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1. L’obier ordinaire.

2. L’obier à fleurs doubles, ou la rose de Gueldres. Dans l’espece à fleurs simples qui précede, les seules fleurs de la circonférence de l’ombelle sont stériles, mais plus grandes & d’une blancheur plus apparente que toutes celles du centre, qui sont fort petites, d’un blanc sale peu apparent, & néanmoins fécondes ; au lieu que dans la rose de Gueldres, toutes les fleurs du centre de l’ombelle sont de la même forme que celles de la circonférence ; & comme leur volume est plus considérable, & qu’il leur faut plus d’espace pour s’étaler, c’est ce qui force l’ombelle à se former en rond, comme si c’étoit une boule ; ce qui a fait donner à cette fleur le nom de pelote de neige. Cet arbrisseau est de même accroissement que le précédent. Ses fleurs paroissent aussi au mois de Mai ; il en donne en quantité & d’une si belle apparence, qu’on ne peut lui refuser une place dans les plantations que l’on fait pour l’agrément.

3. La rose de Gueldres à feuilles panachées. Ses feuilles sont joliment tachées de jaune ; c’est tout ce qui en fait la différence avec le précédent ; mais il ne faut pas mettre cet arbrisseau dans un terrein gras & humide, où un accroissement trop vigoureux effaceroit peu-à-peu la bigarure qui fait son mérite.

4. L’obier de Canada, ou le pemina. Cet arbrisseau ressemble à l’obier ordinaire, si ce n’est qu’il est plus précoce, & que les belles fleurs de la circonférence de l’ombelle sont plus grandes, & ont plus belle apparence.

OBJET, s. m. (Logique.) signifie la matiere d’un art, d’une science, ou le sujet sur lequel on s’exerce. Dans l’école on distingue différens objets de la même science : savoir, l’objet matériel, l’objet formel, & l’objet total ou adéquat.

L’objet matériel, c’est la chose même que la science considere ou dont elle traite. Ainsi le corps humain est l’objet de la Médecine.

L’objet formel, c’est la maniere de considérer l’objet matériel. Ainsi le corps humain, considéré dans le dessein de le guérir, est l’objet formel de la Médecine.

L’objet total ou adéquat, c’est la réunion de l’objet matériel & de l’objet formel.

Il faut observer qu’une chose n’est l’objet matériel d’une science, que lorsqu’elle y est considérée pour elle-même. Ainsi la Botanique & la Chimie ne peuvent être regardées comme l’objet matériel de la Médecine ; parce que la Médecine n’envisage pas ces deux parties pour elles-mêmes, mais seulement en tant qu’elles contribuent, par l’application qu’on en fait, à la guérison du corps. Ainsi les mots ne font point partie de l’objet de la Logique, puisque cette science ne les emploie pas pour eux-mêmes ; mais seulement parce qu’ils sont l’unique moyen que les hommes aient pour se transmettre leurs pensées.

Comme l’objet matériel signifie chez les Philosophes la même chose qu’un objet commun, il suit de-là que deux sciences peuvent avoir le même objet matériel. Ainsi la Médecine & l’Anatomie ont-elles pour objet matériel le corps humain ; mais ce qui les distingue l’une de l’autre, c’est que la premiere considere le corps humain pour le guérir, au lieu que la seconde l’envisage seulement pour le connoître.

Objet, (Peinture.) c’est ce qui attire nos regards. Il vaut mieux dans un tableau laisser quelque chose à desirer, que de fatiguer les yeux du spectateur par une trop grande multiplicité d’objets. On reconnoît le goût sûr & délicat d’un artiste, au choix des incidens qu’il fait entrer dans un sujet, à son attention de n’employer rien que de piquant, à rejetter ce qui est fade & puérile, enfin à composer un tout auquel chaque objet en particulier soit comme nécessairement lié ; mais voyez des détails plus intéressans au mot Sujet, Peinture. (D. J.)

