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étoit une espece de couronne garnie de dents par le haut, semblables aux créneaux des murailles. Voyez Couronne.

La couronne murale étoit la récompense de ceux qui avoient monté les premiers à l’assaut sur les murailles d’une ville ennemie.

Arc mural est une espece de mur ou arc en forme de mur, qu’on place exactement dans le plan du méridien, c’est-à-dire sur la ligne méridienne, pour y fixer un grand quart de cercle, un sextant, ou quelqu’autre instrument, afin d’y observer la hauteur méridienne des astres. Voyez Ligne méridienne & Hauteur méridienne.

Tycho Brahé est le premier qui se soit servi d’arc mural dans ses observations ; après lui MM. Flamsteed & de la Hire s’en sont servi aussi. Voyez Céleste.

MURANO, (Géogr.) île d’Italie, à un mille au nord de Venise, avec une ville qu’on appelle une autre Venise, qui fait les délices des Vénitiens. Cette île a trois milles de tour, & est divisée en deux parties par un grand canal. Elle fut autrefois la retraite des Alcinates & des Opitergiens, qui s’y réfugierent pour se mettre à couvert de la fureur des Huns. (D. J.)

MURASAKI, (Hist. nat. Botan.) c’est une plante du Japon à tige ronde, dont les feuilles sont longues de deux pouces, rondes, placées une à une, alternes, épaisses, pointues & sans découpures ; il sort de leur aisselle un épi de fleurs long de quatre doigts ; & ces fleurs sont éloignées l’une de l’autre, sans pédicule, de la grosseur d’une graine de coriandre, couleur de pourpre foible, à quatre ou cinq petales ; elles ne s’ouvrent jamais.

MURAT, (Géogr.) petite ville ou plûtôt bourg de France en Auvergne, qui est le siége d’un bailliage, d’une maîtrise des eaux & forêts, & d’une prevôté royale. Ses habitans sont presque tous chaudronniers. Murat est situé sur l’Alagnon, d’où vient qu’on le nomme en latin moderne Muratum ad Alanionem fluvium. Long. 20. 50. lat. 45. 30. (D. J.)

MURCIE, (Mythol.) nom sous lequel la paresse a été personnifiée par quelques écrivains. On faisoit ses statues couvertes de mousse, pour symbole de sa nonchalance ; cependant ce n’étoit pas toujours par une indolence stérile que l’on sacrifioit à cette divinité ; les gens sensuels qui la courtisoient davantage, faisoient consister leur inaction dans une certaine tranquillité qu’ils disoient être le fruit de leur expérience & de leurs réflexions. Ils s’élevoient au-dessus des passions trop tumultueuses, & s’appliquoient moins à corriger leurs vices qu’à régler leurs plaisirs. Libres des affaires & des devoirs, ils s’abandonnoient à leur goût, & ne vouloient dépendre que de leur foiblesse, à laquelle ils rapportoient même juqu’à leurs vertus. Peut-être y a-t-il moins lieu de s’étonner, que l’homme tombe dans ces illusions délicates & qui le flattent dans ses égaremens, qu’il n’y a lieu d’être surpris, que, par cette impression si vive que font sur nous les objets présens, il se soit aveuglé jusqu’à mettre les dieux dans le parti de ses passions. Les Romains surnommerent Vénus murcie, & sous ce nom, ils lui consacrerent un temple sur le mont Aventin. (D. J.)

Murcie, la, (Géog.) petit pays qu’on met au nombre des royaumes d’Espagne. Il est borné par la nouvelle-Castille, la mer Méditerranée, les royaumes de Valence & de Grenade. Il peut avoir environ 25 lieues de longueur, 23 de largeur, & à peu-près autant de côtes sur la Méditerranée.

La Murcie étoit anciennement habitée par les Batistans dont parle Ptolomée, par les Bélitains & les Déitains dont Pline fait mention. Les Maures

s’en rendirent maîtres en 715, & la posséderent jusqu’en 1241, que Ferdinand III. du nom, roi de Castille, les chassa de cette délicieuse contrée où ils recueilloient la soie avec laquelle ils fabriquoient leurs belles étoffes.

La Murcie est arrosée par la Guadalanteri & par la Ségura, appellée anciennement Terebus, Soraberum & Sorabis.

On y compte quatre villes honorées du titre de cité ; Murcie, capitale, Carthagène, Almacaron, & Lorca.

L’air de ce royaume est très-sain, & le terroir très-fertile. Il rapporte de bons grains, des vins excellens, & des fruits exquis, comme oranges, citrons, limons, figues, dates, raisins, olives, abricots & autres ; des légumes de toutes especes, du riz, du sucre, du miel, sur-tout une sorte de jonc qu’on appelle sparto en espagnol, qui est d’un grand usage pour faire des nattes, des cordes, & une espece de chaussure. Mais les plus grandes richesses de ce royaume consistent en soie admirable, dont la quantité monte à plus de deux cent cinquante mille livres pesant par année, & qui produisent environ un million de profit. On compte que pour entretenir les vers qui procurent cette soie, il faut qu’il y ait dans les campagnes de Murcie plus de 355 mille piés de muriers. (D. J.)

Murcie, (Géog.) ville d’Espagne, capitale du royaume du même nom. Quelques auteurs assurent que cette ville est la Murgis des anciens ; mais d’autres prétendent que Murgis étoit située dans l’endroit où l’on voit aujourd’hui le bourg Muxacra, & que Murcie est l’ancienne Mentaria. D’autres veulent que ce soit la Vergilia des anciens. Quoi qu’il en soit, Murcie a présentement un évêché suffragant de Tolede, sept paroisses, & environ dix mille habitans. Les rues y sont droites & les maisons assez bien bâties. Sa cathédrale a cette singularité, que la montée de son clocher est si douce, qu’on peut aller jusqu’au faîte à cheval ou en carrosse. Cette ville est située dans une plaine délicieuse, au bord de la riviere de Ségura, à 8 lieues N. de Carthagene, 10 S. O. d’Alicante, 38 de Valence, 70 S. E. de Madrid. Long. 16. 59. lat. 37. 48. (D. J.)

MÛRE, s. f. (Jardinage.) petit fruit qui vient sur le mûrier. Il y en a de trois sortes : des noires qui viennent sur le mûrier noir ; des rouges sur le mûrier de Virginie, & des blanches sur le mûrier blanc. Cependant les mûriers blancs qui sont d’une variété infinie pour la forme de leurs feuilles, donnent aussi des mûres de différentes couleurs : il y en a des noires, des purpurines & sur-tout des blanches. Mais comme tous ces fruits ont un goût douceâtre & désagréable, on les comprend tous sous le nom de mûres blanches, parce que c’est en effet le mûrier blanc qui les produit. Les mûres que porte le mûrier noir, sont connues de tout le monde, & on sait qu’elles sont bonnes à manger. Les mûres rouges qui sont plus grosses, bien plus longues & infiniment plus agréables au goût, sont presqu’inconnues, parce que le mûrier de Virginie qui les produit est extrèmement rare. Pour les qualités & les propriétés des différentes sortes de mûres, voyez Murier.

MURECI, (Botan. exot.) espece de groseillier du Brésil. Les habitans font du fruit de cet arbre des potions catartiques. (D. J.)

MURENE, s. f. murena (Hist. nat. Icth.) poisson de mer assez ressemblant à l’anguille, mais plus large. Il a quelquefois jusqu’à deux coudées de longueur. L’ouverture de la mâchoire est grande ; il se trouve au bout de la mâchoire supérieure deux sortes de verrues comme au congre ; les mâchoires & le dedans de la bouche sont garnies de