Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 10.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus facilement l’abstinence, id. ibid. aphor. 13 & 14. La maladie touche à son terme & l’on peut juger la mort prochaine, lorsque les sueurs nocturnes sont abondantes, que les cheveux tombent, & que le cours de ventre survient. Id. lib. V. aphor. 12. On peut avoir quelqu’espérance si la foiblesse diminue, si la peau s’humecte, s’assouplit, &c. Le marasme senile demanderoit pour sa guérison les secrets de Medée, qui étant chimériques ne laissent aucun espoir dans cet état ; il n’y a que la mort qui puisse terminer cette maladie, après laquelle tout le monde soupire, & qu’on trouve cependant bien incommode.

Il est rare qu’on puisse donner des remedes avec succès dans le marasme parfait : lorsqu’il dépend de quelqu’évacuation excessive, les secours les moins inutiles sont les mets succulens, restaurans, analeptiques ; lorsqu’on soupçonne qu’il dépend de l’obstruction des glandes mésentériques, on peut essayer quelque leger apéritif stomachique : les savoneux ont quelquefois réussi chez les enfans dans les premiers degrés de marasme, de même que la rhubarbe, les martiaux pour ceux qui sont sevrés, les frictions sur le bas-ventre. On a vu quelques bons effets des bains, sur-tout lorsque le marasme étoit causé par les crinons. Je pense que les eaux minérales sulphureuses, telles que les eaux de Barrege, de S. Laurens, &c. pourroient avoit quelques succès dans certains cas : l’usage de ces eaux est souvent suivi d’une souplesse & d’une humectation de la peau toujours favorable & d’un bon augure. Dans des maladies aussi desespérées, on peut sans crainte essayer toutes sortes de remedes : quelquefois la guérison est opérée par les plus singuliers, & ceux qui paroissent les plus opposés. Hippocrate raconte dans ses épidémies, liv. V. que n’ayant pu venir à bout d’arrêter par aucun remede les progrès du marasme dans un homme, il le fit saigner aux deux bras jusqu’au blanc, comme on dit ; ce secours en apparence déplacé fit lui seul en peu de tems ce que les autres n’avoient pu faire. Galien guérit aussi une malade par la même méthode ; il fit tirer en trois jours plus de trois livres de sang, épidem. liv. VI. sect. 3. Il arrive aussi quelquefois que les malades désirent vivement certains mets, il faut bien se garder de les leur refuser : l’estomac digere bien ce qu’il appete avec avidité. Il y a une foule d’observations par lesquelles il conste que les alimens les plus mauvais en apparence ont opéré des guérisons surprenantes.

Un homme, au rapport de Panarole, fut guéri du marasme en mangeant des citrons en abondance, observ. 36. pentecost. 2. Une femme qui étoit dans le même cas dut pareillement sa guérison à une grande quantité d’huîtres qu’elle avala, Tulpius medic. obs. lib. II. observ. 8. De pareils faits assez fréquens, au grand deshonneur de la Medecine, devroient faire ouvrir les yeux aux medecins routiniers, & les convaincre de l’insuffisance de leur routine. Zacutus Lusitanus recommande dans le marasme particulier la pication, c’est-à-dire de faire frapper la partie atrophiée avec des férules enduites de poix, prax. admir. lib. I. observ. 136.

MARATHÉSIUM, (Géog.) ville d’Asie, dans la Lydie, aux confins de la Carie, selon Pline, l. V. c. xxix. Scylax, dans son Périple, la place entre Ephèse & Magnésie. (D. J.)

