Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/435

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pendant tout ce tems, excepté les six dernieres années de sa vie. Les linottes vivent jusqu’à quatorze ans & plus, & les chardonnerets jusqu’à vingt-trois. Willughby, Ornith.

Il y a des oiseaux qui ne se trouvent que dans les pays froids, & d’autres seulement dans les pays chauds, ou dans les climats tempérés. Les oiseaux, tels que les hirondelles, les cailles, les cigognes, les grues, les grives, les bécasses, les rossignols, &c. que l’on appelle oiseaux de passage, passent en effet d’un pays dans un autre, où la température de l’air & la qualité des alimens les attirent en certains tems. On prétend qu’ils traversent les mers, & qu’ils entreprennent de très-longs voyages.

On ne sait pas en quels lieux les oiseaux de passage se retirent quand ils nous quittent. Willughby croit que les hirondelles passent en Egypte & en Ethiopie. Olaüs Magnus dit qu’elles se cachent dans des trous ou sous l’eau ; ce qui est aussi confirmé par Etmuller qui assure avoir vu un groupe gros comme un boisseau, qui étoit composé d’hirondelles accrochées les unes aux autres par la tête & par les piés, & qui avoit été tiré d’un étang gelé, dissert. II. chap. x. Olaüs ajoute que c’est une chose ordinaire dans les pays du nord, que lorsque des enfans portent par hasard ces pelotons d’hirondelles près d’un poële, dès qu’elles sont dégelées, elles commencent à voler mais foiblement, & pour très-peu de tems. Le docteur Colas, homme très-curieux dans ce genre, a confirmé ce fait à la société royale : il dit, en parlant de la maniere de pêcher dans les pays septentrionaux, que les pêcheurs ayant fait des trous & jetté leurs filet ; dessous la glace, il vit seize hirondelles qu’on tira de la sorte du lac de Sameroth, & environ une trentaine du grand étang royal en Rosineilen ; & qu’à Schledeiten, près la maison du comte de Dona, il vit deux hirondelles au moment qu’elles sortoient de l’eau, qui pouvoient à-peine se soutenir, qui étoient humides & foibles, & qui avoient les aîles pendantes : il ajoute qu’il a toûjours observé que les hirondelles sont foibles pendant quelques jours, après qu’elles ont commencé à paroître. Chambers, dict. M. Klein, le P. du Tertre, le P. Kircher, M. Bruhier, M. Ellis, &c. pensent aussi que les hirondelles peuvent passer l’hiver, les unes sous l’eau, & les autres dans les souterreins : mais M. Frisch est d’autant plus opposé à cette opinion, qu’il a fait l’expérience suivante ; il a attaché au pié de quelques hirondelles, un peu avant leur départ, un fil rouge teint en détrempe, ces hirondelles sont revenues l’année suivante avec leur fil qui n’étoit pas décoloré ; ce qui prouve qu’elles n’avoient passé l’hiver ni sous l’eau, ni dans des lieux humides. D’ailleurs, comment les hirondelles pourroient-elles respirer sous l’eau ou vivre sans respiration ? & pourquoi ne seroient-elles pas réellement des oiseaux de passage comme tant d’autres, que l’on ne soupçonne pas de passer l’hiver sous l’eau ou dans des trous ?

Au mois de Septembre & d’Octobre, on voit passer les grues du nord au midi par troupes de cinquante, de soixante & de cent ; la nuit elles s’abattent sur la terre pour prendre de la nourriture. Les oies sauvages arrivent dans ces pays-ci après les grues, & y passent l’hiver. Avant cette saison, les cigognes passent de l’Allemagne dans des lieux plus chauds, &c. Suite de la matiere médicale de M. Geoffroi, tom. XIII.

Willughby, dans sa distribution méthodique des oiseaux, les divise en oiseaux terrestres qui approchent rarement des eaux, & qui restent ordinairement dans des lieux secs ; & en oiseaux aquatiques qui se tiennent dans l’eau ou près de l’eau, & qui cherchent leur nourriture dans des lieux aquatiques.

