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petit chalumeau non plus que les autres doigts de la même main.

La main gauche étant ainsi posée, on pourra commencer à donner le vent, ce qui se fait en ouvrant & en fermant le soufflet avec le bras droit, on soufflera jusqu’à ce que la peau soit pleine & ronde ; on l’enfoncera sous le bras gauche à mesure qu’elle s’emplit, en la poussant avec la main droite le plus avant que l’on pourra ; lorsqu’elle sera remplie, on ralentira le mouvement du soufflet, & on appesantira le bras gauche sur le corps de la musette, ensorte qu’il fasse comme un contre-poids, & qu’il entretienne le vent égal, pour cet effet on observera de baisser le soufflet un peu vîte, & de lâcher un peu le bras gauche, de rester un peu, & de le relever doucement ; pendant ces deux tems on doit appuyer de nouveau le bras gauche, ensorte que les deux bras doivent appuyer alternativement : on prendra garde aussi de ne point forcer le vent, ce qui étouffe les anches & les empêche de parler.

On bouchera ensuite les autres trous avec la main droite, on placera le pouce de cette main entre les deux clés de mi b, & de si b auxquelles on prendra garde de toucher, puis on bouchera avec le doigt index le cinquieme trou, ensuite le sixieme avec le doigt du milieu, le septieme avec le doigt annulaire ; à l’égard du huitieme, il se bouche rarement, c’est pourquoi on laissera le petit doigt en l’air jusqu’à ce qu’il y ait occasion de s’en servir, on aura

attention de le tenir parallele aux autres, & en général tous les doigts ni trop alongés, ni trop arrondis, ni de travers, les mains seront en devant de la région hypogastrique, & les chalumeaux debout ou perpendiculaires à l’horison.

Les sept trous étant bouchés forment le sol grave de cet instrument, lequel est à l’unisson du sol de la clé de g ré sol des clavecins ; pour faire articuler cette note sol on bouchera le huitieme trou avec le petit doigt de la main droite, & on le relevera subitement : cette opération qui est ce qu’on appelle donner un coup de doigt, fera articuler la note sol, on la repete de cette maniere quand il est nécessaire, ainsi des autres.

Lorsque le huitieme trou est bouché, le son qui en résulte est le fa, qui est à l’octave de celui de la clé f ut fa des clavecins.

On fera ensuite le la en débouchant le septieme trou, on fera ensuite le si en débouchant le sixieme trou ; mais il faut avant reboucher le septieme, car on ne doit jamais déboucher aucun trou que tous les autres ne soient bouchés, excepté le huitieme, c’est ce qui opere l’articulation ; on rebouchera ensuite le sixieme trou, & on ouvrira le cinquieme pour faire l’ut, que l’on rebouchera avant d’ouvrir le quatrieme qui forme le .

On rebouchera le quarieme trou pour faire le mi en ouvrant le troisieme.

Ensuite on rebouchera le troisieme trou & on débouchera le second pour faire le fa, qui est l’octave de la plus basse note de cet instrument ; on rebouchera ensuite le second trou & on ouvrira le premier en levant le pouce de la main gauche pour faire le sol qui est à l’octave de la clé de g ré sol des clavecins. Il y a plus haut que le premier trou une petite clé qui sert à former le la, ce la est à l’unisson de celui du petit chalumeau qui se forme en débouchant la clé 1 avec le pouce de la main droite que l’on glisse par-dessous le grand chalumeau avec la patte Ge, après avoir fait passer le petit doigt de la main droite par-dessous le grand à l’endroit marqué x dans les fig. où l’on voit quels tons forment les clés du grand & du petit chalumeau écrits à côté de chaque clé. On se sert du pouce de la main droite pour toucher les trois clés 1, 3, 5 du petit chalumeau, & du petit doigt de la main gauche pour toucher les trois autres clés 4, 2, 6 du même chalumeau. Toutes les clés du grand chalumeau, lesquelles forment des demi-tons, se touchent avec le pouce de la main droite qui reste levé en finissant.

Le demi-ton fa ♯ se forme en ne bouchant qu’un des deux trous marqués 8 dans la figure. Le sol ♯ se forme aussi de même dans les musettes qui ont le septieme trou double, ou par le moyen d’une clé. La petite clé du la se touche avec le pouce de la main

gauche sans déboucher cependant le premier trou ; Voyez ces figures & la tablature qui suit.

A l’égard des cadences, elles sont très-faciles à former. Il faut d’abord articuler la note d’où elle est empruntée, laquelle est toujours un ton ou un demi-ton au dessus, ce qui se fait en débouchant le trou de cette note, tous les autres étant fermés ; on débouche ensuite le trou de la note que l’on veut trembler, & on bat avec le doigt, autant que sa valeur l’exige, sur la note qui sert de port de voix ou de préparation à la cadence, laquelle doit rester fermée en finissant.

Ainsi pour cadencer le il faut d’abord déboucher le troisieme trou pour faire le mi qui sert de port de voix, ensuite le quatrieme, & battre sur le troisieme qui doit rester fermé en finissant, ainsi des autres, soit que le port de voix soit un ton naturel, on un dièse, ou un béinol. A l’égard des autres agrémens, on les fait sur la musette en exécutant les unes après les autres les notes qui les composent. Voyez l’explic. de ces agrémens à leur article particulier. (D)

Musette, s. f. (Musique.) est aussi une sorte d’air convenable à l’instrument de ce nom, dont la mesure est à deux ou à trois tems. Le caractere naïf & doux, & le mouvement presque toujours lent, avec une basse pour l’ordinaire en tenue ou point