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tans payoient au commencement de ce siecle, cinq mille écus de capitation, & cinq mille cinq cent écus de taille réelle.

Les gentilshommes de Naxie se tiennent à la campagne dans leurs tours, qui sont des maisons quarrées, assez propres, & ils ne se visitent que rarement : la chasse fait leur plus grande occupation. Quand un ami vient chez eux, ils ordonnent à un de leurs domestiques de faire passer à coups de bâton sur leurs terres le premier cochon ou le premier veau qui est dans le voisinage : ces animaux pris en flagrant délit, sont confisqués, égorgés, suivant la coutume du pays, & l’on en fait une fête. Pliki est un quartier de l’île où l’on dit qu’il y a des cerfs : les arbres n’y sont pas fort grands ; ce sont des cedres à feuilles de cyprès.

Zia, qui est la plus haute montagne de l’île, signifie le mont de Jupiter, & a retenu le nom de Dia, qui étoit autrefois celui de l’île. Corono, autre montagne de Naxie, a conservé celui de la nymphe Coronis, nourrice de Bacchus ; ce qui semble autoriser la prétention des anciens Naxiotes, qui vouloient que l’éducation de ce dieu eût été confiée dans leur île aux nymphes Coronis, Philia & Cleis, dont les noms se trouvent dans Diodore de Sicile. Fanari est encore une autre montagne de Naxie assez considérable.

Vers le bas de la montagne de Zia, à la droite du chemin de Perato, sur le chemin-même, se présente un bloc de marbre brut, large de huit piés, naturellement avancé plus que les autres d’environ deux piés & demi. On lit sous ce marbre cette ancienne inscription connue : Ὄρος Διὸς Μηλωσίου ; c’est-à-dire, montagne de Jupiter, conservateur des troupeaux.

On voit aussi la grotte où l’on veut que les bacchantes ayent célébré les orgies. A l’égard de l’histoire naturelle, on prétend qu’il y a des mines d’or & d’argent tout près du château de Naxie. Celles d’émeri sont au fond d’une vallée au-dessous de Pérato. On découvre l’émeri en labourant, & on le porte à la marine pour l’embarquer à Triangata ou à saint-Jean. Les Anglois en lestent souvent leurs vaisseaux. Il est à si bon marché sur les lieux, qu’on en donne vingt quintaux pour un écu, & chaque quintal pese 140 liv.

La ville capitale de l’île porte le même nom, & mérite l’article à part qui suit. (D. J.)

Naxos, (Géog. anc. & mod.) ou Naxie, capitale de l’isle de même nom, située sur la côte occidentale, vis-à-vis de l’isle de Paros, avec un château. Long. 43. 26. lat. 37. 8.

Thucydide dit que la ville de Naxos a été fondée dans le tems de la premiere guerre messéniaque, par Theucles de Chalcyde en Eubée. En effet, la ville moderne de Naxie paroît avoir été bâtie sur les ruines de quelque ancienne ville du même nom, dont il semble que Ptolomée, l. III. c. xv. ait fait mention. Le château situé sur le haut de la ville est l’ouvrage de Marc Sanudo, premier duc de l’Archipel. C’est une enceinte flanquée de grosses tours, qui en renferment une plus considérable & quarrée, dont les murailles sont fort épaisses, & qui proprement étoit le palais des ducs. Des descendans des gentilshommes latins, qui s’établirent dans l’isle sous ces princes, occupent encore l’enceinte de ce château. Les Grecs, qui sont en beaucoup plus grand nombre, s’étendent depuis le château jusqu’à la mer.

La haine de la noblesse grecque & de la latine est irréconciliable. Les Latins aimeroient mieux s’allier à des paysanes, que d’épouser des demoiselles grecques ; c’est ce qui leur a fait obtenir de Rome la dispense de se marier avec leurs cousines-germaines. Les Turcs traitent tous ces gentilshommes sur un même pié. A la vue du moindre bey de galiote,

les Latins & les Grecs n’oseroient paroître qu’en bonnets rouges, comme les forçats de galere, & tremblent devant les plus petits officiers. Dès que les Turcs se sont retirés, la noblesse de Naxie reprend sa premiere fierté : on ne voit que des bonnets de velours, & l’on n’entend parler que d’arbres généalogiques. Les uns se font descendre des paléologues ou des Comnenes ; les autres des Justinian, des Grimaldi, de Summaripa ou Sommerives. Le grand-seigneur n’a pas lieu d’appréhender de révolte dans cette isle. Dès qu’un Latin se remue, les Grecs en avertissent le Cadi ; & si un Grec ouvre la bouche, le Cadi sait ce qu’il a voulu dire avant qu’il l’ait fermée.

Les dames y sont d’une vanité ridicule : on les voit venir dans la campagne après les vendanges une suite de trente ou quarante femmes, moitié à pié, moitié sur des ânes ; l’une porte sur sa tête des serviettes de toile de coton, ou quelque jupe de sa maîtresse ; l’autre marche avec une paire de bas à la main, une marmite de grès, ou quelques plats de fayance. On étale sur le chemin tous les meubles de la maison ; & la maîtresse montée sur une méchante rosse, entre dans la ville comme en triomphe à la tête de cette troupe. Les enfans sont au milieu de la marche ; ordinairement le mari fait l’arriere-garde. Les dames latines s’habillent quelquefois à la vénitienne : l’habit des Grecs est un peu différent de celui des dames de Milo.

Il y a dans la ville de Naxie des jésuites, des capucins & des cordeliers qui exercent tous la médecine. Voilà les docteurs qui composent cette faculté, & dans la capitale, & dans le reste de l’isle. (D. J.)

Naxos, (Géog. anc.) ou plutôt Naxus, ancienne ville de la Sicile, sur la côte orientale de cette isle. C’est aujourd’hui Cartel-Schiso. Il ne faut pas confondre, comme a fait M. Spont, cette ville de Sicile avec celle de Naxos dans l’Archipel. C’est à Naxus en Sicile que les peuples de l’isle Eubée avoient dressé un autel à Apollon..

Polybe, l. IV. c. xxxiij. parle de Naxos, ville de l’Acarnanie, que les Œtoliens enleverent aux Acarnaniens.

Enfin Suidas parle d’une ville de Naxos dans l’isle de Crete.

NAY, (Géog.) ou , riviere de France. Elle prend sa source à Maints Fonts en Angoumois, entre dans la Saintonge, & se jette dans la Charente, entre Cognac & Saintes.

NAYBES, (Hist. mod.) c’est ainsi que dans les isles Maldives on nomme des prêtres, sur qui le roi se repose de tous les soins de la royauté. Ainsi les naybes réunissent la puissance spirituelle & temporelle, & jugent souverainement de toutes les affaires, chacun dans son gouvernement. Ils ont sous eux des magistrats nommés catibes, qui rendent la justice en leur nom, & qui sont aussi tirés de l’ordre sacerdotal. Le chef des naybes se nomme Pandiare. Il est le souverain pontife & le premier magistrat de la nation : ceux qui composent son conseil se nomment mocouris ; il est obligé de les consulter dans les affaires importantes.

NAYS, (Hist. mod.) c’est ainsi qu’on nomme dans le royaume de Siam, les chefs ou officiers qui commandent aux troupes. Il y en a sept especes, distinguées par différentes dénominations, suivant le nombre des soldats qui sont sous leurs ordres. Le souverain ne leur donne point de solde, vu que tous les sujets sont ou soldats ou esclaves. Il se contente de leur fournir des armes, des esclaves, des maisons, & quelquefois des terres, qui retournent au roi après la mort d’un nays à qui il les avoit données. Ces dignités ne sont point héré-