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La condition de ces débiteurs, appellés aussi addicti, étoit d’autant plus misérable, que leurs travaux & leurs peines n’entroient point en déduction de leurs dettes ; mais lorsqu’ils avoient payé, ils recouvroient avec la liberté tous leurs droits : car cette espece d’esclavage étoit différente du véritable esclavage, en ce que les nexi pouvoient malgré leur maître se délivrer de la servitude, en payant leur dette, & en ce qu’ils n’étoient point regardés comme affranchis après être sortis de servitude, mais comme citoyens libres, ingenui, puisqu’ils ne perdoient pas la qualité de citoyen romain, pouvant même servir dans les légions romaines. Servus cùm manumittitur fit libertinus ; addictus, receptâ libertate, est ingenuus. Servus invito domino libertatem non consequitur ; addictus solvendo, citra voluntatem domini consequitur ; ad servum nulla lex pertinet. Addictus legem habet ; propria liberi, quæ nemo habet nisi liber, prænomen, nomen, cognomen, tribuni habet hæc addictus. Ce sont les termes de Quintilien.

Cette coutume fut en usage à Rome jusqu’à l’an 429, & elle donna occasion à bien des tumultes de la part des plébéïens : ils la regardoient comme une véritable tyrannie, qui obligeoient les enfans mêmes à se rendre esclaves pour les dettes de leurs peres. Un jeune homme nommé Caïus Publilius ayant été maltraité cruellement, pour n’avoir pas voulu condescendre aux desirs infames de Lucius Papirius son maître, à qui il s’étoit donné comme esclave pour les dettes de son pere : cui quùm se C. Publilius ob æs alienum paternum nexum dedisset, il excita la commisération des citoyens, & fut cause de la loi qui ordonnoit que les biens des débiteurs répondroient à l’avenir de l’argent prêté ; mais que les personnes seroient libres. Pecuniæ creditæ bona debitoris, non corpus obnoxium esset. Ita nexi soluti, cautumque in posterùm ne necterentur, dit Tite-Live, lib. VIII. c. xxviij. (D. J.)

NEYN, (Géog.) ou Néane, ou Nyn, riviere d’Angleterre. Elle a sa source dans le Northamptonshire, qu’elle traverse ; & après avoir baigné les villes de Northampton & de Péterboroug, elle va se jetter dans le golfe de Boston. (D. J.)

NEYTRACHT, (Géog.) ou Neytra, ville de la haute Hongrie, sur la riviere de Neytra, avec un évêché suffragant de Grau, à 26 lieues N. E. de Presbourg. Long. 36. 35. lat. 48. 28.

NEYVA, (Géog.) baie de l’Amérique septentrionale, sur la côte méridionale de l’ile Hispaniola ou de Saint-Domingue, environ à 30 lieues de la ville de San-Domingo vers l’ouest. Elle tire son nom de la riviere Neyva qui s’y décharge. (D. J.)

NEZ, s. m. (Anatomie.) Les auteurs désignent par des noms différens les parties extérieures du nez ; ils nomment la supérieure la racine du nez ; l’inférieure, le globe du nez ; celle qui est entre deux, le dos du nez ; celles qui sont sur les bords des narines, les aîles du nez ; & celle qui les sépare, la colonne du nez.

Les parties qui composent la voûte du nez ne sont pas seulement la peau, & une très petite partie de graisse, il y a encore des os, des muscles & des cartilages.

Les os propres du nez forment la partie supérieure de la voûte du nez ; leur figure approche de la quarrée ; leur face externe est un peu convexe & assez unie, & l’interne concave & inégale : la partie supérieure de ces os se trouve beaucoup plus épaisse que l’inférieure ; celle-ci se trouve comme découpée inégalement pour favoriser l’attache des cartilages du nez.

Ces deux os étant joints ensemble, forment au-dedans du nez, le long de leur union, une rainure longitudinale qui reçoit la lame osseuse de l’etmoïde,

sur laquelle ces os sont appuyés, de même que sur la partie inférieure & moyenne du coronal, & se trouvent aussi joints à une avance des os maxillaires. On remarque pour l’ordinaire aux os du nez un ou deux petits trous.

On compte pour l’ordinaire quatre muscles au nez, deux de chaque côté ; savoir le pyramidale & le myrtiforme. Le pyramidal a son attache fixe dans la jonction du coronal avec le frontal ; & descendant le long du nez, vient se terminer au cartilage qui forme l’entrée de la narine du même côté.

Le myrtiforme a son attache fixe à l’os maxillaire vis-à-vis le fond de l’alvéole de la dent canine, & va se terminer au même cartilage que le premier ; ces deux muscles en agissant, dilatent les narines.

On donne pour constricteur des narines un petit muscle qui a ses attaches fixes extérieurement au fond des alvéoles des premieres dents incisives, & se terminent aux aîles du nez.

Le muscle orbiculaire des levres paroît aussi avoir quelque part à cette action.

Les cartilages du nez sont au nombre de cinq : il y en a quatre qui forment la partie inférieure du nez, deux supérieurs & deux inférieurs. Ces derniers composent principalement les narines ; le cinquieme fait la partie antérieure & moyenne de la cloison qui sépare l’intérieur du nez en deux cavités, dont les narines sont l’entrée. Ces deux cavités ne sont pas seulement formées par la disposition particuliere des deux os superieurs du nez & des cartilages dont je viens de parler, les os maxillaires unis ensemble & ceux du palais en font aussi une portion considérable ; l’os sphénoïde & l’etmoïde concourent aussi avec le vomer à la formation des parois des cavités du nez ; & la jonction de l’etmoïde avec le vomer fait la portion osseuse de la cloison des narines.

On considere plusieurs choses dans chaque cavité du nez. On voit dans la partie supérieure la portion cellulaire de l’os etmoïde, & dans l’inférieure, les os spongieux. On y découvre aussi les embouchures des sinus frontaux dans les cellules de l’os etmoïde ; celle des sinus maxillaires de chaque côté, entre la portion cellulaire de l’os etmoïde & les lames inférieures du nez & les embouchures des sinus sphénoïdaux, s’apperçoivent dans la partie postérieure & inférieure du nez. On découvre outre cela dans le nez les orifices des conduits lacrymaux & des incisifs, & enfin la communication des cavités du nez avec le gosier.

Il faut remarquer que chaque cavité du nez se trouve tapissée d’une membrane spongieuse, nommée pituitaire. Cette membrane recouvre aussi les cellules de l’os etmoïde, les os spongieux ou lames inférieures du nez, & les parois intérieures des sinus & des conduits lacrymaux & incisifs, & elle est parsemée dans toute son étendue de plusieurs grains glanduleux, qui fournissent l’humeur mucilagineuse dont elle est continuellement abreuvée. C’est principalement sur la portion de cette membrane qui recouvre les cellules de l’os etmoïde, que viennent s’épanouir les filets de la premiere paire des nerfs, & quelques rameaux de la cinquieme, qui reçoivent les impressions des corps odorans, & les transmettent jusqu’à l’ame pour la sensation de l’odorat.

Les arteres qui se distribuent au nez, lui viennent des carotides, & les veines vont se décharger dans les jugulaires.

Le nez n’est pas seulement l’organe de l’odorat, il sert encore à la respiration, à donner plus de force au son, à modifier la voix & à la rendre plus agréable, tant par sa cavité, que par celle des sinus qui y répondent.

Cette partie du visage varie beaucoup en gran-