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si elles se manifestoient, elles auroient un nombre égal de graines, qu’il faut par conséquent qu’elles contiennent déja en petit.

Donc en suivant l’exemple proposé, il y a dans cet orme autant de fois 33 millions de graines, que 6 lignes sont contenues dans la hauteur de 20 pieds, c’est-à-dire qu’il y a (quinze milliars huit cens quarante millions) 15840000000 graines ; & que cet arbre contient actuellement en lui-même dequoi se multiplier, & se reproduire un nombre de fois si étonnant. L’imagination est épouvantée de se voir conduite jusque-là par la raison.

Et que ce sera-ce, si l’on vient à penser que chaque graine d’un arbre contient elle-même un second arbre qui contient le même nombre de graines ; que l’on ne peut jamais arriver ni à une graine qui ne contienne plus d’arbre, ni à un arbre qui ne contienne plus de graines, ou qui en contienne moins que le précédent, & que par conséquent voilà une progression géométrique croissante dont le premier terme est un, le second 15 milliards 8 cens 40 millions, le troisieme, le quarré de 15 milliards 8 cens 40 millions, le quatrieme son cube, & ainsi de suite à l’infini ? La raison & l’imagination sont également perdues & abîmées dans ce calcul immense, & en quelque sorte plus qu’immense. Hist. de l’acad. des Sciences, ann. 1700. (D. J.)

Orme, vessie d’ (Hist. nat.) tubérosité formée sur la feuille de cet arbre par la piquûre d’un insecte : entrons dans le détail. Ces vessies membraneuses, dont quelquefois les ormes se trouvent chargés en certains endroits, comme des pommiers le seroient de fruit en automne, sont de différentes grosseur & couleur ; les unes vertes, plus ou moins pâles, les autres panachées de rouge & de jaune. Elles prennent naissance de l’endroit de la feuille où elle a été piquée par l’insecte. Tous les auteurs en parlent, mais Malpighi est le premier qui les ait observées en Physicien, ensuite Tournefort, & finalement M. Geoffroy dans les mémoires de l’académie des Sciences, ann. 1724.

Suivant les observations de Malpighi, ces vessies ne forment d’abord qu’un petit enfoncement qui se fait en-dessous de la feuille, & qui s’accroît toujours de plus en plus, jusqu’à devenir quelquefois de la grosseur du poing. Cette excroissance ne détruit pas entiérement la feuille, mais elle en dérange considérablement la configuration. Le petit enfoncement qui en a été la premiere origine, se conserve à la base de la vessie ; mais il se retrécit quelquefois si fort, qu’il ne laisse point d’ouverture sensible.

M. Geoffroy a remarqué qu’à mesure que la vessie grossit, elle prend sa pente comme une figue qui se mûrit, & elle se gerse à-peu-près de même en différens endroits. La superficie est inégale, irréguliere, & hérissée d’un duvet très-serré par ses différentes ouvertures, ainsi que par l’orifice inférieur ; il en tombe une poussiere assez blanche, fine, avec des gouttes d’une eau mucilagineuse. Ces gouttes se séparent en tombant, sans mouiller le papier sur lequel on les reçoit, à cause de la poussiere dont elles sont mêlées. On ne remarque dans cette eau qu’une odeur de seve très-légere, & une couleur roussâtre qu’elle prend en s’épaisissant ; en se desséchant elle durcit comme de la gomme de cerisier.

Plusieurs auteurs attribuent à l’eau des vessies d’orme, une vertu balsamique & vulnéraire, dont ils vantent les effets pour la réunion des plaies récentes, & sur-tout de celles des yeux. Camérarius s’est donné de grands soins pour enseigner la maniere de la recueillir. Fallope dit avoir vu des merveilles de ses effets : Mathiold n’en parle pas avec moins

d’éloge ; mais tous les gens éclairés se moquent de ces fadaises.

Si l’on ouvre une vessie d’orme, on y trouve avec cette eau beaucoup de cette poussiere dont j’ai parlé. On y voit aussi, comme dans un duvet, remuer plusieurs petits insectes non-aîlés oblongs, d’une couleur tannée. Ils ont six pattes avec deux cornes sur la tête, & sont chargés sur le dos comme de petits floccons de duvet blanc. Cet insecte prend en le dépouillant la forme d’un moucheron qu’on appelle puceron d’orme. Sa dépouille reste toute entiere comme un fourreau ouvert en deux dans sa longueur. On voit voler ces pucerons autour de la vessie. Ils ont quatre aîles transparentes, deux courtes & deux longues ; celles-ci sont assez larges, & ont au bord extérieur un filet noir, qui s’étend depuis leur naissance jusqu’environ les deux tiers de leur longueur, & se termine en forme de palette. Ces moucherons qui sont du nombre des vivipares, enfermés sous une cloche de verre, déposent au bout de quelques jours d’autres petits insectes roussâtres qu’on apperçoit remuer peu après leur naissance ; en un mot il est plaisant, dit M. de Tournefort, que ces pucerons soient comme autant de marques qui couvrent de nouveaux moucherons.

Après la sortie de cette espece d’essain, les vessies se flétrissent & se dessechent ; alors en les ouvrant, on y trouve, sur-tout dans celles qui se sont le mieux conservées, comme un morceau des dépouilles d’où sont sortis les moucherons dont on a parlé, & la liqueur mucilagineuse se trouve réduite comme de la colle séche. (D. J.)

Orme, (Mat. méd.) la décoction des feuilles, & de l’écorce, & des racines de cet arbre, est regardée comme vulnéraire, astringente, tant pour l’usage inférieur, que pour l’usage extérieur. Ce reméde pris pendant plusieurs jours à grande dose, sous forme de tisane, a été recommandé aussi comme un diurétique très-utile contre l’ascite.

Une substance balsamique qu’on trouve dans ces excroissances ou vessies qui se forment sur ses feuilles, est vanté par plusieurs auteurs comme un excellent cicatrisant. (b)

ORMENIUM, (Géog. anc.) ou plutôt Orminium, village qui étoit au pied du mont Pélion derriere le golfe Pagaréen ; c’est-à-dire, le golfe Pélasgique, au nord & au levant duquel étoit la Magnesie, dont le mont Pélion occupoit une partie. (D. J.)

ORMIN, Horminum, s. m. (Hist. nat. Botan.) genre de plante à fleur monopétale labiée ; la levre supérieure est petite & en forme de casque ; l’inférieure est découpée en trois parties, dont celle du milieu est concave comme une milliere. Le pistil sort du calice, il est attaché comme un clou à la partie postérieure de la fleur, & entouré de quatre embryons qui deviennent dans la suite autant de semences arrondies, & renfermées dans une capsule qui a servi de calice à la fleur. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

ORMUS, (Géog.) petite île d’Asie au fond du golfe de même nom, à l’entrée du golfe Persique. C’est un amas de rochers couverts de pierres de sel. La chaleur y est si grande, que les habitans sont obligés, pour pouvoir reposer, de se retirer dans les bois voisins, & de se mettre dans l’eau jusqu’au cou. Les Portugais la prirent en 1507 ; mais en 1622 Schach-Abas, roi de Perse, s’en empara. On sait qu’Ormus ne subsiste plus aujourd’hui. Long. 79. 21. 30. lat. 27. 30. (D. J.)

ORNANS, (Géog.) petite ville de France dans la Franche-Comté, sur la Louve, à trois lieues de Besançon, au pied des montagnes. Long. 23. 42. lat. 47. 17.