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ser & tendre aux menus oiseaux, qui les éleve, & qui en fait trafic. C’est aussi l’oiselier qui fait les cages, les volieres & les cabannes, soit de fil, de léton ou de fer pour les renfermer, & les faire couver ; il fait aussi les trébuchets pour les prendre, & les divers filets qui servent à cette chasse.

Les oiseliers composent à Paris une assez nombreuse communauté, & qui n’y est pas des moins anciennes. Leurs statuts & réglemens leur ont été donnés par les officiers des eaux & forêts de Paris ; & ceux dont ils se servent présentement leur furent délivrés au mois de Mai 1647, par le greffier de cette jurisdiction, comme extrait des anciens registres. Savari. (D. J.)

OISEMONT, (Géog.) petite ville, ou plutôt bourg de France en Picardie, au diocèse d’Amiens. Ce bourg est une commanderie de l’ordre de malthe, & même le curé est croisé de malthe ; mais Oisemont est encore plus connu des gens de lettres, pour avoir donné la naissance à Samuel des Marets, l’un des plus célebres théologiens réformés du xvij. siecle. Il s’acquit une haute réputation par un grand nombre de livres de controverses contre les Catholiques, les Sociniens, & Grotius lui-même. La variété des sujets qu’il a traités, témoigne que ce n’étoit pas un esprit borné. On peut ajouter qu’il écrivoit facilement, avec beaucoup de feu & d’érudition. Il livra des sanglans combats à Voetius touchant une confrérie de la Vierge, établie à Bois-le-Duc, & que M. Voet prétendoit qu’on pouvoit tolerer. La guerre dura plus que le siege de Troie, & ne finit pas même par la médiation des curateurs de l’académie de Groningue d’un côté, & celle du magistrat d’Utrecht de l’autre. Cette querelle produisit tant d’écrits, que M. Bayle trouvoit que c’étoit une entreprise difficile que d’en donner seulement la liste chronologique. Le système théologique de Maresias, synopsis theologica, fut imprimé plusieurs fois, & regardé comme un code dans quelques académies. Il mourut à Groningue en 1673, à 74 ans. (D. J.)

OISEUX ou OISIF, adj. (Gram.) Voyez Oisiveté. On dit une vie oiseuse, des paroles oiseuses.

Oiseux de la synagogue, (Théolog.) officiers publics chez les Hébreux, ainsi appellés parce que leur emploi étoit sédentaire, & que dégagés de toute autre occupation, ils ne vacquoient qu’au service divin & aux exercices de piété.

Les critiques qui ont fait leur principale étude des cérémonies des Juifs & des écrits des rabins, ont beaucoup & diversement parlé de ces dix oiseux de la synagogue. Lightfoot, in Math. iv. 23. croit que ces dix personnes étoient nécessaires pour composer une synagogue considérable. Il met à leur tête les trois magistrats qui jugent des affaires civiles ; le quatrieme est le chazan, ou ministre ordinaire de la synagogue. Le terme hébreu chazan signifie inspecteur ; c’est comme l’ange ou l’évêque de l’assemblée. Il ne lit pas la loi, mais, comme chef, il choisit ceux qui la doivent lire.

Outre ces quatre chefs, il y a encore trois parnassins : ce sont les diacres, qui ont soin de recueillir les aumônes, & de les distribuer aux pauvres. Le huitieme ministre de la synagogue est l’interprete, emploi nécessaire depuis la captivité de Babylone, parce que le peuple n’entendoit plus la langue hébraïque. Pour completer le nombre des dix oiseux, Lightfoot ajoute encore un docteur de théologie & un interprête ou sou-maître, qui fait des répétitions.

D’autres croyent que les dix oiseux étoient les trois présidens & les sept lecteurs ; d’autres que c’étoient dix personnes agées pour assister continuelle-

ment à la synagogue, parce que, sans ce nombre

de dix, il n’y a point d’assemblée légitime pour réciter les formules ordinaires des bénédictions. Vitringa dans son archisynagogus réfute ces sentimens, & soutient que c’étoit dix personnes préposées à une synagogue. Dans les moindres synagogues il y avoit au moins un chef, archisynagogus, accompagné de deux collégues ou assesseurs, qui présidoient aux assemblées. Mais dans les grandes, le chef de la synagogue y ajoutoit sept lecteurs, qui achevoient le nombre de dix ; & comme ils étoient assidus à la synagogue, & qu’on choisissoit ordinairement des gens aisés & désoccupés, on leur donne parmi les juifs le nom d’oiseux ou d’oisifs. Voyez Archisynagogue & Synagogue. Calmet, dict. de la bib.

OISIF, adj. Voyez l’article Oisiveté.

OISILLON, s. (Hist. nat. Ornith.) on a donné ce nom aux oies dans leur premier âge, & on les appelle oisons lorsqu’elles sont un peu plus grandes. Voyez Oie. (I)

OISIVETÉ, s. f. (Droit natur. Morale & Polit.) desœuvrement, fainéantise, ou manque d’occupation utile & honnête ; car le mot oisiveté renferme ces deux idées.

Il y a, dit la Bruyere, des créatures de Dieu, qu’on appelle des hommes, dont toute la vie est occupée, & toute l’attention est réunie à scier du marbre : c’est très-peu de chose. Il y en a beaucoup d’autres qui s’en étonnent ; mais qui sont entierement inutiles, & qui passent les jours à ne rien faire, c’est bien moins que de scier du marbre.

Le desœuvrement dans lequel on languit, est une source de désordre. L’esprit humain étant d’une nature agissante, ne peut pas demeurer dans l’inaction ; & s’il n’est occupé de quelque chose de bon, il s’applique inévitablement au mal ; car quoiqu’il y ait des choses indifférentes, elles deviennent mauvaises lorsqu’elles occupent seules l’esprit, s’il est vrai néanmoins qu’il y ait des personnes oisives qui s’occupent davantage de choses indifférentes que de vicieuses.

On ne sauroit que blamer ceux qui emploient tout leur tems à des choses inutiles, s’il est encore vrai que les hommes soient créés pour faire du bien ; mais on voit par expérience que ceux qui ne s’appliquent à aucune occupation honnête, tombent dans le déréglement.

Les hommes qui ne prennent d’autre soin que de manger, sans aucun travail, les biens que la fortune leur a procurés, satisfaits d’eux-mêmes, quand ils ont l’art de regler leur dépense suivant leurs revenus ; de tels hommes, dis-je, sont inutiles à la société, en ne faisant rien pour elle. La nonchalance dans laquelle ils vivent, étrécit leur esprit, les rend méprisables aux autres, & souvent leur devient funeste au premier revers.

La pratique de l’oisiveté est une chose contraire aux devoirs de l’homme & du citoyen, dont l’obligation générale est d’être bon à quelque chose, & en particulier, de se rendre utile à la société dont il est membre. Rien ne peut dispenser personne de ce devoir, parce qu’il est imposé par la nature ; le silence de nos loix civiles à cet égard, n’est pas plus capable de disculper ceux qui n’embrassent aucune profession, que de justifier ceux qui recherchent, ou qui exercent impunément des emplois dont ils ne sont, ni ne veulent se rendre capables.

Il est honteux de se reposer avant que d’avoir travaillé. Le repos est une récompense qu’il faut avoir mérité. On lit sur une cornaline représentant Hercule, cette sentence grecque, la source de la gloire & du bonheur est dans le travail, vérité de tous les tems & de tous les âges. Il faut même se persuader que le travail est une des sources du plaisir, & peut-être