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le diamant, que de parties toujours uniformes, la portion de lumiere qui y est admise, roule uniformément dans l’épaisseur de ce corps. Mêmes parties par-tout : même arrangement de pores. Ce pli sera le même jusqu’à l’autre extrémité, d’où la lumiere pourra sortir sensiblement. Mais si le corps où la lumiere entre est composé de parties fort dissemblables, comme de lames de sable, de limon, d’huile, de feu, de sel & d’air, les ballons & les lames de ces élémens étant de différentes densité & de différentes situations, la lumiere s’y réfléchit & s’y plie fort diversement. Elle se détourne de la perpendiculaire en entrant dans une parcelle d’air : elle s’approche vers la perpendiculaire en entrant dans une lame de sel. Les différentes obliquités des surfaces où elle entre de moment en moment, sont une nouvelle source de tortuosité & d’affoiblissement. Il suffit même qu’un corps soit percé d’une grande quantité de trous en tout sens, pour cesser d’être transparent. Les pierreries perdent leur transparence à un grand feu qui les crible, parce que la lumiere y souffre trop de réflexions & de détours sur tant de nouvelles surfaces toutes différemment inclinées, d’où il arrive qu’elle ne peut passer uniformément au travers, & parvenir à l’œil du spectateur.

La multiplicité des lames élémentaires qui composent les corps, est la seconde cause de l’opacité, par la diversité des plis qu’elle fait naître dans la lumiere. Toutes ces lames prises séparément sont transparentes : mais mélangées, elles courbent si différemment la lumiere, qu’elles en éteignent la direction & le sentiment. C’est ce qui arrive à l’huile & à l’eau battues ensemble. C’est ce qu’on voit dans le vin de Champagne : lorsqu’on le tire de la cave, & que l’air froid ou comprimé qu’il renferme vient à sentir la chaleur & la communication de l’air extérieur, il se dilate, & soutient la liqueur sur ses ballons élargis, en sorte que la lumiere se pliant sans cesse, & tout différemment dans les lames de vin & dans les bulles d’air, elle ne peut plus se faire appercevoir au-travers de la liqueur. C’est tout ensemble la diversité des inclinaisons des surfaces, & la diversité des réfractions qui causent l’opacité dans le papier sec & dans le verre pilé. Il résulte de tous ces exemples, qu’il n’y a point de corps qui ne soit naturellement transparent, & il ne cesse de le paroître qu’au moment que la lumiere s’y déroute & s’y altere, ou dans l’irrégularité des pores, ou dans la variété des parties, & sur-tout des fluides qui la plient tout différemment. Cet article est de M. Formey, qui l’a tiré en partie du Spectacle de la nature, tome IV.

L’interruption & la discontinuité des parties est donc, selon M. Newton, la cause de l’opacité : c’est pour cela, selon lui, qu’un corps commence à devenir transparent, lorsqu’on remplit ses pores d’une matiere ou pareille à celle de ses parties, ou au moins d’une densité égale. Ainsi le papier devient un peu transparent lorsqu’il est imbibé d’eau ou d’huile, la pierre appellée oculus mundi, lorsqu’elle est trempée dans l’eau, &c. Il en est de même de plusieurs autres corps lorsqu’on les trempe dans des fluides qui peuvent pénétrer intimement leurs plus petits pores.

Au contraire les corps les plus transparens peuvent être rendus opaques en vuidant leurs pores, ou en divisant ou séparant les parties qui les composent. Ainsi le papier & l’oculus mundi deviennent opaques en les laissant sécher ; la corne, en la grattant ; le verre, en le pulvérisant, ou en y laissant des pailles ; l’eau-même, quand on y excite des bouteilles ou de l’écume.

A la vérité, pour rendre les corps opaques & colorés, il faut que les interstices de leurs parties ne soient pas moindres que d’une certaine grandeur don-

née ; car les corps les plus opaques deviennent transparens,

lorsque leurs parties sont considérablement diminuées, comme il arrive aux métaux dissous par les acides. Voyez Couleurs & Chambers.

