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olaire comme de l’eau de roche. S’il arrive une colliquation, on y remarque de petits grains. Assez souvent il survient aux femmes qui sont dans cet état, la suppression de leurs regles. Si elles sont à la fin de leur grossesse, elles sont sujettes à grand nombre de symptomes effrayans. Elles ne digerent point leur nourriture, & pour l’ordinaire elles la vomissent. Enfin, ce mal est un protée qui revêt toutes sortes de formes. Avant que d’indiquer la méthode curative, il faut rapporter ici quelques observations. 1°. Tous les évacuans augmentent & confirment ce mal. 2°. Les résolutifs & les attenuans le rendent plus fâcheux. 3°. Les martiaux corroborans causent quelquefois au commencement de grands troubles. 4°. Les volatils & les âcres, donnés à une trop forte dose, sont souvent suivis de convulsions. Les relâchans, & sur-tout les anodins, ont coutume de diminuer les symptômes, mais ils ne guérissent point la maladie, & l’usage qu’on en fait fréquemment pour calmer les douleurs, rend d’ordinaire le mal incurable.

La méthode curative change suivant les causes & les tems ; car dans le paroxysme, on doit se proposer pour but de calmer les mouvemens déréglés, en employant les anodins, les volatils, les aromatiques, combinés avec les résineux nervins ; mais hors du paroxysme, la foiblesse qui est survenue peu-à-peu, doit être traitée par les corroborans ; il convient aussi d’y recourir pour empêcher le progrès de la dissolution des humeurs ; il faut les joindre aux antiseptiques échauffans, pour s’opposer à une corruption spontanée ; les mêmes remedes corrigent la crudité de l’acrimonie ; on commencera par les plus doux, donnés à petite dose, & on les continuera long-tems : mais de crainte que la nature ne s’accoutume au même remède, il convient de les changer, en conservant toujours la même indication curative. Si la constipation survient aux malades, il faut, pour la guérir, joindre aux remèdes qu’on vient d’indiquer les purgatifs anodins. (D. J.)

ORGE, s. m. hordeum, (Hist. nat. Bot.) genre de plante dont les fleurs n’ont point de pétales ; elles naissent par bouquets disposés en épi. Chaque fleur est composée de plusieurs étamines qui sortent du calice. Le pistil devient dans la suite une semence oblongue, farineuse, pointue par les deux bouts, renflée dans le milieu & très-adhérente, comme l’a remarqué Spigelius, à la base qui a servi de calice à la fleur. Chaque bouquet est attaché a un axe denté, & forme un épi. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Ce genre de plante a l’épi fort ; il a le calice, l’enveloppe, la cosse, la peau, & la fleur semblables à ceux du froment & du riz, avec cette différence, que son enveloppe est rude. Son grain est ventru, pointu par les deux bouts, & fortement uni à son enveloppe.

Dans la système de Linnæus, c’est un genre de plante très-distinct, dont voici les caracteres : le calice est composé de six feuilles, & contient trois fleurs. Les feuilles du calice sont droites, pointues, placées au nombre de deux sous chaque fleur. Il n’y a point de bâle dans ce genre de plante. La fleur est à deux levres ; l’inférieure est plus longue que le calice, & se termine par une longue barbe ; la supérieure est plus courte & applatie. Les étamines sont trois filets chevelus, plus courts que la fleur ; les bossettes des étamines sont oblongues ; le germe du pistil est ovale & un peu turbine ; les stiles sont au nombre de deux, très-déliés, & penchés en arriere ; le stile du pistil est aussi chevelu ; la fleur enveloppe fortement la graine, & tombe avec elle. La graine est oblongue, ventrue, pointue aux deux extrémités, & marquée d’une raie longitudinale.

Les Botanistes comptent cinq ou six especes d’orge, dont les plus connues sont l’orge d’autonne ou d’hiver, & l’orge printannier.

L’orge d’hiver, hordeum polysticon hibernum de C. B. P. 22, a ses racines fibreuses & menues. Sa tige ou son tuyau est moins haut que celui du froment ou du seigle. Il s’éleve quelquefois cependant dans un bon terroir à deux coudées ; il est garni de cinq, six nœuds, & quelquefois davantage. A chacun de ces nœuds naissent des feuilles semblables à celles du chien-dent, longues, étroites, & enveloppant un peu le tuyau ; les inférieures sont plus étroites que celles du froment, & les supérieures plus rudes, & couvertes le plus souvent d’une fine poussiere d’un verd de mer, dans l’endroit qui embrasse sa tige.

Ses épis sont composés de plusieurs paquets de fleurs attachées de deux côtés sur les dents d’une rape commune. Chaque paquet est formé par trois fleurs, dont chacune est garnie à sa base extérieure de deux longs filets barbus, fermes, rudes & piquans. Ces fleurs sont composées de trois étamines, qui s’élevent d’un calice à deux bases, dont l’extérieur se termine en un long filet. L’embryon du fruit est caché dans le fond du calice, & se change en une graine longue de deux ou trois lignes, pale ou jaunâtre, farineuse, pointue des deux côtés, renflée à son milieu, fort attachée aux bases qui servoient de calice à la fleur. On seme cet orge en automne, & on le moissonne l’année suivante.

L’orge printanier, nommé par Tournefort hordeum polysticum vernum, I. R. H. 513, a ses épis plus courts, mais plus gros que celui du précédent ; il ne differe que par le tems auquel on le seme, c’est au printems.

Les tuyaux d’orge étant mûrs, sont plus mols & moins fragiles que ceux du froment ; c’est pourquoi ils sont plus succulents, & fournissent aux bœufs & aux vaches une meilleure nourriture. Les épis d’orge sont penchés le plus souvent vers la terre, à cause de leur longueur & de leur pesanteur. Ils contiennent quelquefois vingt grains sur chaque côté ; un même grain pousse plusieurs tuyaux. (D. J.)

Orge, (Mat. méd. Diette méd.) l’orge fait un composé farineux, lequel étant délayé ou bouilli dans l’eau, se change en un mucilage si visqueux, qu’à peine le feu peut-il le détruire, car environ la troisieme partie d’orge en charbon, & les cendres, quoique bien calcinées, rendent l’eau mucilagineuse & visqueuse. Cette substance farineuse & mucilagineuse a des principes actifs, lesquels étant agités par le moyen de l’eau, fermentent ; & les parties mucilagineuses se divisent, s’atténuent, & font un composé vineux, comme on l’éprouve dans la bierre ; ensuite elles s’aigrissent, & deviennent enfin vapides ou fades, comme presque tous les autres sucs des plantes. On tire de la bierre un esprit ardent, qui n’est pas fort différent de l’esprit-de-vin.

L’orge n’a pas les mêmes vertus que le froment, car le froment échauffe, mais de quelque maniere que l’on prépare l’orge, il n’échauffe jamais, il rafraîchit & déterge ; &, selon qu’il est différemment préparé, il humecte & desseche. Etant bouilli en tisane, il humecte ; & étant rôti, il desseche. Il differe encore du froment, en ce qu’il produit un suc tenu ou moins grossier & détersif, au-lieu que celui du froment est grossier, visqueux, & d’une nature un peu obstructive.

Plusieurs nations faisoient autrefois du pain avec la farine d’orge, & on en fait encore à présent ; mais c’est dans la disette de froment, & pour nourrir les pauvres. Nous n’estimons pas beaucoup l’orge, non plus que les anciens Romains, pour faire du pain ; mais il est fort recherché pour faire de la bierre, &