de retourner dans le canal thorachique, & la lymphe dans les vaisseaux lymphatiques. Voyez Valvule, &c.

Les Anatomistes avancent généralement qu’il y a une membrane commune à tous les muscles : l’aponevrose que l’on voit à plusieurs, les a jettés dans cette erreur ; car si on y fait bien attention, on ne