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dieux, par la superstition grossiere de ces peuples idolâtres. Quoi qu’il en soit, dans les inscriptions recueillies par Ramsius, on trouve qu’un Ti. Cl. Professus Niger, lequel avoit obtenu toutes les charges des cités de Langres & d’Autun, ordonna par son testament que l’on ajoutât un portique au temple du dieu Moristasgus, tant en son nom qu’en celui de sa femme & de ses filles. Cette inscription a été découverte dans les ruines de l’ancienne ville d’Alésia. Mém. de l’acad. des Inscr. t. XXIV. p. 361. (D. J.)

MORITONIUM, (Hist. anc.) lieu de France en Normandie aux confins de la Bretagne, M. de Valois dit qu’on l’appelle à présent Mortain.

MORLAIX, (Géogr.) ville de France en Bretagne, avec une rade qui peut passer pour un bon mouillage, un port qui reçoit des navires de cent tonneaux, & un château qu’on nomme le Taureau pour couvrir la ville.

Le mot de Morlaix est corrompu de Monrelaix ; car le nom latin du moyen âge est Mons Relaxus ; ce n’étoit qu’un château sur la fin du xij. siecle. Aujourd’hui Morlaix est plus considérable que la capitale du diocese. Il s’y fait un grand commerce de fil & de toile pour l’étranger. Même par un privilege exclusif, contraire au bien du pays, les marchands de Morlaix ont seuls le droit d’acheter les toiles de la main de l’ouvrier ou du marchand de la campagne qui les vend.

Cette ville est située sur une petite riviere qui porte son nom à 2 lieues de la mer & de Saint-Paul de Léon, 12 N. E. de Brest, 18 O. de Saint-Brieux, 110 de Paris. Long. 13. 45. latit. 48. 35. (D. J.)

MORLAQUIE, (Géog.) contrée de la Croatie, dont elle occupe la partie méridionale le long du golfe de Venise, entre l’Istrie & la Dalmatie. Les Morlaques sont sujets de la république de Venise, & habitent la montagne qu’on nomme Morlaque. Ce sont des fugitifs d’Albanie, gens déterminés, robustes, guerriers, toujours armés, qui parlent esclavon, & suivent la plûpart la religion des Grecs. (D. J.)

MORME, MORMO, MORMUROT, MARME, MORMIROT, MOSMYRUS, poisson de mer, assez ressemblant à la daurade, excepté qu’il a le corps moins rond, la tête plus longue & le museau plus pointu ; la bouche est de médiocre grandeur & garnie de petites dents, il a le dos d’un blanc bleuâtre & le ventre d’un blanc argenté ; les côtés du corps sont traversés par des bandes noires, également éloignées les unes des autres : la premiere du côté de la tête est la plus longue, les autres diminuent de longueur successivement, & la derniere est la plus courte. Ce poisson se nourrit de petits calemars, sa chair est molle & humide. Rondelet, Hist. des pois. part. I. liv. V. chap. xxij. Voyez Poisson.

Mormo, voyez Morme.

Mormurot, voyez Morme.

MORNE, adj. (Gramm.) triste, silentieux & sombre. Il ne se dit guere que des personnes & des choses personnifiées. Il y a des animaux en qui la nature est morne, & ils sont ordinairement méchans. Une passion violente & malheureuse est morne. Le désespoir, quand il est extrème, est morne.

Mornes, s. m. (Géog.) c’est ainsi qu’on appelle dans les îles françoises de l’Amérique les montagnes de moyenne hauteur, voisines de la mer, & comme détachées des hautes montagnes qui occupent le milieu des îles ; quelquefois ces dernieres sont aussi appellées mornes, ainsi que le gras morne, le morne du Vauclin & le morne de la Callebasse à la Martinique.

