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en grec, en syriaque & en latin. 6 vol. in-fol. (D. J.)

NISI-KINGI, (Hist. nat. Botan.) c’est un arbrisseau du Japon qui se cultive dans les jardins, & dont le fruit, qui est rouge, & de la grosseur d’une cerise, croît en grappes. On en distingue une autre espece, dont les jeunes gens attachent les sommités, par galanterie, à la porte de leurs maîtresses.

NISITA, (Géog.) en latin Nesis, dont nous avons parlé, petite ile d’Italie sur la côte du royaume de Naples, entre Pozzielo & l’île de Logajola. Elle peut avoir deux milles de tour, est très-fertile, & n’a d’autre inconvénient que le nombre excessif de lapins, qui semblent être les maîtres du pays. Cette île a du côté du midi un petit port appellé Porto-Pavone.

NISMES, (Géog.) en latin Nemausus, ville de France dans le bas-Languedoc. Elle est fort ancienne, & doit vraissemblablement son origine aux Phocéens d’Ionie, qui fonderent Marseille. Leur colonie s’étant trouvée trop resserrée dans le territoire de Marseille, fut obligée de se répandre à Orange, à Nice, à Antibes, à Turin, à Tarragone & à Nîmes. Les anciennes armoiries de cette ville, & les épitaphes grecques qui y ont été trouvées, semblent confirmer cette opinion.

Nîmes resta environ 400 ans dans l’état où les Phocéens la mirent, jusqu’au tems qu’elle tomba avec le reste des Volsques, dont elle étoit capitale, sous la puissance des Romains. Les Volsques habitoient le long du Rhône ; ils avoient assujetti cette ville, ou avoient été conquis par elle. Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’au tems où Fabius Maximus la soumit aux Romains, elle étoit appellée Nemausus, urbs Volscorum Arecomicorum. Apparemment qu’elle sut dans la suite se soustraire de cette nouvelle domination ; car on observe qu’elle fut du nombre des 837 villes que Pompée conquit dans ses exploits, depuis les Alpes jusqu’aux derniers confins de l’Espagne.

Plusieurs marbres que l’on a trouvés dans les débris de Nîmes avec des inscriptions latines, font voir que les Romains y ont envoyé des colonies ; qu’elle a été gouvernée par des consuls & des decemvirs ; qu’il y avoit des édiles comme à Rome, un sénat, une compagnie de décurions, un questeur ; enfin qu’il y avoit un college de prêtres, & un temple dédié à Auguste.

Quand l’empire s’écroula sous Honorius & Arcadius, la ville de Nîmes tomba entre les mains des Goths, après avoir été environ 500 ans sous la puissance des Romains. On conjecture avec vraissemblance que la plûpart des monumens dont on voit encore aujourd’hui de superbes restes, ont été ordonnés par les deux Antonins, pour marquer leur bienveillance à une ville dont ils étoient originaires.

Nîmes vint dans le sixieme siecle au pouvoir des Visigots, & dans le huitieme elle succomba sous celui des Sarrasins, avec quelques autres places du Languedoc, qu’ils conserverent environ 20 ans, & jusqu’à ce que Pepin reconquit ce pays. Nîmes fut dans la suite gouvernée par des vicomtes, sous l’autorité des ducs de Septimanie. Ces vicomtes de Nîmes s’en rendirent propriétaires dans le x. siecle. Rémond, comte de Toulouse, en usurpa le haut domaine. Les rois d’Arragon s’attribuerent ensuite le même droit sur cette ville & sur son territoire appellé le Nemosez ; mais Jacques, roi d’Arragon, y renonça en faveur de S. Louis, par une transaction de l’an 1258.

En 1417, Nîmes qui appartenoit à Charles VI. roi de France, fut prise par le prince d’Orange, qui étoit à la tête des Anglois ; & ce fut alors que le château des Arenes fut ruiné. Les massacres qui se commirent dans cette ville pendant les cruelles guerres de religion du xvj. siecle, y multiplierent le Calvi-

nisme ; la plus grande partie des magistrats & du

peuple se déclarerent pour la réforme, & firent bâtir en 1565 un grand temple qui dura jusqu’en 1685, qu’il fut abbatu par ordre de Louis XIV.