OPALE, s. f. (Hist. nat. Min.) opalus, lapis elementarius, Pæderos Plinii, astroïtes ; pierre précieuse ou agate, d’une couleur laiteuse, qui change de couleur, & présente des couleurs très-vives, très-variées, & assez semblables à celles de la nacre de perle, suivant qu’on change sa position ; elle est dure, fait feu lorsqu’on la frappe avec l’acier ; la lime n’a point de prise sur elle.

Wallerius distingue quatre especes d’opales ; savoir, 1°. l’opale laiteuse qui, suivant les différens aspects sous lesquelles on la regarde, présente des couleurs bleues, rouges, jaunes, vertes, tandis que le fond de la pierre est de la couleur du lait affoibli par beaucoup d’eau. 2°. L’opale noirâtre dans laquelle on croit remarquer comme des paillettes de talc jaune. 3°. L’opale jaunâtre, elle ne joue point si bien que les précédentes. 3°. L’œil de chat, Voyez cet article. M. Bruckmann ajoute 5°. l’opale bleuâtre, qui est, dit-on, très-rare, & qui présente les différentes couleurs de l’arc-en-ciel, c’est pourquoi il croit que c’est la pierre d’iris des anciens.

Quelques auteurs regardent le girasol, comme une espece d’opale ; mais il y a quelques différences. Voyez Girasol.

L’opale se trouve quelquefois jointe avec de l’agate, & M. Bruckmann dit avoir vu un morceau d’agate trouvé dans le duché de Deux-ponts, dans lequel on voyoit des bandes ou couches d’onyx, de calcédoine & d’opale.

Cette pierre précieuse se trouve dans les Indes orientales, en Egypte, en Arabie, en Hongrie, en Boheme, & en Allemagne : on la trouve ordinairement par morceaux détachés, enveloppée dans des pierres d’une autre nature ; elle est depuis la grandeur de la tête d’une épingle, jusqu’à celle d’une noix, ce qui est pourtant très rare. On les monte ordinairement en bague, après les avoir fait arrondir ou tailler en facettes, & avoir mis une feuille dessous. Une opale sans défaut est une chose très rare ; les Indiens estiment cette pierre autant que le diamant.

L’art sait contrefaire les opales, & peu de gens ignorent que feu M. de Lironcourt, à son retour d’Egypte, où il avoit résidé en qualité de consul de France, a rapporté d’Alexandrie une opale d’une grandeur étonnante, qui, après avoir trompé les jouailliers du Levant, qui sont pourtant très-clairvoyans, s’est trouvée à la fin n’être qu’un morceau de verre, imitant parfaitement l’opale. (—)

Opale, à la monnoie ; allusion que les fondeurs font du monnoyage à la pierre précieuse qui porte ce nom. Lorsque l’or est en fusion, ou plutôt en bain, qu’il rend toutes sortes de couleurs, ainsi que l’opale, les ouvriers disent, l’or est en opale, il faut le retirer.

OPALER, v. act. & neut. en terme de Rafineur de sucre, n’est autre chose que l’action de remuer avec le couteau dans les formes le sucre, quelque tems après qu’on l’y a versé, quand il a acquis un certain degré de chaleur que l’expérience seule indique. On opale pour mêler & confondre le grain avec le sirop dont il ne cherche qu’à se séparer.

OPALES ou OPALIES, opalia, s. f. plur. (Hist. anc.) fête que l’on célebroit à Rome en l’honneur de la déesse Ops.

Varron dit que cette fête se célebroit trois jours après l’expiration des saturnales. Selon Macrobe, on la célebroit le 19 Décembre, qui étoit un des jours des saturnales : il ajoute, que l’on célebroit ces deux fêtes dans le même mois, à cause que Sa-