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refroidissement ; & la liquation qui n’en differe que par une distinction purement arbitraire, & qui désigne le même changement opéré sur des sujets qui confluent à un moindre degré de feu, comme le soufre, certains sels aqueux, &c.

3°. La sublimation qui produit exactement le même effet sur des sujets volatils dont les parties sont directes, réduites en poudre plus ou moins grossiere, c’est-à-dire qui réunit ces parties en une seule masse solide, comme dans la préparation de la panacée mercurielle, &c.

Ces deux dernieres opérations, la fusion & la sublimation, operent des unions pures & simples.

4°. L’inspissation, appellée aussi coagulation, par laquelle des particules homogenes dispersées & soutenues dans un liquide, au moyen de leur miscibilité avec ce liquide, sont réunies & ramassées en une seule masse solide par la dissipation de ce liquide ; c’est ainsi que sont réunis les extraits des végétaux dissous dans leurs sucs ou dans leurs décoctions, les résines dissoutes dans ce qu’on appelle leurs teintures, &c.

Dans ce cas la réunion n’est opérée qu’au moyen d’une séparation, savoir celle du corps solide retenu & du liquide dissipé ; mais il n’en est pas moins vrai que l’inspissation est une opération aggrégative par rapport à son objet.

5°. La crystallisation qui a la plus intime analogie avec l’opération précédente, ou pour mieux dire qui n’est au fond qu’une seule & même opération avec la précédente, dont elle ne differe que par la circonstance accidentelle de présenter son produit sous la forme de petits amas distincts & figurés régulierement, chose principalement propre aux sels concrescibles, tandis que l’inspissation ne fournit qu’une seule masse informe.

Sixiemement, la concentration qui est encore véritablement identique avec l’inspissation, & par laquelle, en enlevant une certaine portion d’eau d’un liquide composé aqueux, la portion restante devient plus saturée du principe qui spécifie ce liquide, meracior evadit. L’enlevement de cette aquosité superflue s’opere par l’évaporation, ou par la gelée ; c’est par le premier moyen qu’on concentre, par exemple, l’acide vitriolique ; par le second, qu’on concentre le vin & le vinaigre. Il est évident ici que la contraction de l’aggrégation, c’est-à-dire une union, est l’objet principal, & que la séparation du liquide qui s’opposoit à cette union, est l’action subsidiaire.

Opérations disgrégatives. Outre les moyens mécaniques que les Chimistes emploient pour rompre l’aggrégation, & qui ne la rompent que grossierement, comme nous l’avons déja observé, & comme nous l’exposerons encore en parlant des opérations que nous avons appellées mécaniques, préparatoires, & improprement chimiques. Outre ces moyens, dis-je, ils operent la disgrégation des corps par l’emploi des agens chimiques ; & cette disgrégation est alors radicale, parfaite, atomique. Les opérations exécutées avec ces agens, & qui produisent cet effet, sont les opérations disgrégatives vraiment chimiques. Telles sont,

1°. La dissolution menstruelle suivie de la précipitation que plusieurs chimistes appellent pulvérisation philosophique. L’application du menstrue rompt l’aggrégation per minima : mais les parties disgrégées restent unies au menstrue ; la précipitation les en dégage ensuite. Dans cette opération l’objet principal est la division ; l’union qui y est survenue est subsidiaire & accidentelle.

2°. La vaporisation, soit à l’air libre, ou proprement dite, soit dans les vaisseaux fermés, ou distillation des matieres volatiles, soit simples, soit indestructibles, par le feu qu’on employe à cette

opération. Cette opération differe de l’évaporation employée dans l’inspissation, la crystallisation, la concentration, la dessication, &c. en ce que la réduction de son sujet en vapeur est l’objet principal ; au lieu que dans l’évaporation, la réduction en vapeur est subsidiaire.

3°. La sublimation de certains corps denses qu’on convertit en fleurs par ce moyen, & cela sans toucher à leur mixtion ; les fleurs de soufre qu’on obtient par une opération de cette espece, ne sont, par exemple, que du soufre disgrégé.

4°. On doit encore rapporter aux opérations disgrégatives l’éliquation, opération par laquelle on retire par le moyen d’un certain degré de feu, d’une masse métallique composée, une des substances métalliques qui se liquéfie à ce feu, tandis que l’autre ou les autres substances métalliques restent solides à cette même chaleur.

5°. On doit y rapporter encore par la même raison ; savoir, parce que les diverses substances métalliques alliées, ne peuvent être regardées que comme unies par une espece d’aggrégation : on doit y rapporter, dis-je, sous ce point de vue toutes les especes de départs & de purifications des métaux parfaits, mais toujours quant à l’objet direct & principal ; car il intervient dans toutes ces opérations des mixtions & des résolutions.

6°. Enfin, la rectification qui est la séparation de deux liquides inégalement volatils dans un appareil distillatoire (voyez Distillation.), ne peut être regardée que comme une opération disgrégative. Voyez Mixtion, Chimie.

Opérations mixtives. Toute opération qui dispose prochainement les sujets chimiques à la combinaison ou mixtion, ou qui place des substances miscibles affines dans la sphere de leur miscibilité, est appellée à juste titre opération mixtive ou combinante. On doit compter parmi celles-ci,

1°. La solution, dissolution, ou solution humide, qui est l’application convenable d’une substance liquide à une autre substance, soit liquide, soit consistante, avec laquelle elle est miscible, & subit en conséquence la mixtion ou union chimique.

La digestion, l’insolation, la macération, sont des especes de solution humide ; elles ne different entre elles que par les divers degrés de chaleur qu’on y emploie, & par le plus ou le moins de promptitude dans l’action.

La circulation ne differe non plus des autres especes de solutions lentes, que par la circonstance accidentelle d’être exécutée dans des vaisseaux tellement disposés, que des vapeurs qui se détachent de la liqueur employée, sont reportées dans le sein de cette liqueur.

L’amalgamation ou dissolution des substances métalliques par le mercure, est encore une espece de solution humide.

2°. La vaporation qui est l’application d’un menstrue réduit sous forme de vapeur, à un corps solide, auquel il s’unit chimiquement, comme cela arrive dans la préparation du verdet, de la céruse, &c. L’opération est la même si l’on fait rencontrer deux vapeurs miscibles ; comme on peut concevoir que cela arrive dans la préparation vulgaire du beurre d’antimoine, & dans celle du sublimé corrosif, ou comme cela arriveroit manifestement si on préparoit ce dernier sel métallique, en adaptant à un récipient commun deux vaisseaux, dont l’un exhaleroit du mercure, & l’autre de l’acide marin.

3°. La solution par voie seche ou par fusion ; c’est par ce moyen qu’on unit le soufre à diverses substances métalliques, à l’alkali fixe ; & cette opération ne differe de la solution humide, que comme la li-