OBIT, voyez l’article suivant.

OBITUAIRE, s. m. (Jurisprud.) se dit d’un registre où l’on écrit les obits, c’est-à-dire, où l’on fait mention des décès & sépultures de certaines personnes. Ailleurs on dit registre mortuaire, quelquefois on dit l’obituaire simplement pour registre mortuaire. On entend ordinairement par obituaire le registre sur lequel on inscrit les obits, c’est-à-dire, les prieres & services fondés pour les défunts, & les autres fondations qui ont été faites dans une église. On appelle aussi ces sortes de registres nécrologe ou martyrologe. (A)

Obituaire, est aussi un bénéficier pourvu d’un bénéfice per obitum, c’est-à-dire, par le décès du précédent titulaire. Le résignataire est préféré à l’obituaire. Voyez Résignation. Dans la chancellerie romaine il y a un officier appellé dataire ou reviseur per obitum. Voyez Dataire. (A)

OBLADO, voyez Nigroil.

OBLAT, s. m. (Hist. ecclés.) enfant consacré à Dieu dans une maison religieuse. Un oblat étoit autant engagé par sa propre volonté que par la dévotion de ses parens. On le regardoit comme apostat s’il quittoit. L’oblat embrassoit l’état monastique dans son enfance, le convers dans un âge plus avancé. Ce fut au commencement du onzieme siecle que la coutume absurde des oblats s’institua. On nommoit oblat ou oblate celui ou celle qui vouoit sa personne & son bien à quelque couvent. L’oblat s’appelloit aussi donné. On voit dans les archives de l’abbaye de saint Paul de Verdun une permission accordée à un homme de se marier, à condition que la moitié de ses enfans appartiendroit à l’abbaye, & l’autre moitié à l’évêque. O tems stupides ! ô corrupteurs des mœurs ! Un oblat étoit encore un moine lai que le roi plaçoit dans certaines maisons riches, abbayes, prieurés, &c. il sonnoit les cloches, balayoit l’église, étoit nourri, vêtu, même pensionné. C’est ainsi que le souverain récompensoit ceux qui avoient été blessés à son service. Le laïc qui obtenoit de la cour une pension sur un bénéfice, s’appelloit oblat.

OBLATA, (Hist. ecclés.) mot qui veut dire offrande. C’est sous ce mot que des souverains & des particuliers donnerent autrefois à l’église leurs biens de patrimoine, pour en jouir moyennant une légere redevance. On prit cette précaution dans les tems de troubles & de rapines ; c’étoit la ressource des foibles dans les gouvernemens orageux de l’Italie ; les Normands même, quoique puissans, l’employerent comme une sauve-garde contre des empereurs qui pouvoient devenir plus puissans. (D. J.)

OBLATÆ, s. f. (Hist. ecclés.) oublies consacrées ou hosties qu’on distribuoit aux communians à la messe. On donnoit aussi quelquefois le nom d’oblatæ aux repas ordinaires qu’on faisoit dans les maisons religieuses.

OBLATE, s. f. (Hist. ecclés.) congrégation de religieuses, fondée en 1425 par sainte Françoise. Le pape Eugene IV. en approuva les constitutions. On les appelle aussi collatrices.

OBLATION, s. f. (Théolog.) l’action d’offrir ; se prend quelquefois pour les dons mêmes & les choses offertes, qu’on nomme autrement offrandes. Voyez. Offrandes.

Les oblations que les fideles faisoient à l’autel étoient en quelque sorte des sacrifices qu’ils offroient au Seigneur, des marques de leur reconnoissance pour les prêtres, des effets de leur charité pour les pauvres. Elles consistoient d’abord en pain & en vin. On en offroit pour les pénitens qui étoient morts avant que d’avoir été reconciliés, mais non pour les catéchumenes qui étoient morts avant que d’avoir reçu le baptême. Les fideles, vivans ou morts, n’étoient distingués des excommuniés que pour le droit