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que soient les trous, ils font cependant appercevoir toujours un trop grand espace pour qu’il soit possible de déterminer précisément le point de niveau.

Le niveau d’air avec lunettes (Pl. d’Arp. fig. 5.) est semblable au précédent, avec cette seule différence qu’au lieu de simple pinules, il est garni d’un télescope qui le rend propre à déterminer exactement ce point de niveau à une grande distance.

Le télescope est dans un tuyau de cuivre d’environ 15 pouces de long, attaché au même conducteur que le niveau ; par l’extrémité du tube du télescope, on fait entrer le petit tube, qui porte le verre oculaire, & un cheveu placé horisontalement dans le foyer du verre objectif 2 ; on peut faire avancer & reculer ce petit tuyau, afin que le télescope soit propre à différentes vûes ; à l’autre extrémité du télescope est placé le verre objectif ; la vis 3 sert à élever ou à abaisser la petite fourchette qui porte le cheveu, & à le faire cadrer avec la bulle d’air, lorsque l’instrument est de niveau : la vis 4 sert à faire cadrer la bulle d’air avec le télescope, & tout l’instrument s’ajuste sur un genou.

On regarde M. Huyghens comme l’inventeur de ce niveau, qui a l’avantage de pouvoir se retourner, ce qui sert à en vérifier les opérations ; car si après que l’instrument a été retourné, le cheveu coupe toujours le même point qu’auparavant, c’est une preuve certaine de la justesse de l’opération.

On doit remarquer ici qu’on peut ajouter un télescope à telle espece de niveau qu’on voudra, lorsqu’il sera question de prendre le niveau d’objets fort éloignés : il ne faut pour cela qu’appliquer une lunette sur la base ou parallelement à la base.

Le niveau simple a la forme d’une équerre dont les deux branches sont d’égale longueur. A leur intersection est un petit trou d’où pend une corde avec un petit plomb qui bat sur une ligne perpendiculaire au milieu d’un quart de cercle qui joint les extrémités des deux branches : ce quart de cercle est souvent divisé en 90 degrés, ou plûtôt en 2 fois 45 degrés pour en marquer le milieu, voyez fig. 6. lettre F. On peut faire usage de cet instrument en d’autres circonstances que celles de l’artillerie ; pour s’assurer, par exemple, si un plan est de niveau, il faut pour cela placer les extrémités de ses deux jambes sur le plan, & le tenir de façon que la corde rase le limbe du quart de cercle. Si elle bat alors exactement sur la division du milieu de ce quart de cercle, on en pourra conclure avec certitude que le plan est de niveau.

Le niveau des Charpentiers & des Paveurs est une longue regle, au milieu de laquelle est ajustée à angles droits une autre plus petite, qui porte vers le haut un fil avec un plomb, lequel lorsqu’il bat sur une ligne de foi perpendiculaire à la base, marque que la base est horisontale.

Ce niveau & celui des Maçons, quoique très communs, sont regardés comme les meilleurs pour les bâtimens ; mais leurs opérations ne peuvent s’étendre qu’à de très-petites distances.

Le niveau des Canonniers, ou celui dont on se sert pour niveler les canons & les mortiers, est un instrument (Pl. d’Arpent. fig. 8.) qui est composé d’une plaque triangulaire, haute d’environ 4 pouces. au bas de laquelle est un arc de cercle de 45 degrés divisé en degrés ; ce nombre de degrés étant suffisant pour la plus grande hauteur à laquelle on éleve les canons & les mortiers, & pour donner aux coups la plus grande portée. Au centre de ce segment de cercle est attachée à vis une piece ou espece d’alidade de cuivre, laquelle par le moyen de la vis, peut se fixer ou se mouvoir à volonté ; l’extrémité de cette piece de cuivre est faite de façon à pouvoir porter un petit plomb ou index qui marque les dif-

férens degrés d’élévation de la piece d’artillerie ;

cet instrument a aussi un pié de cuivre qui se place sur le canon ou mortier, & qui fait prendre à tout l’instrument une situation verticale quand la piece est horisontale.

L’usage de ce niveau se présente de lui-même, & consiste à placer le pié de l’instrument sur la piece à laquelle on veut donner un certain degré d’élévation, de maniere que l’index tombe sur le nombre de degrés proposés.

Le niveau des Maçons est composé de trois regles, qui forment en se joignant un triangle isocele rectangle assez ressemblant à la lettre romaine A ; du sommet pend une corde qui porte un plomb, & qui lorsque le plan sur lequel est appliqué le niveau se trouve horisontal, vient battre exactement sur une ligne de foi marquée dans le milieu de la base, mais qui décline de cette ligne lorsque la surface en question est plus basse d’un côté que d’un autre.

Le niveau à plomb ou à pendule est celui qui fait connoître la ligne horisontale au moyen d’une ligne verticale décrite par son plomb ou pendule. Cet instrument (Pl. d’Arpent. fig. 6.) est composé de deux jambes ou branches qui se joignent à angles droits, & dont celle qui porte la corde ou le plomb a environ un pié & demi de long : cette corde est attachée au haut de la branche ; le milieu de la branche où passe le fil est évidé, afin que la corde puisse pendre librement de tous côtés, excepté vers le bas de la jambe, où se trouve une petite lame d’argent, sur laquelle est tracée une ligne perpendiculaire au télescope. Cette cavité pratiquée dans l’une des jambes de l’instrument est couverte de deux pieces de cuivre qui en font comme une boîte, pour empêcher que l’impression du vent ne se fasse sentir à la corde ; c’est pourquoi la lame d’argent est couverte d’un verre G, pour pouvoir reconnoître quand le plomb bat sur la perpendiculaire. Le télescope est attaché à l’autre branche ou jambe de l’instrument ; il a environ deux piés de long, & est garni d’un cheveu placé horisontalement, qui traverse le foyer du verre objectif, & qui détermine le point de niveau lorsque le fil & le plomb battent sur la ligne tracée sur la bande d’argent.

Cet instrument tire toute sa justesse de la précision avec laquelle on met le télescope à angles droits sur la perpendiculaire. Il a un genou par le moyen duquel il se soutient sur son pié ; l’invention en est attribuée à M. Picard.

Le niveau de réflexion est celui que forme une surface d’eau-assez étendue, laquelle représentant renversés les mêmes objets que nous voyons naturellement droits, est par conséquent de niveau avec le point où l’objet & son nuage paroissent seuls s’unir : il est de l’invention de M. Mariotte.

Il y a encore un autre niveau de réflexion fait d’un miroir d’acier ou d’autre matiere semblable, bien poli & placé un peu devant le verre objectif d’un télescope suspendu perpendiculairement, & avec lequel il doit faire un angle de 45 degrés ; auquel cas la direction perpendiculaire d’un télescope se changera en horisontale, ou en ligne de niveau, c’est-à-dire que les rayons qui seront réfléchis du miroir dans la lunette verticale, devront être situés horisontalement : ce niveau est de l’invention de M. Cassini.

Le niveau de M. Huyghens est composé d’un télescope, Pl. d’Arpentage, fig. 7. n°. 2. en forme de cylindre qui passe par une virole où il est arrêté par le milieu : cette virole a deux branches plates bb, l’une en-haut, l’autre en-bas ; au bout de chacune de ces deux branches est attachée une petite piece mouvante, en forme de pince, dans laquelle est arrêtée une soie assez forte, & passée en plusieurs dou-