MARATHON, (Géog. anc. & mod.) bourg de Grece, dans l’Attique, sur la côte, à dix milles d’Athènes, du côté de la Béotie. Il tiroit son nom de Marathon, petit-fils d’Alœus, qui selon la fable, avoit le soleil pour pere. Etant arrivé dans la partie maritime de l’Attique, il fonda la bourgade de Marathon, & lui donna son nom. Ce lieu devint ensuite plus connu par la victoire de Thésée sur un furieux taureau qui ravageoit la tétrapole d’Atti-

que. Thésée le combattit dans le territoire de Marathon, le dompta, & le sacrifia au temple de Delphes. Mais le nom de Marathon s’est immortalisé par

la victoire que les Athéniens, sous la conduite de Miltiade, y remporterent sur les Perses la troisieme année de la soixante-deuxieme olympiade. On plaça dans la galerie des peintures d’Athènes, un tableau qui représentoit cette célebre bataille. Miltiade s’y vit seulement représenté dans l’attitude d’un chef, qui exhorte le soldat à faire son devoir ; mais tout vainqueur qu’il étoit, il ne put jamais obtenir que son nom fût écrit au bas du tableau ; on y grava celui du peuple d’Athènes.

Marathon, si fameux dans l’antiquité, a bien changé de face ; ce n’est plus qu’un petit amas de quinze ou vingt métairies, habitées par un centaine d’Albanois. Il est éloigné de trois milles de la mer, & de sept ou huit d’Ebréo-castro, ce qui répond aux soixante-quatre stades que Pausanias met de distance entre Marathon & Rhamnus.

Le même Pausanias parle aussi du lac de Marathon, & dit qu’il étoit en grande partie rempli de vase : les Perses mis en fuite s’y précipiterent d’épouvante.

La plaine de Marathon, où se donna cette grande bataille, s’appelle toujours campi Marathonis ; elle a environ douze milles de tour, & consiste pour la plus grande partie en des champs labourés, qui s’étendent depuis les montagnes voisines jusqu’à la mer.

Cette plaine est coupée par la riviere de Marathon, & c’est peut-être celle qu’on nommoit anciennement Macoria, elle vient du mont Parnèthe, passe de nos jours par le milieu du village de Marathon, & va se dégorger dans l’Euripe.

Je ne dois pas oublier de remarquer que les Atticus Herodès étoient de Marathon, & fleurissoient sous Nerva, Trajan & Marc-Aurele. Atticus pere, ayant trouvé dans sa maison un riche trésor, manda à l’empereur Nerva, ce qu’il vouloit qu’il en fit ; l’empereur lui répondit : « Vous pouvez user de ce que vous avez trouvé ». Atticus lui récrivit, que ce trésor étoit très-considérable, & fort au-dessus de la condition d’un particulier. Nerva lui répliqua : « Abusez si vous voulez de votre trésor inopiné, mais il vous appartient ». Le fils d’Atticus en jouit, & en employa une partie à décorer Athènes de superbes édifices. Il embellit aussi le Gymnase d’Olympie de superbes statues de marbre du mont Penthélique. En même tems il cultiva les lettres, les étudia sous Phavorien, & devint si éloquent, qu’il mérita lui-même d’avoir Marc-Aurele pour disciple. Il fut élu à la dignité de consul romain, & mourut à 76 ans. Il avoit fait plusieurs ouvrages dont parle Philostrate, & que le tems nous a ravis. (D. J.)

MARATHOS, (Géog. anc.) ville de la Phénicie, de laquelle Pomponius Méla, liv. I. chap. xij. dit, urbs non obscura Marathos ; c’est présentement Margat. (D. J.)

MARATHUSE, (Géog. anc.) en latin Maratussa, île d’Asie, sur la côte de l’Asie mineure, vers Ephese, selon Pline, liv. V. chap. xxxj. & près de Clazoménes, selon Thucydide ; son nom venoit de la quantité de fenouil dont elle abondoit. (D. J.)

MARATIENS, les (Géog. anc.) Maratiani, dans Pline, liv. VI. ch. xvj. ancien peuple à l’orient de la mer Caspienne, vers la Sogdiane. Le P. Hardouin lit Maraciani, & tire leur nom de Maraca, ville dans la Sogdiane, si l’Oxus, selon Ptolomée ; mais comme Pline a nommé, deux lignes plus haut, les habitans de Maraca, & qu’il les appelle Marucais il les distingue donc des Maratiani, qui nous restent toujours inconnus. (D. J.)

MARATTES, ou MAHARATAS, (Hist. mod.)