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ulceres, soit internes, soit externes. Il guérit le crachement & le pissement de sang ; il résout le sang grumelé ; il excite les regles & les urines ; il tue les vers. On dit qu’il délivre les possédés ; c’est pourquoi on l’appelle fuga dæmonum ; non pas parce que les démons s’enfuient à la vûe de cette plante, mais parce qu’elle est utile à ceux qui sont parvenus à un tel point de mélancholie & de manie, qu’ils passent pour possédés.

On emploie souvent les sommités fleuries, infusées ou bouillies dans de l’eau, ou dans du vin, à la dose d’une poignée. On en prescrit quelquefois les feuilles & les graines en substance, à la dose d’un gros, seules ou mêlées avec d’autres vulnéraires. Geoffroi, matiere médicale.

On se sert encore plus communément des feuilles de millepertuis infusées dans du lait bouillant, ou de leur infusion mêlée avec pareille quantité de lait. C’est sous cette forme qu’on emploie le plus communément ce remede dans les phthisies pulmonaires commençantes, & dans tous les cas d’ulceres internes. Sur quoi il faut observer que l’huile essentielle, & la partie balsamique, si l’hypéricum en contient en effet une autre que son huile, ne passent ni dans l’eau, ni dans le lait, & fort peu dans le vin ; ensorte que si le principe huileux ou balsamique quelconque possédoit en effet une vertu vulnéraire & cicatrisante éprouvée, la meilleure forme sous laquelle on pourroit donner le millepertuis, seroit celle de conserve. La teinture qu’on en tire par l’esprit-de-vin, qui est véritablement empreinte du principe dont nous venons de parler, ne sauroit être employée dans les cas où le millepertuis est indiqué comme vulnéraire. Cette teinture ne peut s’employer que comme vermifuge, anti-hystérique, diurétique, &c.

On prépare dans les boutiques une huile par infusion des sommités fleuries, ou chargées de graines de millepertuis. Cette préparation est du petit nombre de celles qui sont selon les bons principes de l’art, puisque le millepertuis, en cela différent de la plûpart des plantes avec lesquelles on prépare des huiles par infusion ou par coction, contient un principe vraiment médicamenteux soluble par les menstrues huileux, & qu’il contient même ce principe à une proportion très-considérable. Aussi l’huile par infusion de millepertuis, qui est un mélange d’huile essentielle & d’huile par expression, est-elle un remede externe puissamment résolutif.

Les feuilles & les sommités de cette plante entrent dans l’eau vulnéraire ; ses feuilles dans l’eau générale, & dans la poudre contre la rage ; ses sommités fleuries, dans l’huile de scorpion composée ; l’herbe, dans le syrop d’armoise, & l’onguent martiatum ; les fleurs dans la thériaque, le mithridate, le baume tranquille, & le baume du commandeur ; ses sommités, dans le baume vulnéraire, & l’huile de petits chiens. Son huile par infusion dans l’emplâtre oppodeltoch. (b)

MILLEPIÉS, s. m. mille-pes, CENTPIÉS, MALFAISANT, SCOLOPENDRE, (Hist. natur. Insect.) Cet insecte venimeux de l’Amérique, ressemble à une chenille ; il s’en voit qui ont six à sept pouces de long ; mais ceux des Antilles n’excedent guere la longueur de quatre à cinq, & ne sont pas plus gros que l’extrémité du petit doigt : cet animal est plus large qu’épais, il est couvert d’un bout à l’autre par un seul rang d’écailles peu convexes, larges, molles, d’une couleur brune, & emboîtées les unes sur les autres, comme celles de la queue d’une écrevisse.

Deux rangées de petites pattes déliées, comme des brins de gros fil, au nombre de 30 ou 40, garnissent les deux côtés du corps dans toute sa longueur.

La tête est ronde, plate, d’une couleur rougeâtre, ayant deux petits yeux noirs presque imperceptibles, & deux petites antennes qui s’écartent & se recourbent à droite & à gauche en forme d’y-grec ; sous la tête sont deux défenses noires, dures, crochues, fort aiguës, mobiles, avec lesquelles l’animal pique violemment : sa partie postérieure se termine en fourche par deux especes de longues pattes qui s’écartent & se rapprochent selon le besoin qu’il en a.

Cet insecte est fort incommode ; il se gîte dans le bois pourri, dans les fentes des murailles, derriere les meubles, entre les livres, & quelquefois dans les lits ; sa piquure cause une vive douleur, suivie d’une enflure considérable, toujours accompagnée d’inflammation, & souvent de fievre.

Les remedes à ce mal sont les mêmes qu’on emploie contre la piquure des scorpions.

Quelques auteurs ont confondu la bête à millepiés avec un autre insecte de l’Amerique qui pourroit, avec plus de raison, porter le nom de millepiés, à cause de la multitude de ses pattes. Voyez l’article Congory. M. le Romain

MILLEPORES, s. m. (Hist. nat.) c’est le nom que quelques naturalistes donnent à une espece de madrépore, ou de corps marin, semblable à un arbrisseau, dont la surface est remplie d’une infinité de petits trous qui pénetrent jusque dans l’intérieur de ce corps. Quelques naturalistes distinguent les millepores des madrépores ; ils ne donnent le premier nom qu’à des corps marins rameux remplis de trous parfaitement ronds, aulieu que les madrepores ont des trous étoilés. Cependant il paroît constant que les millepores ne doivent être regardés que comme des variétés des madrépores. Voyez Madrépore.

MILLERES, (Gram. & Com.) nom d’une monnoie d’or, en Portugal.

MILLEROLLE, s. f. (Commerce.) mesure dont on se sert en Provence pour la vente des vins & des huiles d’olive.

La millerolle revient à soixante-six pintes mesure de Paris, & à cent pintes mesure d’Amsterdam. Elle pese environ cent trente livres poids de marc. Dict. de Com.

MILLESIME, s. m. (Gram.) c’est le chiffre qui marque le mille des années courantes, depuis une date déterminée, dans les actes, sur les monnoies.

MILLET, milium, s. m. (Botan.) genre de plante dont la fleur n’a point de pétale ; elle est disposée par petits faisceaux en un large épi. Chaque fleur a plusieurs étamines qui sortent d’un calice composé de deux feuilles. Le pistil devient dans la suite une semence arrondie ou ovale, & enveloppée d’une bâle qui a servi de calice à la fleur. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Voici ses caracteres, selon Ray. Il a un pannicule lâche, & divisé en plusieurs parties. Chaque fleur est portée sur un calice composé de deux feuilles, qui, en guise de pétale, servent à défendre les étamines & le pistil de la fleur, lequel se change en une semence de figure ovale & luisante.

Linnæus fait aussi du millet un genre distinct de plante qu’il caracterise ainsi : son calice est une espece de bâle, qui contient diverses fleurs. Il est composé de trois valvules, ovales, pointues. La fleur est plus petite que le calice, & est formée de deux valvules oblongues, dont l’une est plus petite que l’autre. Les étamines sont trois courts filets capillaires. Les bossettes sont oblongues, & le germe du pistil est arrondi. La fleur renferme la semence, & ne s’ouvre point pour la laisser tomber. La graine est unique & sphéroïde.

Boerhaave compte dix-sept ou dix-huit especes de ce genre de plante ; mais c’est assez de décrire ici les