Il s’est tenu à Nîmes quatre conciles particuliers : le premier en 389, le second en 886, le troisieme en 997 & le quatrieme convoqué par le pape Urbain II. en 1096.

Je ne décrirai point les restes des monumens antiques qui se trouvent dans cette ville, ou dans ses environs : on peut en lire les détails dans l’histoire de cette ville par M. Gautier, & dans l’ouvrage des grands chemins de l’empire romain par M. Bergier. Il n’est pas douteux que Nîmes se distinguoit autrefois par son amphithéâtre nommé les Arenes, par la maison-quarrée, qui paroît avoir été un temple ; par l’étendue de ses murs qui avoient un circuit de 4640 toises ; enfin par ses neufs tours qui défendoient les anciens murs, dont la plus grande, appellée pour cette raison la tour-magne, subsiste encore en partie. Ajoutez à toutes ces raretés le Pont-du-Gard, qui servoit d’aqueduc, & qui pouvoit se comparer à tout ce que les Romains ont fait en ce genre de plus hardi. Voyez Pont-du-Gard.

Il reste encore des vestiges de quelques anciens temples qui donnent pareillement une grande idée de la puissance de ceux qui les ont fait bâtir, & de l’état où les arts étoient alors. Celui qu’on croit avoir été dédié à Diane, ou, si l’on veut, à Vesta, offroit une structure très-belle & très industrieuse. Il étoit entierement bâti de grosses pierres sans ciment ni mortier, avec plusieurs niches dans les intercolonnes. Il avoit dix-neuf toises de long, sept & demi de large, & six de hauteur dans œuvre ; on y voyoit seize colonnes d’ordre corinthien, qui supportoient une corniche sur laquelle reposoit la voûte avec des arcs doubles. On croit que la cathédrale de Nîmes est le temple qui avoit été dédié à Auguste, soit par flatterie, soit par les bienfaits qu’elle en avoit reçus.

La ville de Nîmes n’est plus ce qu’elle a été autrefois, & est même considérablement déchue depuis la révocation de l’édit de Nantes. On n’y compte pas aujourd’hui 20 mille ames, & son commerce se borne à quelques soiries, comme serges & bas de soie. Il y a un évêché suffragant de Narbonne, un présidial, une élection, une sénéchaussée, & une académie fondée en 1682.

Cette ville jouit d’un ciel pur & serein pendant presque toute l’année, & se trouve située dans un des plus agréables pays du monde. Une belle plaine fait une partie de son terroir, l’autre est composée de vallons couverts de vignes & d’oliviers, & de côteaux nommés Guarigues couverts de bois taillis, où croissent le thin, le romarin, la sarriette & le serpolet. Ces Guarigues produisent aussi des yeux, sur lesquels croît l’insecte qui fournit le kermès.

Nîmes est située à 5 lieues N. O. d’Arles, 8 S. O. d’Avignon, 8 N. E. de Montpellier, 30 N. E. de Narbonne, 147. S. E. de Paris. Long. selon Cassini, 21. 32. 30. lat. 43. 50. 25.

Parlons des gens de lettres de Nîmes, en passant sous silence Domitius Afer, parce qu’il trouvera son article entre les orateurs qui brillerent à Rome sous Tibere ; il s’agit à présent des modernes.

Brousson, (Jacques) né à Nîmes en 1647, suivit aussi la profession du barreau, & devint dans son pays le plus célebre avocat des Protestans dont il défendit la religion & les intérêts, par son éloquence, par sa plume & par ses veilles. Les plaies de sa mort saignent encore aux yeux des Réfugiés ; & certainement l’idée de son supplice ne peut qu’arracher des larmes de tous ceux qui ont des sentimens d’humanité, & la plus légere teinture des principes du chris-