Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 11.djvu/672

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

embryons naissent sur des individus qui ne portent point de fleurs, & ils deviennent dans la suite chacun une capsule composée de deux pieces qui renferme une semence. Dans quelques especes les capsules sont réunies en forme de boucle ; enfin il y en a d’autres dont les embryons deviennent un fruit qui ressemble à une pince entre les branches, de laquelle on trouve une semence. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Ortie-morte, lamium. Genre de plante à fleur monopétale, labiée, dont la levre supérieure est en forme de cuilliere, & l’inférieure en forme de cœur, & divisée en deux parties ; elles aboutissent toutes les deux à une sorte de gorge frangée. Le pistil sort du calice qui est fait en tuyau & partagé en cinq parties. Il est attaché comme un clou à la partie postérieure de la fleur, & entouré de quatre embryons. Ils deviennent dans la suite autant de semences triangulaires, renfermées dans une capsule qui a servi de calice à la fleur. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Entre les orties mortes connues des Botanistes sous le nom de lamium, il y en a quatre especes employées dans les boutiques ; savoir, la blanche, la rouge, la jaune & la puante.

L’ortie morté à fleur blanche, lanium vulgare album, sive archangelica flore albo, J. R. H. 183, a ses racines nombreuses & fibreuses. Elle s’étend beaucoup par un grand nombre de rejettons qui rampent obliquement sur terre, presque comme la mente. Ses tiges sont hautes d’un pied ou d’une coudée, quarrées, grosses, cependant foibles, creuses, un peu vélues, branchues, & entrecoupées de quelques nœuds, purpurins vers la terre dans les lieux exposés au soleil.

Ses feuilles sont deux à deux & opposées, semblables à celles de l’ortie commune ; mais celles du haut des tiges sont couvertes d’un duvet court, & non piquant.

Ses fleurs naissent des nœuds & par anneaux autour des tiges ; elles sont assez grandes, d’une seule piece, en gueule, blanches, & plus pâles en dehors que jaunes. La levre supérieure ou le casque est creusé en maniere de cuillere garnie de poils, renfermant en dedans quatre petites étamines, deux plus longues, & deux plus courtes. La levre inférieure est échancrée en cœur ; elles sont terminées l’une & l’autre en maniere de gorge, bordée d’un feuillet.

Les sommets des étamines sont bordés de noir, & représentent en quelque sorte un 8 de chiffre. Leur pistil est un filet fourchu placé entre les étamines ; il s’éleve du fond du calice, & est attaché à la partie postérieure en maniere de clou. Le calice est ample, évasé en tuyau, cannelé, partagé en cinq segmens, oblongs, étroits, terminés par cinq petites épines pointues, mais qui ne font point de mal. Le pistil est accompagné au fond du calice de quatre embryons, qui se changent ensuite en autant de graines angulaires, unies ensemble, cachées dans une capsule qui servoit de calice à la fleur.

L’odeur de cette plante est un peu forte ; on la trouve le long des haies, des chemins, des murailles, dans les décombres, les buissons, & assez dans les jardins qui ne sont pas bien cultivés.

L’ortie morte à fleur rouge, ou à fleur purpurine, lamium folio oblongo, flore purpureo, J. R. H. 183, ne differe de la précédente que par sa couleur purpurine.

L’ortie morte à fleur jaune, lamium luteum, folio oblongo, C. B. P. 231. Galeopsis, sive urtica iners flore luteo, I. R. H. 185, a ses fleurs d’une seule piece en gueule & jaunes.

L’ortie morte puante, est nommée par Tournefort, lamium purpureum, fœtidum, folio subrotundo, sive galeopsis dioscoridis, J. R. H. 183. Sa racine est menue, fibreuse, non rempante ; ses tiges sont nombreuses, quarrées, creuses, presque lisses, assez hautes, branchues près la terre, ensuite garnies d’une ou de deux paires de feuilles, presques nues vers le sommet, & hautes d’un demi-pié. Ses fleurs sont au sommet des branches en grand nombre, & par anneaux, d’une seule piece en gueule, petites, purpurines, ayant la levre inférieure marquée de taches d’un noir fonce.

Les calices des fleurs sont courts, évasés, cannelés, sans pédicules, partagés en cinq parties ; ils contiennent dans leur fond quatre graines oblongues, triangulaires, brunes & luisantes quand elles sont mûres. Ses feuilles ressemblent à celles de l’ortie, mais elles sont plus petites & plus courtes, molles, crénelées à leur bord, portées sur des queues d’un demi pouce. Toute cette plante a une odeur fétide & désagréable ; elle vient dans les haies & sur les masures, dans les décombres & dans les lieux incultes des jardins. (D. J.)

Ortie morte, (Mat. méd.) ortie blanche, ortie qui ne pique point. Les Médecins modernes recommandent cette plante pour les fleurs blanches, les maladies du poumon, les tumeurs & les duretés de la rate, & sur-tout pour arrêter les hémorrhagies de la matrice, & pour consolider les playes. L’expérience journaliere fait voir que ces vertus sont en effet très-réelles, quant aux fleurs blanches & aux pertes des femmes. On fait macérer ses sommités fleuries dans de l’eau bouillante en guise de thé, & on donne un ou deux verres de cette infusion deux ou trois fois le jour. On en fait des bouillons, ou bien on fait une conserve de ses feuilles, dont on prend une once tous les jours.

L’ortie morte à fleurs rouges ne differe de la précédente que par la couleur de ses fleurs. On dit qu’elle est utile comme la précédente, mais elle est moins employée. L’ortie morte puante est aussi quelquefois substituée aux deux autres, mais rarement. On en recommande d’ailleurs la décoction contre la dissenterie. On dit encore qu’étant pilée & appliquée extérieurement, elle est propre à dissiper toutes sortes de tumeurs, & même à appaiser les inflammations, déterger les ulceres putrides, & faire cicatriser les playes. Geoffroi, mat. méd. C’est encore ici une des mille plantes exaltées par tous les Botanistes, & que personne n’emploie. (b)

Ortie piquante, (Botan.) Entre les neuf especes d’ortie piquante que distingue M. de Tournefort, il nous convient de décrire ici la grande, la petite, & la romaine ou la grecque.

La grande ortie piquante ou l’ortie commune, en anglois the common stinging-nettle, est nommée urtica urens maxima, C. B. P. 232. J. R. H. 534. Urtica vulgaris major. J. B. 3. 445. Raii hist. 160.

Sa racine est menue, fibrée, serpentante au loin, de couleur jaunâtre. Elle pousse des tiges à la hauteur de trois piés, quarrées, cannelées, trouées, couvertes d’un poil piquant, creuses, rameuses, revêtues de feuilles opposées deux à deux, oblongues, larges, pointues, dentelées en leurs bords, garnies de poils fort piquans & brûlans, attachées à des queues un peu longues. Ses fleurs naissent aux sommités des tiges & des rameaux dans les aisselles des feuilles, disposées en grappes branchues, composées chacune de plusieurs étamines soutenues par un calice à quatre feuilles de couleur herbeuse ; ces fleurs ne laissant aucune graine après elles.

Ainsi l’on distingue comme dans le chanvre, les