Morne, (Géog.) terme qu’emploient les François de l’Amérique pour signifier un cap élevé ou une petite montagne qui s’avance en mer ; c’est pour cela qu’ils nomment gros morne une haute montagne de

l’Amérique septentrionale dans l’île de la Martinique, près du bourg de la Trinité & de l’anse du Gallion. Vainement voudrions-nous rejetter aujourd’hui ces sortes de termes barbares, nous nous trouvons forcés de les adopter. (D. J.)

Morné, adj. terme de Blason, il se dit des lions & autres animaux qui n’ont ni dents, ni bec, ni langues, ni griffes, ni queue. Du Halgoet en Bretagne, d’azur au lion morné d’or.

MORNÉE, (Maréchal.) lance mornée. Voyez Lance.

MORNSHEIM, (Géog.) petite ville d’Allemagne au cercle de Franconie dans le Hanenkam, sur la Seyt. Elle appartient à l’évêque d’Aichstet. Long. 28. 12. latit. 49. 10. (D. J.)

MOROCHTUS, MOROCHITES ou MOROCTES, (Hist. nat.) nom donné par Pline à une espece de substance qui servoit à enlever les taches des habits. On dit qu’elle étoit très dure, très-pesante, douce au toucher, d’un blanc tirant sur le gris & verdâtre. M. Hill croit que c’est la même chose que la craie de Briançon, dans ce cas ce seroit un vrai talc. Voyez Craie de Briançon. Boëce de Boot donne le nom de morochtus à une pierre très-différente, les Allemands l’appellent milchstein ou pierre de lait, parce qu’il en sort un suc laiteux, il dit qu’on en trouve aussi de noires ; il ajoute qu’il s’en trouve aussi de verdâtres, de couleur de miel, de blanches & de grises. On ne sait pas ce que tout cela signifie. Voyez Boëce de Boot, de lapid. & gemmis. D’autres naturalistes ont regardé le morochtus comme une espece d’argille durcie ou de stéatite, & ayant une consistence de pierre ; d’autres encore ont donné ce nom à une craie ou marne durcie.

On voit par-là la confusion qui regne dans la nomenclature des substances fossiles, faute de les avoir examinées en chimiste. (—)

MORON, (Géogr.) petite ville d’Espagne dans l’Andalousie, au nord de Zahara, dans une vallée des plus riantes & des plus fertiles. Quelques géographes ont pensé que c’étoit l’Aruci de Ptolomée ; mais l’Aruci de cet auteur est Aroche sur la Guadiana. Long. de Moron, 13. 5. lat. 37. 10.

MOROSGI, (Géogr. anc.) ville d’Espagne, que Pline, liv. IV. chap. xx. donne aux Vardules. Le P. Hardouin conjecture que ce pourroit être Saint-Sébastien.

MORPETH, (Géogr.) ville à marché d’Angleterre, dans le Northumberland. Elle envoie deux députés au Parlement, & est sur le Wensbeck, à 10 milles N. de Newcastle, & 210 N. O. de Londres. Long. 15. 59. lat. 51. 12.

MORPHASMUS, (Art orchestiq.) en grec, μορφασμός, espece de danse chez les Grecs, dans laquelle on imitoit les transformations de Protée par un grand nombre de figures.

MORPHÉE, (Mythol.) ministre, ou, si l’on aime mieux, fils du Sommeil & de la Nuit ; habile, dit Ovide, à prendre la démarche, le visage, l’air, le son de voix de ceux qu’il veut représenter : son nom même le prouve. Frere de Phobetor & de Phantase, mais beaucoup plus aimable, il appaise les noirs soucis par les trompeuses illusions, & tient toute la nature dans un doux enchantement ; c’est lui qui répandant ses pavots sur les paupieres appesanties, fait couler une vapeur divine dans tous les membres fatigués ; il se plaît à envoyer aux hommes les songes légers, qui voltigeant sans cesse autour d’eux, les flattent par les images les plus riantes, & repoussent loin de leurs sens tout ce qui peut les réveiller avec trop de précipitation. Mais j’aime la peinture ingénieuse & forte que le poëte Rowe nous a faite du fils aîné du Sommeil. La voici :