Les oiseaux terrestres ont le bec & les ongles plus

ou moins crochus. Parmi les oiseaux qui ont le bec & les ongles très-crochus, les uns se nourrissent de chair, ils sont nommés carnivores & oiseaux de proie ; les autres vivent de fruits & de graines, on les nomme frugivores, tels sont les perroquets.

Il y a des carnivores qui ne sortent de leur retraite que la nuit, on les appelle carnivores nocturnes ; les autres sont diurnes, ils ne volent que dans le jour.

Les carnivores diurnes sont distribués en deux classes, les grands & les petits. Parmi les grands carnivores diurnes, les uns sont courageux & les autres sont lâches. Les premiers ont le bec courbe & crochu depuis la racine jusqu’à la pointe ; ils sont compris dans le genre des aigles, & les autres dans celui des vautours ; ils n’ont le bec crochu qu’à la pointe. On distingue les petits carnivores diurnes par les mêmes caracteres de courage & de lâcheté ; on dresse pour la chasse du vol ceux qui sont courageux : les uns ont de longues aîles qui étant pliées s’étendent aussi loin que la queue ; les ailes des autres sont plus courtes.

Les oiseaux qui ont le bec & les ongles droits ou presque droits, sont divisés en deux classes, dont l’une comprend les grands & l’autre les petits. Tout oiseau qui est de la grandeur d’une grive est regardé comme grand suivant cette méthode ; mais comme il n’y a point de méthode en ce genre qui n’admette des exceptions, il se trouve des oiseaux plus petits que des grives dans la classe des grands ; par exemple, de petits pics qui ne peuvent pas être séparés de grands pics, parce qu’ils ont les mêmes caracteres génériques. De ces grands oiseaux dont le bec & les ongles sont peu crochus & presque droits, les uns ont le bec gros, alongé, droit & fort ; le bec des autres est petit & court : parmi les premiers, il y en a qui se nourrissent de la chair des quadrupedes, de la substance des insectes & de celle des fruits, d’autres mangent des insectes & des fruits, d’autres enfin ne vivent que d’insectes. Les oiseaux à petit bec ont la chair blanche ou noire ; le genre des gallinacés comprend ceux qui ont la chair blanche : parmi ceux dont la chair est noire, les uns, tels que les pigeons, sont grands, & ne pondent que deux œufs à chaque ponte ; les autres sont petits, & pondent plus de deux œufs, telles sont les grives.

Les petits oiseaux qui ont le bec & les ongles peu crochus & presque droits, sont distribués en deux genres distingués par la grosseur du bec qui est plus ou moins épais : chacun de ces genres comprend plusieurs especes.

Parmi les oiseaux aquatiques, les uns restent près des eaux & cherchent leur nourriture dans les lieux aquatiques sans nager ; les autres nagent. Les premiers ont les doigts séparés les uns des autres : ces oiseaux sont divisés en deux genres dont l’un comprend les grands, par exemple, la grue, & l’autre les petits. Ceux-ci sont sous-divisés en deux autres genres : ceux du premier de ces genres se nourrissent de poisson, tels sont le héron, la palette, la cigogne, l’ibis, &c. ceux du second genre cherchent leur nourriture dans le limon & mangent des insectes ; ils ont le bec court, ou long, ou de médiocre longueur. Le bec du vaneau, du pluvier, &c. est court ; l’himantope, la pie de mer, &c. ont le bec de médiocre longueur ; celui du courlis est long, est courbe ; celui de la becasse est long & droit.

Les oiseaux qui nagent ont les doigts séparés les uns des autres, ou leurs doigts tiennent les uns aux autres par une membrane ; les doigts séparés sont bordés d’une petite membrane ou n’ont aucune bordure : les oiseaux dont les doigts tiennent les uns aux autres par une membrane, sont appellés palmipedes.

Quelques-uns des palmipedes, tels que le flammant, l’avocete, &c. ont les pattes longues. Elles