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la colonne qui le soutenoit ; on dit columna mensa pour le menianum. Les Italiens ont fait leur mot mignani du mot menianum des anciens. Voyez Meniane.

MENIMA, (Hist. nat.) animal quadrupede de l’île de Ceylan, qui ressemble parfaitement à un daim, mais qui n’est pas plus gros qu’un lievre ; il est gris & tacheté de blanc ; sa chair est un manger délicieux.

MENIN, s. m. (Hist. mod.) ce terme nous est venu d’Espagne, où l’on nomme meninos, c’est-à-dire, mignons ou favoris, de jeunes enfans de qualité placés auprès des princes, pour être élevés avec eux, & partager leurs occupations & leurs amusemens.

Menin, (Géog.) en flamand Menéen, ville des Pays-bas dans la Flandre. Le seigneur de Montigni la fit fermer de murailles, en 1578 ; elle a été prise & reprise plusieurs fois. Les Hollandois étoient les maîtres de cette place par le traité de Baviere de 1715, & y mettoient le gouverneur & la garnison. Menin a fleuri jusqu’en 1744, que Louis XV. s’en empara, & en fit raser les fortifications. C’est à présent un endroit misérable. Elle est sur le Lis, entre Armentieres & Courtrai, à trois lieues de cette derniere ville, autant de Lille & d’Ipres. Long. 20, 44. lat. 50, 49. (D. J.)

MENINGÉE, s. f. (Anatomie.) nom d’une artere qui se distribue à la dure-mere sur l’os occipital, & aux lobes voisins du cerveau, est une branche de la vertébrale. Voyez Cerveau, Menin & Vertebrale.

MENINGES, μηνιγγες, (Anatomie.) ce sont les membranes qui enveloppent le cerveau. Voyez Cerveau.

Elles sont au nombre de deux : les Arabes les appellent meres ; c’est de-là que nous les nommons ordinairement dure-mere, & pie-mere. L’arachoïde est considérée par plusieurs anatomistes comme la lame externe de la pie-mere. Voyez Dure-mere & Pie-mere.

MENINGOPHILAX, s. m. (Chirur.) instrument de chirurgie dont on se sert au pansement de l’opération du trépan. Il est semblable au couteau lenticulaire, excepté que sa tige est un cylindre exactement rond, & n’a point de tranchant. Sa lentille, qui est située horisontalement à son extrémité, doit être très-polie pour ne pas blesser la dure-mere. L’usage de cet instrument est d’enfoncer un peu avec sa lentille la dure-mere, & de ranger la circonférence du sindon sous le trou fait au crane par la couronne du trépan. Voyez la fig. 16. Pl. XVI. On peut avoir une lentille à l’extrémité du stilet dans l’étui de poche, & supprimer le meningophilax du nombre des instrumens non portatifs.

Meningophilax est un mot grec, qui signifie gardien des meninges ; il est composé μήνιγξ, genit. μήνιγγος, membrana meninx, membrane meninge, & de φύλαξ, custos, gardien.

On peut aussi se servir pour le pansement du trépan d’un petit levier applatti par ses bouts. Pl. XVI. fig. 17. (Y)

MENIPPÉE, (Littérat.) satyre menippée, sorte de satyre mêlée de prose & de vers. Voyez Satyre.

Elle fut ainsi nommée de Menippe Gadarenien, philosophe cynique qui, par une philosophie plaisante & badine, souvent aussi instructive que la philosophie la plus sérieuse, tournoit en raillerie la plûpart des choses de la vie auxquelles notre imagination préte un éclat qu’elles n’ont point. Cet ouvrage étoit en prose & en vers ; mais les vers n’étoient que des parodies des plus grands poetes. Lucien nous a donné la véritable idée du caractere de cette espece de satyre, dans son dialogue intitulé la Necromancie.

Elle fut aussi appellée varroniene du savant Varon,

qui en composa de semblables, avec cette différence, que les vers qu’on y lisoit étoient tous de lui, & qu’il avoit fait un mélange de grec & de latin. Il ne nous reste de ces satyres de Varron que quelques fragmens, le plus souvent fort corrompus, & les titres qui montrent qu’il avoit traité un grand nombre de sujets.

Le livre de Seneque sur la mort de l’empereur Claude, celui de Boëce de la consolation de la Philosophie, l’ouvrage de Pétrone, intitulé Satiricon, & les Césars de l’empereur Julien, sont autant de satyres menippées, entierement semblables à celles de Varron.

Nos auteurs françois ont aussi écrit dans ce genre ; & nous avons en notre langue deux ouvrages de ce caractere, qui ne cedent l’avantage ni à l’Italie, ni à la Grece. Le premier c’est le Catolicon, même plus connu sous le nom de satyre menippée, où les états tenus à Paris par la ligue, en 1593, sont si ingénieusement dépeints, & si parfaitement tournés en ridicule. Elle parut, pour la premiere fois, en 1594, & on la regarde, avec raison, comme un chef-d’œuvre pour le tems. L’autre, c’est la Pompe funebre de Voiture par Sarrasin, où le sérieux & le plaisant sont mélés avec une adresse merveilleuse. On pourroit mettre aussi au nombre de nos satyres menippées l’ouvrage de Rabelais, si sa prose étoit un peu plus mélée de vers, & si par des obscénités affreuses il n’avoit corrompu la nature & le caractere de cette espece de satyre. Il ne manque non plus que quelques mélanges de vers à la plûpart des pieces de l’ingénieux docteur Swift, d’ailleurs si pleines de sel & de bonne plaisanterie pour en faire de véritables satyres menippées. Disc. de M. Dacier, sur la satyre. Mém. de l’ac. des bell. Lettres.

MENISPERMUM, (Botan.) genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs feuilles disposées au-tour du même centre. Le pistil est à trois pieces dont chacune devient une baie qui renferme ordinairement une semence plate échancrée en croissant. Tournefort, Mém. de l’acad. roy. des Sciences, année 1705. Voyez Plante.

MENISQUE, s. m. (Optique.) verre ou lentille concave d’un côté & convexe de l’autre, qu’on appelle aussi quelquefois lunula. Voyez Lentille & Verre.

Nous avons donné à l’article Lentille une formule générale par le moyen de laquelle on peut trouver le foyer ou le point de réunion des rayons. Cette formule est , dans laquelle z marque la distance du foyer au verre, y la distance de l’objet au verre, a le rayon de la convexité tournée vers l’objet, b le rayon de l’autre convexité. Pour appliquer cette formule aux menisques, il faudra faire a négatif ou b négatif, selon que la partie concave sera tournée vers l’objet ou vers l’œil : ainsi on aura dans le premier cas  ; & dans le second,  : delà on tire les regles suivantes.

Si le diametre de la convexité d’un menisque est égal à celui de la concavité, les rayons qui tomberont parallelement à l’axe, redeviendront paralleles après les deux réfractions souffertes aux deux surfaces du verre.

Car soit a=b & y infinie ; c’est-à-dire supposons les rayons des deux convexités égaux, & l’objet à une distance infinie, afin que les rayons tombent paralleles sur le verre ; on aura dans le premier cas & dans le second  : ce qui donne z infinie, & par conséquent les rayons seront paralleles en