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Magalopolitains. Polybe, Thucydide, Xénophon & Etienne le géographe en font mention. (D. J.)

MÉTHYMNE, (Géog. anc.) en latin Methymnus ; ville de la partie occidentale de l’île de Lesbos, sur la lisiere du nord, vis-à-vis le promontorium lectum, aujourd’hui le cap Babourou ; Ptolomée, lib. V. c. ij. la place entre le promontoire Argenum & la ville Antissa. Elle étoit célébre par la bonté de ses vignobles, uvâ methymnæâ, palmite methymnæo, comme disent Horace & Virgile. Elle l’étoit encore par la naissance d’Arion poëte lyrique qui fleurissoit vers la 38e. olympiade. La fable assure qu’ayant été jetté dans la mer, il fut sauvé par un dauphin, qui le porta sur son dos jusqu’au cap de Ténare près de Lacédémone.

Méthymne subsistoit du tems de Pline, mais à présent on ne voit plus que ses ruines dans l’île de Mételin : & Strabon a si bien décrit la situation de toutes les anciennes villes de l’île de Lesbos, qu’on découvre aisément les endroits qu’elles occupoient, en parcourant le pays son livre à la main.

J’oubliois de dire que nous avons encore des médailles grecques qui ont été frappées à Méthymne ; & qu’il y avoit du tems de Pausanias entr’autres statues de Poëtes & de Musiciens célébres, celle d’Arion le méthymnéen, assis sur un dauphin. J’ajoute enfin que cette ville avoit pris son nom de Methymna, qui étoit une fille de Macaris. (D. J)

METICAL, s. m. (Hist. mod. Com.) monnoie fictive suivant laquelle on compte dans le royaume de Maroc en Afrique. Dans ce pays les marchands comptent par onces ; chaque once vaut quatre blankits, & seize onces font un métical, qu’ils nomment aussi un ducat d’or : cependant dans le commerce on ne reçoit le vrai ducat que sur le pié de . onces. Le blankit vaut 20 fluces, monnoie de cuivre qui vaut environ un liard. Les maroquins ont de plus une petite monnoie d’argent, qui vaut environ 4 sols ; mais que les Juifs ont grand soin de rogner, ce qui est cause que l’on ne peut recevoir cette monnoie sans l’avoir pesée.

METICHÉE, s. m. (Hist. anc.) tribunal d’Athènes. Il falloit avoir passé 30 ans, s’être fait considérer, & ne rien devoir à la caisse publique, afin d’être admis à l’administration de la justice. En entrant en charge, on juroit à Jupiter, à Apollon & à Cérès, de juger en tout suivant les lois ; & dans les cas où il n’y auroit point de loi, de juger selon la conscience. Le metichée fut ainsi nommé de l’architecte Metichius.

METIOSEDUM, (Géog. anc.) lieu de la Gaule celtique, voisin de Paris, dont il est parlé dans César, lib. VII. de bello Gallico. Labinus général de l’armée romaine, voulant s’emparer de Paris, conduisit les troupes qu’il avoit à Metiosedum, vers cette ville en descendant la riviere, secundo flumine transducit. Ceux qui mettent Metiosedum au dessous de Paris, se persuadent que c’étoit Meudon ; d’autres imaginent que c’est Melun ; mais M. le Bœuf, par ses observations sur le Metiosedum de César, a prouvé l’erreur de ces deux opinions, sans oser décider quel est le lieu au-dessus de Paris appellé Métiosedum. Il incline seulement à croire que ce pourroit être Juvisy, Josedum, mot qui semble avoir été abrégé de Metiosedum. (D. J.)

