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rieur sur le palier qui est garni d’une crapaudine.

Le palier, dont les deux extrémités sont terminées en tenons, est emmortoisé dans les deux braies dont les mortoises sont plus longues que les tenons n’ont de largeur, & où ils sont fixés par des coins ou clés. On fait ainsi cet assemblage pour pouvoir avec facilité rectifier l’engrenage de l’hérisson avec la lanterne, en l’approchant ou l’éloignant autant qu’il est nécessaire. Les deux braies sont mobiles dans de longues rainures pratiquées aux faces intérieures opposées des poteaux corniers où elles aboutissent. Ces quatre poteaux corniers sont assemblés par leur bout inférieur dans les semelles ou patins, qui sont eux-mêmes assemblés à mi-bois. & ils sont affermis dans la situation verticale par huit liens assemblés à tenons & mortoises, embrevés dans les poteaux & dans les patins. Les poteaux corniers sont aussi réliés ensemble deux à deux par des chapeaux dont la longueur est perpendiculaire à la ligne qui joint ensemble les centres de l’hérisson & de la lanterne. Les chapeaux sont joints ensemble par deux entre-toises & les solives qui composent le fond du plancher des meules.

Du côté opposé à l’hérisson, se trouve la huche dans laquelle tombe la farine mêlée au son ; car le moulin n’a pas de blutoir.

Si on vouloit y en adapter un, il faudroit placer le treuil vertical du blutoir près d’un des angles de la cage, & le blutoir passeroit sous le plancher des meules, pour aller rencontrer quelques uns des fuseaux de la lanterne H, prolongés au-dessus d’une des tourtes qui la composent ; le reste du blutoir seroit disposé comme il a été dit ci-dessus en parlant du blutoir du moulin à vent.

La trémie L & l’auget K, disposés, par rapport aux meules, de la même maniere que dans le moulin à vent, sont supportés par le plancher supérieur auquel on monte par un escalier pratiqué dans un des angles du bâtiment. Ce plancher est percé d’une ouverture quarrée, dans laquelle est placée la trémie. Il y a aussi une autre ouverture que l’on ferme avec une trape, par laquelle & au moyen d’un engin ou treuil mû par le hérisson horisontal G, on parvient à monter les sacs de blé non moulu au second étage, pour être versé dans la trémie. Voyez les Pl. & leur explication.

Les moulins construits sur des bateaux ne different de ceux-ci qu’en ce que la roue à aubes est double, c’est-à-dire qu’il y en a deux, une à chaque bout de l’arbre horisontal qui traverse le bateau. Cet arbre a deux coliers garnis d’allumelles qui roulent sur deux semelles fixes sur les plats-bords du bateau. Il porte un hérisson dont les dents engrenent dans une lanterne fixée sur un autre arbre horisontal & parallele au premier. Cet arbre porte un rouet dont les dents conduisent la lanterne des meules. Il y a un frein autour de ce rouet, dont les extrémités sont attachées aussi-bien que la bascule qui le roidit, à la cage de charpente qui soutient les meules. Le reste comme dans celui que nous venons de décrire.

Il y a des moulins à eau d’une autre construction plus simple que la précédente ; mais ils ne peuvent être établis que dans les lieux où on a une chute d’eau de quatre ou cinq piés de hauteur au-moins. Ayant donc construit en bonne maçonnerie la cage du moulin & le contre-mur qui avec une des faces du bâtiment forme le canal ou coursier dans lequel la roue à aubes doit être placée, & dans lequel l’eau doit couler ; ce coursier est fermé par une vanne que l’on ouvre quand on veut laisser tourner le moulin. Il y a aussi dans le canal supérieur une autre vanne que celle qui répond au coursier, par laquelle on peut vuider le canal, & un déchargeoir pour laisser écouler l’eau superflue.

La roue à aubes de 15 ou 18 piés de diametre, est composée de deux cercles de charpente assemblés parallelement sur l’axe horisontal qui traverse le coursier. Sur la circonférence de cette roue formée de planches, sont fixées perpendiculairement les aubes au nombre de seize ou vingt ; le même axe porte un rouet de neuf piés de diametre, placé dans la cave du moulin. Ce même rouet qui a 48 aluchons, mene une lanterne de neuf ou dix fuseaux, fixée sur l’arbre de fer de la meule supérieure. Le pivot inférieur de cet arbre de fer tourne dans une crapaudine posée sur un palier ; le palier est supporté par une braie qui est elle-même suspendue, au moyen d’une épée de fer, à une tempure dans l’étage supérieur, dont la corde va se fixer quelque part auprès de la huche. Le bout supérieur du fer, moins gros que le reste, entre dans le trou quarré de l’X ou anil de fer scellé à la partie inférieure de la meule supérieure. Le reste de ces moulins est semblable à ceux décrits ci-dessus.

Lorsque l’eau destinée à faire tourner un moulin, n’est pas abondante, & que la chute a beaucoup de hauteur, on la conduit au-dessus de la roue par une buse ou canal de bois, dont l’entrée se ferme avec une vanne, quand on veut arrêter le moulin. La circonférence des jantes de la roue est couverte de planches, & forme un cylindre ou tambour, dont la surface sert de fond à un grand nombre d’auges composées de planches latérales qui font tout le tour de la roue, & de planches transversales comme des aubes, mais inclinées du côté de la buse, par où l’eau vient. L’eau venant à tomber au haut de la roue, dans les auges qu’on appelle pots, son choc & son poids la font tourner ; & par conséquent le reste du moulin comme celui ci-dessus.

Mais si l’eau a beaucoup de chute, & qu’elle soit en quantité suffisante, on peut construire un moulin avec encore moins de frais, comme ceux, par exemple, construits en Provence & en Dauphiné ; ils n’ont qu’une seule roue horisontale de six ou sept piés de diametre, & dont les aubes sont faites en cuillieres pour mieux recevoir le choc de l’eau qui coule dans une buse, tuyau ou canal d’un pié environ d’ouverture dirigée à la concavité des cuillieres. L’axe de cette roue, sur lequel la meule est aussi fixée, terminé en embas par un pivot, roule sur une crapaudine placée sur un sommier dont une des extrémités pose sur un seuil dans la cave du moulin ; l’autre extrémité du même sommier pose sur une braie, ou est suspendue par une épée à une tempure par le moyen de laquelle on approche ou on éloigne la meule tournante de la meule gissante. On arrête ces sortes de moulins, en interceptant le cours de l’eau par le moyen d’une vanne ou d’un clapet à bascule, que l’on peut mettre en mouvement de dedans le bâtiment même du moulin. L’eau étant arrêtée ou obligée de prendre un autre cours, le moulin cessera de tourner ; quant à celle qui vient frapper les cuillieres ou aubes de la roue qui est dans la cave du moulin, elle s’écoule par une ouverture pratiquée à une des murailles de cette cave.

On trouve au Basacle à Toulouse des moulins de cette espece, qui sont ce qu’il y a de mieux imaginé & de plus simple jusqu’à présent.

Il y a aux moulins du Basacle seize meules de front placées dans un même bâtiment en-travers de la riviere ; & comme elles sont toutes mues de même par la force du courant, il suffira d’expliquer ce qui convient à deux ou trois de ces meules.

On a construit plusieurs piles de mâçonnerie qui servent de piés droits à des arcades de trois à trois piés & demi de largeur, qui divisent le canal en seize canaux différens : les avants & arrieres becs des piles sont éloignés l’un de l’autre de cinq &