METIER, s. m. (Gram.) on donne ce nom à toute profession qui exige l’emploi des bras, & qui se borne à un certain nombre d’opérations méchaniques, qui ont pour but un même ouvrage, que l’ouvrier repéte sans cesse. Je ne sais pourquoi on a attaché une idée vile à ce mot ; c’est des metiers que nous tenons toutes les choses nécessaires à la vie. Celui qui se donnera la peine de parcourir les atteliers, y verra par-tout l’utilité jointe aux plus grandes

preuves de la sagacité. L’antiquité fit des dieux de ceux qui inventerent des metiers ; les siecles suivans ont jetté dans la fange ceux qui les ont perfectionnés. Je laisse à ceux qui ont quelque principe d’équité, à juger si c’est raison ou préjugé qui nous fait regarder d’un œil si dédaigneux des hommes si essentiels. Le poëte, le philosophe, l’orateur, le ministre, le guerrier, le héros, seroient tout nuds, & manqueroient de pain sans cet artisan l’objet de son mépris cruel.

On donne encore le nom de metier à la machine dont l’artisan se sert pour la fabrication de son ouvrage ; c’est en ce sens qu’on dit le metier à bas, le metier à draps, le metier à tisserand.

Si nous expliquions ici toutes les machines qui portent ce nom, cet article renfermeroit l’explication de presque toutes nos Planches ; mais nous en avons renvoyé la plûpart au nom des ouvriers ou des ouvrages. Ainsi à bas, on a le metier à bas ; à manufacture en laine, le metier à draps ; à soierie, les metiers en soie ; à gaze, le metier à gaze, & ainsi des autres.

Metier, terme & outil de Brodeur, qui sert pour tenir l’ouvrage en état d’être travaillé. Cette machine est composée de deux gros bâtons quarrés, de la longueur de 3 à 4 piés, & de deux lattes, de la longueur de 2 piés & demi.

Les bâtons sont garnis tout du long en-dedans, d’un gros canevas, attaché avec des clous pour y coudre l’ouvrage que l’on veut broder. Les deux bouts de chaque bâton sont creusés & traversés par 4 mortaises, pour y faire passer les lattes, ce qui forme un espece de quarré long.

Les lattes sont de petites bandes de bois plat, percées de beaucoup de petits trous pour arrêter les bâtons & les assujettir au point qu’il faut. Voyez la fig.

Metier, en terme d’Epinglier, est un instrument qui leur sert à frapper la tête de leurs épingles. Il est composé d’une planche assez large & épaisse, qui en fait la base, de 2 montans de bois, liés ensemble par une traverse. Dans l’un de ces montans, qui est plus haut que l’autre d’environ un demi pié, passe une bascule, qui vient répondre par une de ses extrémités au milieu de la traverse des montans, & s’y attache à la corde d’un contre-poids assez pesant ; elle répond de l’autre bout à une planche qu’on abaisse avec le pié. Dans cette premiere cage sont 2 autres broches de fer, plantées sur la base du metier, & retenues dans la traverse d’en-haut. Au bas du contre-poids est une autre traverse de fer, qui coule le long de ces broches, & empêche que le contre-poids ne s’écarte du point sur lequel il doit tomber, qui est le trou du poinçon. Il y a dans ce contre-poids un têtoir pareil à celui de dessous, pour former la partie supérieure de la tête, pendant que celui-ci fait l’autre moitié, & par ce moyen la tête est achevée d’un seul coup. Voyez dans les fig. Pl. de l’Epinglier, les deux montans, la traverse, les deux broches, la traverse du contre poids, le contre-poids, le têtoir supérieur, l’enclavure au têtoir inférieur : la bascule, son articulation avec le montant, la corde qui joint la bascule avec la marche, sur laquelle l’ouvrier appuye le pié pour faire lever le contre-poids, les épingles dont la tête n’est point achevée, les épingles dont la tête est entierement achevée. Les figures de ces Planches de l’Epinglier, représentent un metier à une place, & un metier à quatre ; & d’autres figures représentent le plan d’un metier à quatre places : les places, le contre-poids, l’enclume, la bascule.

Metiers, est un terme de Brasserie ; il signifie la liqueur qu’on tire après qu’on a fait tremper ou bouillir avec la farine ou houblon ; les premieres opérations se nomment premiers metiers, & les secondes